Chapitre 3

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De mémoire, Stiles n'avait jamais attendu quelqu'un avec un air aussi fermé de sa vie. Pour une fois, il était silencieux au possible et n'avait même pas pris la peine de saluer son père, qui s'occupait d'une paperasse qui attendait d'être traitée sur son bureau depuis des lustres. Noah ne lui en avait pas tenu rigueur et c'était à peine s'il avait relevé ce fait : Stiles avait parfois des manies et pulsions qui échappaient à sa compréhension.

Stiles regarda son téléphone pour la troisième fois en deux minutes. Scott lui avait dit arriver d'ici moins d'une demi-heure, et ceci en réponse à son propre message qui datait de deux bonnes heures. Autant dire que l'hyperactif l'attendait de pied ferme. Leur relation avait besoin d'une petite mise au point, parce qu'elle n'était pas... Pas comme elle était censée être. Stiles aimait beaucoup Scott, là n'était pas le problème. Disons que son petit-copain loup-garou avait tendance, en plus de le délaisser, à prendre un peu trop ses aises et à agir sans se soucier de sa volonté. Stiles avait beau être un humain, il avait son mot à dire, d'autant plus qu'ils étaient ensemble. Scott n'avait pas à le traiter de cette manière, comme s'il n'était qu'un objet, à sa disposition pour le contenter, l'aider à faire les devoirs qu'il ne comprenait pas, à satisfaire ses désirs innombrables. Le sexe, c'était bien, mais cela n'arrangeait rien et Scott avait tendance à l'utiliser non pas après, mais pendant chaque dispute, comme si cela allait effacer le moindre litige. Mais c'était mal connaître Stiles : il avait toujours eu une excellente mémoire et s'il ne disait rien au début, cela commençait à s'accumuler dans sa tête et c'était diablement désagréable. Il avait l'impression qu'une boule noire s'était formée dans son esprit et qu'elle grossissait chaque fois que Scott dépassait un peu les bornes. Mieux valait donc discuter assez vite et régler les conflits tout de suite plutôt que d'attendre que les choses continuent d'empirer.

Donc ça, c'était son idée, sa théorie.

Mais depuis le temps, Stiles devrait savoir que les choses se passaient rarement comme elles le devaient.

Une chose était certaine : il était en colère et comptait bien le lui faire savoir.

Alors lorsque Scott passa la porte non pas une demi-heure mais bien une heure et dix minutes plus tard, l'hyperactif, qui trépignait d'impatience. Sans perdre une seule seconde, il se lança :

- T'es qu'un con, Scott. Un sale con. Un connard, un salop, un enculé, un...

- Oh ferme-la, tu veux, le coupa l'alpha sans même lui adresser un regard. C'était difficile au cabinet, j'ai vraiment pas besoin que tu me passes un savon alors mets-la en veilleuse s'il te plaît.

Stiles piqua un fard.

- Pardon ?! S'emporta-t-il. D'abord tu me traites comme une merde, t'arrives en retard et tu me dis de la fermer ? Mais t'as pas honte !

- Stiles, soupira Scott d'un air désespéré.

- Quoi, Stiles ? Stiles, il en a marre. Non mais sérieusement, tu as vu comment tu me parles, comment tu me traites ? Ça t'es pas venu à l'idée que moi aussi, je puisse avoir des soucis, et besoin de cette putain de Jeep ? Liam m'a ramené, bordel ! S'il avait pas sa voiture, comment j'aurais fait ? Je serais rentré à pied ? J'aurais attendu que tu finisses ? Tu te rends pas compte de...

Pour le couper dans sa tirade qui n'avait pas l'air de lui faire un quelconque effet, Scott avait brutalement posé ses lèvres sur les siennes, dans un baiser sauvage et possessif. Il bloqua Stiles contre le mur le plus proche et continua de prendre sa bouche d'assaut sans même prendre en compte les émotions dans l'odeur extrêmement piquante de Stiles. Odeur empreinte de surprise. Oui, l'hyperactif était on ne peut plus perplexe car il n'avait rien vu venir.

My Heart's HomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant