Chapitre 15: Vision

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Esteban sanglotait. Le noeud enserrant toutes ses émotions se libérait enfin. Alma avait raison. C'était à cause de lui si Croniclia se retrouvait dans un chaos infernal. De plus, sa mère était morte et cette pensée retournait sans cesse dans son esprit, le plongeant dans les profondeurs de la tristesse. 

Une main chaude et douce se posa sur son épaule tremblotante. Il leva ses orbes noisette pour croiser le regard inquiet et paternel de Mendoza qui venait de s'agenouiller à côté de lui. Avant que le mercenaire ne puisse entrouvrir les lèvres, l'élu se jeta dans ses bras, enfonçant son visage dans le torse de son père de substitution. Ses pleurs s'intensifièrent. Le capitaine passa une main dans les cheveux de son protégé et berça son corps tremblant dans ses bras. 

Au bout d'un moment, Esteban se mit à respirer normalement et à casser de haleter. Mendoza se sépara du garçon mais garda ses mains sur ses épaules, mais il leva sa main pour effacer les vagues de chagrin sur le visage du fils de la lumière.

-Veux-tu me parler de ce qui te rend si triste, mon garçon? demanda-t-il doucement en lui serrant tendrement l'épaule.

Le petit ami de Zia baissa la tête, fuyant les iris noirs du brun.

-Tout est de ma faute si Croniclia est en train de subir la colère d'Angélica. J'ai cru pouvoir réussir à l'arrêter quand nous étions à Onyxia mais j'ai échoué. A cause de moi, elle est en liberté désormais. Je nous ai tous mis en danger. Si je n'avais pas été là, rien de tout ce chaos ne serait en train de se dérouler. Je m'en veux tellement, Mendoza, dit le jeune garçon d'une petite voix faible en serrant ses mains contre ses épaules. Je suis tellement désolé.

Un torrent de larmes se remit à ruisseler le long de ses joues, fendant le coeur de Mendoza. Le marin à la cape bleue l'attira à nouveau dans ses bras, le laissant enfoncer son visage dans sa poitrine. Il plaça son menton sur le dessus de la tête du porteur du médaillon avant de lui planter un baiser paternel sur le front.

-Calme-toi, mon garçon. Ce n'est pas de ta faute.

-Mais si, c'est de ma faute. Je suis l'unique responsable de tout cela. Si seulement je pouvais revenir en arrière et tout arranger. Mendoza, si je n'avais jamais exister,  cela aurait tout changé. 

-C'est totalement faux! s'exclama fermement le bel homme en prenant le visage de son fils entre ses mains pour que leurs regards se croisent. Je t'interdis de penser de la sorte et de te blâmer. La seule personne à blâmer c'est Angélica. Il aurait pu arriver à quelqu'un d'autre la même chose qu'à toi. Mais toi, tu es intelligent, courageux et déterminé; c'est pour cette raison que je crois en toi et que je te fais confiance pour vaincre cette enchanteresse de malheur.

-Mais et si j'échoue?

-Tu n'échoueras pas. J'ai foi en toi, mon garçon, répliqua doucement Mendoza avant de lui essuyer une perle salée.

Touché par la tendresse et par la confiance lui portait son sauveur qu'il considérait comme un second père, Esteban finit par afficher un sourire authentique en dépit des larmes qui brouillaient sa vision.

-Merci Mendoza. Je t'aime, fit le cousin d'Angélina, ému, en enroulant ses bras autour du cou de son mentor et calant sa tête contre son torse.

-Moi aussi je t'aime Esteban, sourit le beau mercenaire en lui rendant son étreinte.

