Stiles ne savait plus vraiment comment il était arrivé là, dans ce parc étonnamment vide. Quoiqu'il se doutait bien qu'en cette heure, les gens travaillaient, étudiaient... Ce qu'il devrait d'ailleurs être en train de faire, lui aussi. Suivre des cours dont il avait oublié aussi bien le sens que le nom. Des suites de consignes, d'énoncés, d'exercices pour lui vides de sens. Des choses pour lesquelles il n'avait plus le moindre goût.
Ses yeux rougis par les larmes qui cessaient peu à peu de venir observèrent le décor. Du vert, des chemins, des bancs vides. Lydia et Liam l'avaient emmené dans ce petit renfoncement, ce coin un peu isolé, de sorte, sans doute... A le faire se sentir bien, à le sortir du lycée, l'éloigner du monde et de l'origine monstrueuse de ses tourments. Il était hors de question qu'il reste là-bas, à subir ses émotions sans pouvoir les exprimer librement, à s'isoler dans les toilettes parce qu'il ne savait pas où aller. Tenter de se plonger dans les cours n'était pas non plus une option. Stiles avait besoin... D'autre chose. Des choses qui dépassaient bien sûr ses deux amis, lesquels avaient toutefois décidé de rester auprès de lui. C'était maintenant qu'il avait besoin d'eux, maintenant qu'il devait pouvoir s'ouvrir, se reposer sur leurs épaules. Sa tête occupait d'ailleurs à nouveau celle de Liam, assis à sa gauche. Il l'avait encore laissée choir comme si elle était trop lourde pour lui. Lydia, à sa droite, lui tenait la main, la serrait un peu quelques fois. Et le plus surprenant dans tout ça, c'était que Stiles ne cherchait à les repousser d'aucune manière. Surprenant, parce qu'il avait la fâcheuse tendance de détourner l'attention des gens de son mal-être potentiel, et à tout faire pour se montrer sous son meilleur jour. L'on ne savait pas s'il s'agissait d'une espèce de gêne ou d'une question de fierté, mais le fait est que cette fois-ci, il avait accueilli leur soutien à bras ouvert – en s'effondrant dans les bras de Liam et en écoutant Lydia lorsque celle-ci lui avait dit qu'ils allaient sortir. Cela signifiait manquer le prochain cours au moins et prendre le temps de discuter de la situation. Car si l'on avait décidé de le laisser prendre son temps, il était clair que ce moment viendrait assez rapidement. Il était inconcevable, que ce soit pour Liam ou pour Lydia, de laisser Stiles repartir chez lui ainsi, sans aide, seul et dans un état aussi pitoyable. C'était là qu'il risquait de se renfermer sur lui-même, si on le laissait s'enfoncer en silence.
- Mon père va me tuer, finit-il par dire au bout d'un long moment.
En temps normal, cette pensée aurait été purement logique : Stiles s'absentant du lycée, manquant des cours, courrait effectivement le risque que son paternel lui passe léger savon. S'en inquiéter serait tout à fait normal. Mais cette fois-ci... Cette chose-là ne devait pas compter, pour la simple et bonne raison qu'elle n'était qu'un détail à côté de ce qui lui bouffait le cœur, assombrissait son âme meurtrie. Alors, Lydia et Liam virent cette pensée comme ce qu'elle était par rapport au contexte, c'est-à-dire complètement absurde.
Pourtant, Stiles ne pensait pas à cela de façon sérieuse. Il s'agissait surtout d'un moyen pour lui de verbaliser, d'exprimer autre chose. De se protéger un peu, plus ou moins... Il fallait y voir une tentative d'oubli, ou plutôt de mise de côté de ce qui lui faisait véritablement mal, dans l'espoir d'en réduire l'intensité. Les dégâts ? Ils étaient déjà faits, restait maintenant à éviter d'en faire davantage. Disons que tout en lui n'était que dans sa tête régnait un chaos sans nom, fait d'ombres et de cris silencieux. Des appels à l'aide que Stiles ne savait pas comment pousser.
- Ton père comprendra, finit par lâcher Lydia, la gorge sèche.
