Chap. 16 : Milow

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En média " The devil in I " du groupe Slipnok. Bonne lecture 💋.

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Je ne sais combien de temps nous avons roulé, trop éberlué par la révélation de mon conducteur à la grande bonté d'âme carbonisée. Les surfaces rocheuses ne ressemblent en rien à celles de mon petit sanctuaire, là où j'aimais jusqu'à il y a peu, passer du temps, me retrouver seul avec moi-même et faire le point sur ma vie. L'unique similitude est accordée à leur fraîcheur qui me croque sans vergogne les plantes de pieds et les humidifie. 

Je ne sais pas même où sont passées mes godasses dégueulasses, ni le chiffon qui me servait d'anorak. L'épicentre de ma carcasse augmente ses ondes de chocs à cadence équitable entre la région nord et la région sud, malgré toutes mes tentatives de flegme qui ne peuvent échouer. Bien que téméraire, je ne suis pas certain de pouvoir assurer ma défense face aux molosses à qui je tourne le dos en cas de cataclysme inopiné. Adviendra ce qui doit advenir, je ne leur laisse pas dix minutes pour craquer et me ficher la dérouillée du siècle. 

Gueule enfarinée et sourire narquois plaqué aux lèvres, je ne céderais jamais devant ces grosses pustules qui se prennent pour des malabars. Bon, il est clair que je ne lancerais aucun paris sur une potentielle déculottée que je rêverais leur mettre. Oui oui, je l'avoue moi-même aujourd'hui. Moi, Milow Hipston, prône comme qualité première - ou peut-être que c'en n'est pas une finalement - être impudent. Être téméraire ne veut pas nécessairement dire suicidaire. Il fût un temps où les deux s'accordaient encore de manière homogène devant mon regard flouté par la rancoeur. Pour l'heure, je me contente de placarder mon air d'abruti sur ma tronche comme un pro. Contrairement à ce que l'on peut en penser, jouer au débile se révèle être tout un art à nôtre époque.

Je suis perspicace, certes. Mais comme le dirait Gabi, je resterais éternellement un grand gamin.

Ses prunelles hypnotiques ricochent de milles et une lueurs sur le lit de cette rivière émeraude qui me ramène à elle. Pour être parfaitement honnête, tout me ramène à Gabriella Matéo, les bons moments que nous avons partagé comme les pires. 

L'image de son grand corps élancé inerte et grisonnant gisant sur les rochers de cette putain de falaise, hante et meurtrie chaque parcelle de mon âme chaque journée qui passe depuis. Je devrais pourtant être heureux et soulagé d'avoir pu constater par les propres soins que tout allait finalement bien et qu'elle se portait sur ses deux jambes, mais je ne peux empêcher la crainte que cette scène atroce se reproduise de nouveau après quelques mois de cela.

Gabriella Matéo est un sacré bout de femme. Elle incarne le cyclone avec grâce et je sais qu'elle n'en restera pas là, ni pour moi, ni pour eux à mon grand dame. Je sais maintenant qu'elle a compris, j'en ai la certitude. Et lorsque toute la pelote se démêlera alors, je n'aurai pas assez de mes deux bras et de tout mon amour, et dieu sait bordel comme leur immensité n'a aucun plafond, pour la ramasser et essuyer son chagrin. Il n'y a aucune issue possible pour son géniteur.

Absolument aucune.

Les colombiens n'accordent jamais de deuxième chance. Les mexicains, eux, n'en accordent pas même une seule. 

Le bruit du métal tintera près de son enclume tandis que sa basse température tracera un joli cercle sur son espace inter-sourcilier. 

Rides du lion contre œil de cyclope, cratère ensanglanté contre excavation dorée. 

Ainsi se terminera sa chienne de vie, aussi foireuse et semblable aux vaines  croyances qu'il s'est permis d'apposer sous l'innocence de son enfant, ou du moins ses enfants.

Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant