Chap.18 : Gabriella

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La couverture blanche surplombant la terre épaisse laisse un crépitement étouffé vibrer sous mon pavillon. Pendant un bref instant, j'ose fermer les yeux et croire que tout cela n'est que l'ombre d'une chimère. Une de plus sur une liste fredainement abjecte. Une petite bride que juxtapose mon imaginaire profondément lugubre. La fatigue du voyage facilite cette faculté d'égarement que je ressens à présent. Partir, fuire, je n'avais à moi aucune autre alternative, ou plutôt devrai-je dire que l'occasion était assez bien tombée. Il ne m'aura pas fallut faire mûrir la réflexion bien longtemps.

Je ne m'attendais pas à ce que cela soit preste chose que d'avancer dans cette affaire. Bien que je n'en sois nullement étonnée, les nouvelles apportées par Ted m'auront littéralement coupé l'herbe sous les pieds. Mille et une questions s'ajoutent à toute cette complexité qui me martèle le crâne à grands abattages intempestifs. La noirceur à tendance à encombrer mon quotidien, ne faisant plus d'elle une amère étrangère. Je ne sais si creuser aussi profondément ait été la décision la plus judicieuse que je me suis vue prendre au cours de ma petite existence, bien qu'elle ne soit pas uniquement demeurante.

Indirectement, la vengeance que j'espérais obtenir sur mon ancien bourreau était de telle que mes tripes s'en tordaient de concupiscence à la simple évocation de sa définitive disparition. Or, je ne parvenais à ressentir le moindre ressentiment, pas même une subalternisation de culpabilité. Serait-ce une déficience psychologique qui m'atteint sérieusement ou bien encore, une sorte de déni ? J'en subodore ardemment.

Ce qui m'inquiète dans tout cela n'est irrémissiblement pas la découverte de la dépouille de Quentin. Ma sollicitude reste centrée sur la plus torrentueuse de toutes mes préoccupations, la seule et unique cause de rester dans ce pays qui ne m'aura apporté que des emmerdes. Les recherches de Ted se précisent ce qui me réconforte sans me réconforter véritablement. Plus nous avançons dans l'opacité de nos nuages, plus l'humidité de l'orage en approche nous étouffe.

Une cocarde nouée bien trop près.

La pochette à rabats cartonnée que je maintiens fermement dans mes mains moites est tout aussi humide. Il faut que je profite pour m'évader ne serait-ce que pendant ces deux jours.

- Mademoiselle Matéo, après vous.

Je remercie d'un sourire franc le grand brun m'ouvrant la porte de l'hôtel où nous séjournerons pour une nuit avant de reprendre la route pour San Antonio. Lorsque Damian est venu à me croiser dans le hall du bâtiment le jour de la remise de mon trousseau qui me permettra de débuter mon activité, mon visage ô combien blafard à forcément dû alerter son affre prépondérante. Il est troublant que ce dernier puisse toujours être si bienveillant envers ma personne sans même rien n'attendre en retour. Les choses sont claires comme de l'eau de roche entre nous. Ni lui ni moi ne souhaitons gâcher cette relation ô combien acariâtre, lui par respect pour ma personne, et moi... Et bien simplement car mon être tout entier est irrémédiablement absorbé par Milow. Me garder sous le coude afin d'assurer ma sécurité est pour lui plus qu'expédient. Ce jour-là, je ne pouvais nier toute source de préoccupation.

Mon instabilité émotionnelle me rend complément dingue. Je ne sais plus ni où, ni quand, ni comment j'ai pu plonger dans cette flaque de mélasse à pieds joints.

Lors de ton premier jour de vie, le jour où l'air du monde extérieur a pénétré tes poumons de plein fouet sans obtenir le consentement pour y entrer.

L'étouffement, comme au jour d'une naissance, ce supplice imposé à l'encontre de vôtre volonté vous faisant délibérément sortir de vôtre confortable stabilité.

Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant