Chap.11: Gabriella

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En média " Everything " des Lifehouse. Bonne lecture 💋

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- Oui bébé, c'est moi.

Bébé.

Cette vaste et inconvenante appellation ricoche abruptement les sillons de mon enclume. Mon encéphale partiellement indisposée à la réflexion n'est que le pur reflet de mon âme dissociée, altérant tout mouvement organiquement possible.

Je ne peux pas croire que Milow soit face à moi, ici et maintenant. J'ai tant idéalisé ce moment de toutes les manières spirituellement existantes que je m'aperçois avec étonnure qu'à présent, il n'en reste que de simples reliques rétroactives inhumées.

Ses deux sphères bleues vertes électrisantes foudroient mon spectre à grands coups de barre à mine et dont je ne peux en contrôler les percussions directement liées sur mon coeur.

Ce dernier m'a étroitement lâché lorsque mon regard est entré en collision avec le sien. Vidangé de toute lueur de vie, cet homme que j'ai déplorablement aimé n'est physiquement plus à l'image du baroudeur puissamment incoercible pour lequel j'ai tout d'abord éprouvée une puissance répulsion, avant de me perdre lamentablement dans le creux de ses bras, mais plutôt d'un être où tous les composants intérieurs ont sauté sans le moindre effort, pas même un souffle.

Interdite, je prends malgré moi quelques nanosecondes afin de détailler cette personne que je ne reconnait qu'à peine.

Ses cheveux bruns plaqués sur le dessus de son crâne ne sont désormais qu'une cascade capillaire qu'il traîne sur un côté de son visage, un voile sombre entrant en contraste avec la pâleur de son faciès.

Ses traits sont vraisemblablement beaucoup plus durcis à l'instar de sa peau recouverte de restes d'ecchymoses. Il ne faut pas un BAC +2 pour savoir que Milow est très sanguin et se fait un malin plaisir à régler son compte à qui s'interposera sur son chemin, ou contestera son opinion.

J'imagine que son absence a un lien avec son principal domaine de prédilection, en mettant cette pratique en exergue. La violence.

Être à mes côtés lors de ces cinq mois ne lui aura finalement pas été très bénéfique. Cette carcasse altérée est la confirmation aux infinies questions qui auront eu faim de mes neurones, à savoir la destruction massive de son âme en perdition. Mon cur tambourine inlassablement sa cage osseuse, au point de m'en créer de petites componctions par un deuil que je pensais avoir consommé jusqu'à son dernier atome, tandis que mon intellection me repasse ces kaléidoscopes de manière répétitive avec impétuosité.

Affirmer que celles-ci n'altèrent en rien mon jugement concernant sa non présomption d'innocence serait déguiser la réalité pour mieux la calfeutrer. Mais mon cur, lui, ne peut évincer le chemin caillouteux que nous avons emprunter maintes et maintes fois pour ne mener qu'à une seule issue, la destruction.

Notre destruction.

Je frotte frénétiquement mes mains sur le tissu de mon haut en grosse dentelle rouge imprimée, par stress ou par acclimatation d'une situation qui dépasse l'entendement, tout en prenant garde à ne pas laisser cette floppée de rancur hostile m'envahir et commettre quelque chose que je regretterais l'instant d'après.

Ses pupilles sombres analysent chaque détail de mon visage comme si elles le découvraient pour la toute première fois. De la surprise à la tristesse, l'étendue émotionnelle de ces deux estrades paradoxales résident ouvertement sur un pic bancal, menaçant de s'écrouler d'un moment à un autre. Une boule de la taille de mon poing se loge sinueuse dans ma poitrine et remonte dans mon sophage pour l'entraver sans le moindre consentement. J'étouffe.

Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant