Chap.21 : Gabriella

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Les marches me semblent interminables et la lourdeur de mes mollets n'y est pas innocente. Les efforts deviennent difficiles mais également douloureux. Jouer avec le feu est devenu une fâcheuse habitude que je ne parviens à chasser et pour cause, je ne peux laisser mon corps et mon esprit vaquer grassement. Le lâcher prise est une décision, et la prise de décisions est une galère innommable pour moi. Depuis quand suis-je capable de raisonner avec perspicacité au juste ? Et bien je ne l'ai jamais su, et me voilà à être suivie par l'être le plus immonde que la terre puisse porter. Je n'écoute pas les consignes et me dirige exactement là où je craignais d'atterrir; l'antre du diable.

- Allé Mobi, un peu de nerfs on ne va pas y passer la nuit.

Je chuchote un va te faire foutre et ne tiens guère compte de sa bassesse. Oui je ressemble peut-être à une baleine mais je n'ai pas échoué dans le désert comme ton bulbe asséché connard ! Ses ricanements me fichent la trouille, je ne suis plus tout à fait certaine que Milow soit vraiment ici avec lui. Beaucoup trop d'informations silencieuses perturbent ma course jusqu'à ce que j'arrive sur le seuil d'un rooftop ombragé par une nuit noire. La luminosité est tamisée par des néons de faible intensité que mon bourreau s'active de remonter à la hâte en me doublant sur la gauche.

- Ce bodet va me rendre chèvre avec ces putains de lumières. Hey ! crie t-il en tournant sur lui-même avec ses mains posées sur chacunes de ses commissures pour faire écho, si tu t'avises de toucher ce putain de variateur encore une fois je t'enfonce chacunes des ampoules là où tu auras du mal à les déloger !

Je ne sais à qui il s'adresse et je m'en fiche éperdument. Cet être grossier n'intéresse personne à vrai dire si ce n'est son égo surdimensionné. Je ne suis pas ici pour admirer la décoration de l'endroit même si plutôt dans la soirée on nageait dans un parfait paradoxe. L'attirance pour celle-ci paraissait étrange d'un point de vue plus éloigné mais ce quelque chose d'étrange m'attirait irrémissiblement. Peut-être était-ce inconscient ou au contraire, peut-être que je le sentais au plus profond de mes entrailles sous le camouflage d'un sixième sens décuplé par une crise hormonal.

Ou peut-être que tu espères beaucoup trop et que tu vas finir en brochettes avant la fin de la soirée !

Je me dégoûte à cette simple élucubration et ravale rapidement un hoquet d'abasourdissement. Que suis-je venue fiche ici nom d'une pipe à bec en bois vernis, je dois rebrousser chemin et le plus tôt sera le mieux. Je jette un coup d'œil vers El diablo et constate que ses doigts tapotent quelque chose sur son cellulaire avec une vitesse inouïe. Je profite et recule doucement pour poser mon pieds sur la dernière marche des escaliers au même moment où le malotru décide de me faire face, toujours la tête dans le guidon, mais face à moi quand même. Il va falloir la jouer très discrète sur ce coup là. Je dégluti péniblement, craintive d'être prise en flagrant délit, descends le deuxième pieds sur l'avant dernière marche et suis freinée subitement par le bruit de pas pour le moins bruyants. Dans une élongation trop optimiste, une vive componction m'arrache un gémissement inopiné alors qu'un regard de glace se braque dans ma direction au même moment. Jackpot.

- Regardez-moi ça, madame tenterait-elle de se barrer en douce sans en avertir son hôte ? T-T-T, c'est très mal élevé ça, ricane le chauve tatoué. Ah Gabriella...

La manière dont il traîne la dernière lettre de mon prénom me glace les artères. Je souffle lourdement et me mord la lèvre pour ne pas lui dévoiler que je suis en souffrance. Et j'espère de tout cœur qu'ils ne le sont pas. Cet élancement me traîne sur une vague de désarroi que j'aurai pu éviter, et que j'aurai éviter. L'avis de mon obstétricienne était favorable au voyage, à condition que cela me détende et n'engendre aucun stress. Le risque d'hémorragie est bien trop important je le sais et moi, comme une pauvre demeurée je dresse un marathon dans une cage d'escaliers non pas une, mais deux fois. Deux fois de trop. Je culpabilise, pince la laine de ma robe pull claire et régénère l'arrivée d'air dans mes poumons sans parvenir à sortir quelque chose de cohérent.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 13 ⏰

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Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant