Huitième tatouage

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Je m'arrête dans une nouvelle allée, mes yeux qui relisent la liste de courses pour la quatrième fois. J'essaye encore de comprendre pourquoi il nous faut des mini parasols. Tiago freine brusquement avec le caddie, ses bras croisés dessus, un sourire angélique quand un salarié lui ordonne d'arrêter de courir. Puis il me rejoint, son rictus qui se fait plus mesquin, et je lève les yeux.

— On va se faire virer avant d'avoir fini.

Je lui indique notre caddie quasiment vide et ça le fait soupirer, avant qu'il ne fasse une moue mignonne, sa lèvre inférieure en avant.

— Tu veux me donner une fessée ?

Mes joues brûlent alors que je regarde autour de nous, gêné. Par chance, il n'y a que nous et l'employé, qui fait semblant de ne pas nous voir. Tant mieux. Qu'il continue de nous ignorer, le temps que j'égorge Tiago. Ce dernier n'a pas bougé et j'enfonce mon pied dans un roue du caddie pour le lui rentrer dans le ventre.

— Doucement, rit-il en s'écartant. Je sais que t'as un côté dominateur mais...

— Par pitié, ferme-la !

Je vais l'étriper, c'est décidé, quand il éclate de rire. Surtout lorsque je constate que le salarié est tourné vers nous, sourcils froncés. Mon visage est rouge, j'ai chaud et ce n'est clairement pas parce que j'ai envie de dessaper Tiago, pour une fois. Le dépecer, oui, par contre.

— Ne me regarde pas comme ça ! s'exclame cet idiot en levant les mains. On ne va pas s'envoyer en l'air ici !

— Démerde-toi pour finir.

Je lui balance la liste et détale dans les allées pour éviter de me sentir mourir de gêne plus longtemps. Son rire me poursuit, comme ses pas, alors je ralentis et le foudroie du regard quand il s'arrête à ma hauteur. Sa main passe dans mes cheveux et il les agrippe avant de déposer ses lèvres sur les miennes.

— Tu es absolument craquant quand tu rougis.

— Je te promets que mon pied dans ton cul, tu changeras d'avis.

— Oui, oui, soupire-t-il contre ma bouche. On en reparlera... quand on aura fini ici. T'as trouvé les parasols ?

— Non. Débrouille-toi.

— Mais t'es vexé !

Je serre les dents en le repoussant quand il se marre, ses doigts qui me tirent à lui avec force pour mordre ma lèvre. De justesse, je me retiens de gémir. Tiago me relâche enfin et je m'éloigne de trois mètres. Même si je le fusille du regard, il continue de sourire et va même jusqu'à faire un mouvement de tête vers un gars qui nous jette un coup d'œil, amusé. Quel sale gosse.

J'agrippe son bras et le tire à ma suite pour qu'on finisse ces foutus courses. Je suis content qu'on fasse tout un week-end entre potes pour l'Ascension, qui commence ce jeudi soir. Mais Tilla aurait pu aller faire les courses elle-même, avec son mec, au lieu de nous envoyer tous les deux. Tiago est intenable au milieu des produits, il touche à tout, remplie le caddie de choses dont on a pas besoin et il court, ses pieds en l'air. Une chance qu'il n'est pas encore renversé quelqu'un ou quelque chose.

— Mini parasols trouvé !

— Super. On peut barrer ça sur la liste interminable qu'on a.

— Fais semblant d'être content, me lance Tiago, accroupi devant l'étalage. Quand tu auras un parasol dans ton verre, ce sera l'éclate !

— Ils vont servir de fléchettes quand tout le monde sera bourré, je réplique et il rit. Si l'un d'eux se blesse, tu te démerdes.

— Et si c'est moi qui me blesse ?

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