Vingt-deuxième tatouage

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Tilla est splendide. Sa robe lui retombe sur les chevilles, le voile brille, la ceinture à sa taille habille le corset et le diadème dans ses cheveux lui donne un air de princesse. J'ai beau avoir ri pendant les essayages, elle est magnifique ce soir.

Gaëtan est tout aussi incroyable, dans son costard, le nœud papillon rouge, ses cheveux coiffés, l'anneau à son lobe d'oreille en or, son sourire lorsqu'il regarde ma sœur.

Ils sont heureux, au centre de la pièce, à danser sur une musique lente, entrainante, nos amis et familles qui les entourent. Mais je ne vois qu'eux, l'amour qui déborde de leurs yeux brillants.

— Tu crois qu'on ressemble à ça ?

— Impossible, t'es pas assez romantique pour ça, ricane Tiago à mon oreille.

Ses bras autour de mes hanche, j'appuie mon dos contre son torse alors qu'il embrasse ma tempe. Je ne peux pas le contredire, j'aime plaire, draguer mais je ne suis pas certain que je vomirais des cœurs et des paillettes d'amour.

— Par contre, on peut quand-même se passer la bague au doigt. Tu sais, les sucettes pour bébé, ça t'irait bien.

— Et après, c'est moi qui manque de romantisme, je râle alors qu'il rit toujours. Désespérant.

— Tu déteins sur moi.

— C'est plutôt l'inverse.

— Possible, sourit-il contre ma nuque. Tes mains se baladent plus facilement...

Je rougis quand il appuie les siennes sur mon torse pour me coller plus franchement contre lui. Et je me mords l'intérieur de la joue en enfonçant mes doigts sur le bas de son torse, entre nous. C'est clair qu'il y a quatre mois, je n'aurai clairement pas fait ça. Mais Tiago n'a aucun problème avec le regard des autres, il m'apprend à lâcher prise, à respirer, à vivre sans me préoccuper de ce qu'on peut penser de moi, de nous.

— On peut s'échapper quelques minutes, non ?

— Non.

— Nul.

Je roule des yeux alors qu'il se met à bouder, son menton sur mon épaule. Je n'ai pas lâché ma sœur du regard, je ne veux pas me détourner de ce spectacle. Je l'ai vu reprendre pied, redécouvrir le bonheur, faire confiance de nouveau à un homme quand elle a rencontré Gaëtan. Sa joie est tout ce que je veux admirer ce soir, même si la présence de Tiago me donne aussi le vertige.

Il est tout aussi beau que d'habitude, dans son costume trois pièce gris anthracite. Le mien, beige, l'a fait sourire quand on s'est retrouvé, tout à l'heure. Petite pensée rapide à Ying et Yang, qu'on représente sans le vouloir.

— Ta mère nous dévisage, murmure soudain Tiago au bout de quelques minutes. Vous n'avez toujours pas parlé ?

— Pour se dire quoi ? Qu'elle avait raison et que son autre fils était ravi de voir sa fille ? Clairement pas envie de l'entendre.

— Je croyais que tu étais passé au-dessus.

— Avec Tilla, je soupire. J'ai compris pourquoi elle a fait ça... mais ça ne change rien pour ma mère, elle force trop.

— Elle a des espoirs.

Je serre les dents sans renchérir : Tiago essaye de m'aider mais je n'ai pas envie d'y penser pour le moment. A la place, je noue mes doigts aux siens avant de m'écarter de lui. Un sourire par-dessus mon épaule, je le tire ensuite sur la piste de danse au milieu de la foule. Sa main caresse ma hanche quand il me ramène contre lui et on se met à danser, mon bras autour de sa nuque.

Mes yeux croisent ceux de Tilla alors qu'elle me fait un clin d'œil et les doigts de Tiago me ramènent à lui avant qu'il m'embrasse. La sensation qui gonfle dans ma poitrine me pousse à me rapprocher de lui un peu plus. Je me sens si bien, ici, ma sœur mariée à celui qu'elle aime, et l'homme que j'aime avec moi.

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