Comme Liam qui, lui, gardait pour l'instant le silence, elle ne savait ni que faire ni que dire. Pire encore, elle avait l'impression de marcher sur des œufs, lesquels avaient déjà leur coque fendillée par endroits. Les deux lycéens avaient encore en tête les larmes de leur ami et se souvenaient tous deux fort bien de la façon dont il avait lâché prise dans les bras de Liam, qui ne s'en était d'ailleurs pas encore remis. Le contraste qu'offrait ce Stiles avec celui qu'ils avaient toujours connu était saisissant – trop, sans doute, pour leur permettre d'agir comme ils auraient l'habitude de le faire en temps normal.
Stiles ne rebondit pas, ne contesta pas Lydia. Il ne fit de toute façon rien de plus qu'hausser les épaules sans conviction, sans énergie. Et sa tête, il ne la décolla pas de l'épaule de Liam. De nouvelles minutes on ne peut plus silencieuses s'enchaînèrent, si bien que Lydia, bien que très peu sûre d'elle, décida d'aborder le sujet qui fâchait. Elle croisa à plusieurs reprises le regard de Liam qui pas une fois ne la contredit, au contraire. Il l'appuya de façon étonnamment discrète et subtile, histoire de la soutenir sans brusquer Stiles, lequel répondait parfois et ce, de façon laconique. L'on douta même du fait qu'il écoutait à certains moments tant son regard quelque peu vitreux brillait par son absence de vie.
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Liam roulait à une allure un peu plus lente qu'à l'accoutumée comme s'il avait peur d'appuyer sur l'accélérateur. Son pied hésitait. Seul, sans doute ne se serait-il posé aucune question, mais la présence de son passager, à sa droite, le perturbait plus que de raison... Car Stiles faisait régner malgré lui un silence de plomb qu'il entretenait sans effort. Difficile de savoir pour Liam si la discussion que Lydia et lui avaient eu avec l'hyperactif avait porté ses fruits tant il s'était montré laconique. Parfois, les larmes étaient revenues border ses paupières. Il en avait laissé couler certaines, retenues d'autres.
Là, il s'était trouvé une passion pour le paysage défilant à travers la vitre.
Inutile de préciser qu'il avait été impensable de le faire retourner en cours, même en fin d'après-midi. Il s'agissait d'une réflexion que Liam et Lydia s'étaient déjà faite, mais elle n'avait cessé de se concrétiser au fil du temps passé dans le parc à essayer de l'écouter, de le comprendre, de le soutenir, de l'aider. Sauf qu'il avait bien peu parlé, ce qui rendait le premier et le dernier points quelque peu difficiles à traiter. Enfin, le fait est qu'il avait été temps de rentrer. Liam devait avouer que cette perspective l'arrangeait car même s'il adorait Lydia, il avait l'impression que Stiles ne se libèrerait pas complètement devant elle. Le louveteau ne saurait dire pourquoi, mais il ressentait une espèce de gêne émaner de l'hyperactif lorsqu'ils se retrouvaient à devoir parler, tous les trois. Une gêne qui s'évaporait dès lors que la jeune femme partait.
Liam mit ces réflexions de côté et se concentra sur la route. Le voilà qui devait tourner à l'angle.
- Liam ?
La voix de Stiles, il ne l'attendait plus : elle s'était élevée si doucement et de façon si fébrile qu'il faillit même ne pas l'entendre. Il le regarda un instant. Son visage diablement pâle lui apparaissait un peu moins fermé mais ses yeux, tous aussi rougis. Les larmes n'étaient pas loin.
Liam se prit à sentir une chose, à savoir le fait que Stiles allait lui parler, laisser échapper le trop plein d'émotions qu'il s'efforçait de garder en lui, de ne pas montrer à Lydia.
Et il avait raison.
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My Heart's Home
FanfictionStiles et Scott sortent ensemble, mais Liam trouve leur relation bizarre. Au fur et à mesure, il va découvrir une vérité qui va l'obliger à faire un choix de taille. (Stiam) DISCLAIMER : - TW = Jeff Davis - Header = pas moi - Histoire = moi