Chapitre 9

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- Je vais quitter Scott.

Dans d'autres circonstances, Liam aurait été plus que satisfait d'entendre pareille nouvelle. Il aurait souri, car il se serait dit qu'alors, il avait sa chance. Et il aurait attendu, jusqu'à voir si, plus tard, Stiles pouvait s'intéresser à lui. Mais dans cette situation, il était incapable de se réjouir pour cette raison. Parce que ce n'était pas important. Par contre, Liam était heureux de la décision de l'hyperactif car elle ne pouvait que lui être bénéfique. Ces derniers temps, Scott ne le faisait plus sourire. Au contraire, il avait créé et renforçait le mal-être de Stiles chaque jour qui passait. Liam ne savait pas ce qu'il avait fait la veille, mais il l'avait mis dans un état tel... Un état déplorable dont le louveteau se souviendrait longtemps. Merde, Stiles s'était littéralement effondré contre lui ! Il avait pleuré dans ses bras...

... Et ça, ça n'arrivait jamais.

- Je ne peux pas rester avec lui.

Cette voix... Stiles l'avait qui tremblait. Un peu. Il s'était redressé, avait les mains ramenées en poings sur ses genoux et la tête baissée. En fait, il n'arrivait pas à regarder Liam – il n'en était pas capable. Mais les mots étaient là, implacables, forts d'une conviction certaine. Rage et souffrance s'entrechoquaient. Il devait continuer. Il fallait qu'il continue de parler. Mais les mots avaient du mal à venir. Stiles voulait tout dire à Liam et en même temps... Ce n'était pas quelque chose de simple. D'un autre côté, l'hyperactif avait l'impression qu'il s'agissait là de sa seule occasion. Impossible pour lui de savoir pour quelle raison il était persuadé de ce fait, mais... C'était là. C'était là, et ça ne voulait pas partir. Alors, il jeta un regard de biais au louveteau. Furtif et douloureux.

- Je sais que c'est ton alpha et que je ne suis pas censé te dire ça... Mais ne lui fais plus confiance. Ne lui confie pas ta vie.

Car Stiles était lucide : si Scott avait été capable de lever la main sur lui puis d'abuser de lui... Qui sait ce qu'il pourrait faire à d'autres ? Il ne fallait plus être naïf comme lui l'avait été. Parce qu'il l'avait aimé, cet idiot d'alpha. Son instinct de survie l'obligeait à museler ses sentiments pour mieux les détruire. Stiles avait assez de jugeotte pour savoir qu'on ne pouvait pas tout pardonner sous prétexte d'amour. Il avait découvert cette facette-là de Scott et il savait qu'elle ne disparaîtrait pas. Alors s'il pouvait protéger Liam... Parce qu'il était mignon, le blondinet. Mignon et puis... Attachant. D'autant plus qu'il s'agissait du premier bêta de Scott. Liam était le premier à avoir été mordu par lui, et non pas par Derek. Alors oui, pour Stiles, le risque était grand. Et il était hors de question que Liam continue de lui obéir comme il le faisait. Il ne l'idéalisait pas, mais... Scott restait un modèle pour lui, un ami aussi. Et puis il y avait ce lien si spécial entre eux. Ils étaient le mordeur et le mordu.

C'était dangereux.

- Stiles... Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

Liam avait l'air horrifié et ne se préoccupait que de ce qu'il voyait, et sentait. La voix de Stiles continuait de trembler – il détestait ça ! –, son odeur de s'alourdir, ses poings de se crisper, ses yeux de rougir. Le louveteau était inquiet. Diablement inquiet. Il n'avait qu'une envie : le reprendre dans ses bras. Lui montrer encore et encore qu'il n'était pas seul. Que de son côté, il ferait attention à Scott – lui dire qu'il s'en méfiait déjà. Lui avouer la discussion qu'il avait surpris dans les vestiaires.

Stiles prit une inspiration tremblante :

- Suffisamment de mal pour que j'arrête de me voiler la face.

Il avait toujours l'impression que sa joue le brûlait. En fait, la gifle lui semblait dater d'il y a quelques secondes tant Stiles sentait encore sa main levée s'abattant sur sa peau. Il frissonna. Scott s'était excusé, mais l'hyperactif ne pouvait pas se permettre de le croire. Pas cette fois. Si son père lui avait bien appris une chose concernant les relations amoureuses, c'était bien qu'aucune violence de ce type n'était tolérable. Il lui avait dit que tout commençait souvent par une gifle. Qu'importe le sexe, qu'importe son genre, on ne pouvait tolérer ce premier geste.

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