 *

Léa parcourait le monde vaste du sommeil dans lequel elle avait tenté de plonger depuis le début de la nuit. Ses songes étaient hantés par d'effroyables images. Depuis qu'elle avait appris à Angélina que le jour fatidique approchait à grands pas, sa petite étoile veillait sur elle et sur sa sécurité, voulant la protéger si jamais il lui arrivait de perdre ses ailes en cas d'une attaque. Bien sûr, la rose pétillante garderait tout sa magie car étant une héritière, elle serait capable d'y résister. Mais elle ne savait pas si elle était prête. Jamais la guérisseuse ne pourrait devenir une gardienne si elle perdait ses ailes, elle ne serait plus considérée comme une fée. Son image lui importait peu, mais elle avait peur de décevoir tous ceux qui avaient placé des espoirs en elle. 

La jolie brune finit par émerger des limbes de l'inconscience, souhaitant aller se promener à l'extérieur pour se vider la tête. Soudain un halo lumineux couleur ambrée fit son apparition, faisant apparaître une silhouette fantomatique. Silhouette que la guérisseuse reconnut instantanément.

-Stéphanio! fit-elle, heureuse de revoir son bien-aimé.

Elle ne put sauter dans ses bras car il utilisait un sort de communication pour lui parler et il lui était impossible de le toucher à cause de l'apparence que conférait un sortilège de communication.

-Léa, je suis heureux de te revoir. Tu m'as tellement manqué, sourit le chevalier de la fidélité, des larmes de joie mouillant ses joues, à l'instar de l'atlantienne.

-Toi aussi tu m'as manqué, Steph'. Mais où êtiez-vous passé toi et les autres pendant tout ce temps? questionna-t-elle. Et pourquoi n'avons-nous pas eu la moindre nouvelle de vous tout au long de votre absence?

Le beau chevalier soupira avant de se gratter le menton et de prendre une profonde et longue inspiration.

-Nous nous sommes rendus aux terres des dragons car la flamme magique maintenant une partie de l'Équilibre de Croniclia est en train de s'éteindre lentement. Si elle venait à disparaitre, cela signerait le début d'un plus grand désordre que celui que l'on subit déjà.

-Il doit forcément y avoir un moyen d'arranger les choses, renchérit la brune.

La flamme du dragon était née du souffle du premier dragon qui avait vu le jour dans la dimension féerique. Cette flamme avait un rôle important dans les piliers de l'Équilibre et de la Vie dans le monde magique. Si jamais elle venait à s'éteindre, un chaos infernal plongerait le monde dans les abysses du néant.

-Malheureusement, nous n'avons pas encore trouvé la moindre solution pour tenter d'arranger les choses. Les dragons utilisent leurs flammes pour tenter de la ranimer, mais cela reste en vain. Leur feu aussi est en train de s'affaiblir car tu sais tout comme moi que cette flamme est génératrice de celles des dragons de Croniclia.

-Je peux essayer de faire quelque chose. Faire des recherches, par exemple, ou me rendre dans des temples anciens et des châteaux abandonnés, dit la guérisseuse d'une voix passionnée.

Le brun esquissa un doux sourire. 

-Quelle joie de revoir cet éclat dans tes yeux, ma princesse, dit-il en effleurant sa joue sans pouvoir la toucher.

La fée de la guérison sourit à son tour. Mais l'expression de celui qu'elle aimait s'assombrit et il baissa le regard.

-Stéphanio, que se passe-t-il? s'inquiéta Léa.

-C'est juste que nous avons dû mener de nombreuses batailles et nous en sommes ressortis blessés. Nous avons pu en guérir, mais pas toutes nos plaies se sont refermées. L'une d'entre elles persiste et nous cause une douleur atroce de culpabilité, de chagrin et de détresse, confessa le chevalier à la fée. Soyez prudentes parce qu'une menace en plus plane sur vous tous.

A ces mots prophétiques, le jeune homme disparut-non sans lancer un regard tendre et empathique à sa fée. La jeune femme fronça les sourcils, intriguée. Les paroles de l'atlantien sonnaient tel un présage funeste alors qu'une vision obscure commençait à s'immerger dans les fins fonds de son esprit.

Chroniques des cités d'or: Partie 2-Lumière contre TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant