Chap. 13 : Gabriella

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En média " Everything " des Lifehouse. Bonne lecture 💋

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Mes yeux fixent l'asphalte qui s'étale devant eux avec difficulté. La voix de Rachelle n'est plus qu'un lointain bourdonnement à mon pavillon interne qui discerne les horreurs que l'on vient tout juste de lui affliger. Tout ce qui figure dans mon champ de vision n'est plus qu'un vaste néant, un mécompte qui me coupe l'herbe sous les pieds et me pousse dans cette caverne obscure désenchantée.

Je suis totalement renversée, scandalisée par ce que je viens d'apprendre et pire, en ce soudain instant de songe effroyablement difforme et innommable, j'aimerais me soustraire à la vue de notre mère la Terre.

Alors tout ceci n'était qu'en réalité l'horrible machination d'une conspiration à l'encontre de Milow, exécutée par ses bourreaux qui, jadis, lui auraient fait autant de mal intérieurement qu'il en restera marqué indéfiniment de façade?

Comment peut-on commettre de tels actes, de tels sévices à un être vivant?

Ni êtres humains, ni animaux ne méritent de tels traitements. Je suis indignée, le cœur soulevé par une souffrance insoutenable atteignant sans difficultés son paroxysme.

Moi qui pensais avoir atteint le point culminant de mon seuil de tolérance à la douleur, j'étais encore loin d'imaginer qu'il était possible d'en ressentir davantage les ravages sur mon organe vital transformé en une marmelade rougeâtre à déplorer.

Tout ce temps, je l'ai maudit et me suis efforcée de le détester pour m'avoir laissée, de nous avoir abandonnés. Tout ceci est forcément lié à ce synopsis découpé d'une dague à double tranchant. J'en ai l'intime conviction. Je le sais, je le ressens, et en fermant les yeux, je jurerais l'entendre m'appeler à l'aide tout en implorant ma clémence, celle qui déverouillerait le coffre cadenassé où ressentiment et méprise le caractérisent en se logeant minutieusement dans ma poitrine.

Je m'en veux, j'ai mal.

Une main posée sur l'arrondi de mon abdomen succinct par cette aversion déplaisante, je tente de faire preuve d'un flegme inextinguible afin de freiner le parcours de la bile qui me remonte la trachée jusqu'à venir me caresser l'arrière de la glotte.

Un haut-le-cœur.

J'ai mal au cœur, mais davantage mal à l'âme.

Jamais je n'aurais dû douter de sa loyauté envers ma personne. Milow m'a pourtant prouvé à maintes reprises qu'il n'en avait que faire des aprioris et des qu'en-dira-t-on des personnes de notre entourage, n'hésitant pas à briser sa carapace d'homme des cavernes devant ce monde qui nous englobe de critiques.

Comment aie-je pu être aussi idiote? Je ne lui aie jamais, ne serait-ce qu'une seule fois, accordé au moins le bénéfice du doute.

Pourquoi me suis-je bornée à ne pas vouloir écouter ce que nos proches s'efforçaient de me faire comprendre devant la potentialité gravissime de cette situation improbable?

Deuxième haut-le-cœur.

La fierté n'est irrévocablement pas mon principal atout, laissant sur son passage une razzia de cendres résultants de mes plus impétueux pêchés carbonisés par les flammes de mon émanation.

Toutes les cicatrices de mon cœur viennent d'éclater à nouveau, laissant l'odeur fraîche de leur chair rubis parvenir à mes narines, en un millième de seconde, juste un, mettant à mal mes quatre cavités cardiaques déchiquetées sans pénibilité.

Jamais je ne pourrais me pardonner d'avoir fermer les yeux aussi longtemps, d'avoir mis de l'huile de coude sur des couches calfeutrées par l'effaceur acharné d'une encre de chine opiniâtre, dont les écritures filandreuses étaient pourtant bien exposées sous mes yeux.

Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant