Chap.20 : Milow

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L'intensité des néons du rooftop fermé me flingue les yeux. Mes paupières sèches et irritées par la fatigue accumulée et superposé aux particules volatiles en tout genre me grattent l'intérieur des globes comme si du papier de verre s'était glissé par dessous les stores. Je n'ai plus de larmes à verser pour les lubrifier et pourtant, s'il y a un saint qui me regarde de tout là-haut, lui seul saurait témoigner à quel point ces dernières demandent à dévaler. Au lieu de ça, c'est le vide total, le néant. Un désert aride dans lequel on y crève de soif. Il ne reste plus rien qui soit encore à l'état liquide dans ma tuyauterie. À la place, il n'y réside que de la caillasse qui cogne l'absurdité que je ne suis pas prêt de côtoyer de nouveau l'apaisement d'un cœur sans fêlures qui pourrait flotter sur un courant de bonne envergure et d'une limpidité sans interstices.

Et bordel ce que j'ai le cerveau embrouillé depuis l'intervention de Jayson en plein jugement final. Ce mec était la première personne qui voulait me mettre à la guillotine, enfin, de mon point de vue je l'ai cru et je le crois toujours malgré son dévouement inopiné, et le dernier à vouloir me sauver les miches. Tant d'abattements en si peu de temps que c'en devient d'une putréfaction immanquable. Nôtre lien d'amitié, bien qu'étroitement brisé, fût très fort pendant de nombreuses années. Comme toute relation celle-ci était fondée sur un méli-mélo de frasques innocentes. Il a été pour moi l'épaule sur laquelle je pouvais m'appuyer et j'étais pour lui le refuge qui pouvait abriter et éclaircir l'obscurité de son pénitencier endémique. Dès ce qui était censé être l'âge tendre pour nous deux, les jobarderies étaient au rendez-vous comme la fois où nous avons attaché les nattes parfaites de Mercy Peters à l'âge de neuf ans. Cette gamine était la peste de la classe, la Nelly Olson des temps modernes à qui tout le monde espérait une divine vengeance.

Son venin coulait efficacement dans les veines juteuses de plusieurs filles de la cour de récrée au point que certaines d'entre elles préféraient l'éviter en s'enferment dans les sanitaires. C'était sans doutes le moment de répit tant considéré depuis le moment où elles passaient la porte le matin sous son regard perfide et scrutateur. Sa frange droite et ses tresses collées par un élastique à la basse de son crâne et un deuxième à l'extrémité de celles-ci envoyaient un rendu strict mettant en exergue le malaise qu'elle imposait déjà en préliminaire. Ses cheveux bruns brillants par de multiples produits parfaitement plaqués sur son crâne me renvoyaient un mauvais reflet lorsque je me tenais sur ma chaise derrière elle. Elle devait y passer du temps avec sa chère mère de la même trempe en prétendant être mieux que quiconque et y penser me mettais davantage en pétard. Alors, pour venger mes camarades de ses interminables mesquineries, mon acolyte et moi-même avons établis un plan dessiné dans la terre de ma cabane dans un coin de mon jardin pas très loin de l'enclos d'été douillet de ma petite boule de poils, avec du fil à coudre et des batons de bois. Nous y avons passé des heures entières avant de mettre en place le scénario adéquat. Téméraires au globules bouillonnants, Jayson a été le premier à donner une stratégie d'attaque parfaitement pensée pour l'époque et j'en étais étonné, voir même admiratif. Un matin juste avant la sonnerie nous indiquant de suivre notre institutrice pour rejoindre nos chaises, Jayson a sorti sa paire de ciseaux de son cartable pendant que j'attrapais la teigne par ses tarentules venimeuses. De la manche de mon manteau, j'ai sorti deux marshmallows et lui aie fourré dans la bouche avant que sa voix criarde ne fasse réagir un adulte dans la courette recouverte de craie blanche où l'on jouait à la marelle.

J'ai alors tenu ses baguettes huilées entre mes dextres, substance dont j'avais déjà la sainte horreur, et en ai amené une au souffre douleur principal de cette bécasse effrontée, Syndel Jaffersson. Cette fille était jolie et discrète, appréciée des adultes et des moins grands avec un sourire aux fossettes angéliques digne de faire jalouser quelques-unes des fillettes de son âge comme Peters. Victime de sa propre jalousie, elle avait emprisonné son âme d'enfant dans une enveloppe pendable que promenait sa mère avec fierté. La deuxième et bien ... nous l'avons gardé comme trophée, un prix coûteux qui nous aura bien évidemment attiré pas mal de problèmes avec mes parents. Curieusement, les siens n'ont jamais agit en façade, mais l'évolution de sa déliquescence comportementale n'a fait que croître.

Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant