Chapitre 12

64 10 1
                                    


Liam savait Stiles surprenant, mais il n'aurait jamais cru que celui-ci puisse le surprendre encore. En fait, il avait naïvement cru en avoir suffisamment appris sur lui depuis le début de cette histoire pour prétendre bien le connaître : force était de constater qu'il était encore loin du compte.

Parce qu'il découvrait en ce début de repas de famille à quel point Stiles excellait dans l'art de la comédie. Ses sourires on ne peut plus factices faisaient illusion avec une efficacité folle. C'était tel que les parents Dunbar n'hésitaient pas à discuter avec lui de choses et d'autres sans sembler gênés outre mesure. S'ils étaient toutefois au courant de la raison de sa présence ici et, par extension, de ce qui avait poussé leur fils à sécher, ils se laissaient complètement piéger par la façon dont Stiles maniait les mots. Ainsi, il contrôlait la conversation et éloignait les sujets qui le dérangeaient, dont la raison précise de sa présence. Liam comprit de cette façon un peu mieux pourquoi Stiles disait souvent que la parole était une arme, la seule qu'il possédait. S'il ne l'avait pas vu à bout, s'il n'avait pas été témoin de la façon dont il avait craqué dans ses bras... Le louveteau aurait pu se laisser tromper.

Et l'illusion de Stiles lui fit se poser bon nombre de questions. Liam arrivait généralement à déceler dans son attitude de ridicules petits indices qui pouvaient le faire douter de son humeur souvent égale. En cette soirée, son jeu lui paraissait sans faille. Lui était-il déjà arrivé d'exceller à ce point devant la meute ? Son instinct lui souffla une réponse simple tendant vers le « oui ». Et ça, c'était très triste.

Au moins, lui, il savait et pouvait ce soir-là démêler le vrai du faux. Dans un sens, il savait que Stiles ressentait le besoin de faire bonne figure, tout comme il faisait toujours au mieux pour se montrer sous meilleur jour. Son truc à lui, c'était de minimiser ses soucis dans le but qu'on ne s'y intéresse pas. Il s'agissait en quelque sorte d'une espèce de sécurité pour lui, d'une façon de se protéger. Honnêtement, Liam comprenait la démarche mais n'était pas d'accord avec elle pour autant. Il y avait bien mieux que le secret pour apaiser les cœurs, d'autant plus que le silence n'avait aucun autre effet pervers que d'empoisonner le cerveau et d'y faire gangréner nombre de pensées problématiques qui, par leur grandeur, finiraient par le bousiller de l'intérieur.

Et Liam ne comptait pas le laisser se détruire de la sorte. Bien sûr, Stiles n'en serait peut-être pas là si Scott ne l'avait pas précipité vers de telles abysses. Le fait est que s'il sourit également pour faire bonne figure, le louveteau garda à l'esprit l'idée de lui parler quand ils seraient seuls, après le repas. En attendant, les manières et le bagout de Stiles semblèrent plaire à ses parents qui, lorsqu'ils n'aimaient pas quelqu'un, le faisait savoir sans détour. Il s'agissait de gens d'une franchise incroyable à qui les convenances ne faisaient rien. S'ils avaient quelque chose à dire, ils n'hésitaient pas à le faire, que cela plaise ou non.

Ainsi vint le moment de débarrasser et de retourner vaquer à ses occupations. Une aubaine, que ce soit pour Stiles ou pour Liam. Le premier était diablement heureux de ce fait car ainsi, il n'aurait plus à faire tant d'efforts et pourrait relâcher un peu la bride. Quant au second, il était soulagé de n'avoir pas à attendre plus longtemps de se retrouver seul avec son ami, dont il devinait aisément la fatigue mentale pour avoir déjà été témoin de ses effets.

- Je suis effaré de voir à quel point mes parents t'aiment déjà, fit Liam une fois qu'ils eurent regagné sa chambre.

- N'exagère pas, rit légèrement Stiles en s'asseyant au bord du lit.

- Je suis sérieux, répliqua le louveteau. Tu ne les as jamais vus lorsqu'ils n'apprécient pas quelqu'un. C'est tellement flagrant qu'il m'est déjà arrivé d'avoir de la peine pour ces pauvres gens.

My Heart's HomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant