Chap.15 : Gabriella

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En média " Everytime we touch " de Lauren Babic. Bonne lecture 💋

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Mains scellées sur la barre de mon caddy, mon corps déambule sans grande conviction au travers les divers rayons du supermarket de la ville de La Vernia, pendant que mes pieds eux, effectuent des pas machinalement programmés en parfaite quinconce avec le bruit de couinements intempestifs provenant des quatre petites roues de la cage métallique.

Je grince des dents. Non seulement ma patience s'amenuise à l'entente de ce bruit tordu qui me tape sur les nerfs mais, en supplémentation, la rage et le dégoût me labourent les viscères. Du repos m'a-t-on donc préconisé ?

Et mon cul c'est du poulet ?

J'aimerais passer outre les problèmes qui se superposent de nouveau dans ma vie en dévalant toutes ses pistes noires sous un effet boule de neige considérablement imprévu, mais cette option est, elle, inextricablement acariâtre. Les spéculations désordonnées de mon disque dur sont en surchauffes et ne peuvent me permettre d'en extraire un raisonnement satisfaisant afin de connaître enfin ce qui se trame derrière mon dos depuis ces longs mois de silences injustifiés.

Aujourd'hui, j'ai la certitude qu'ils ne l'étaient pas et, plus que jamais, aie l'intime conviction d'enfin toucher le pic de mon but le plus suprême.

Ces deux iris dont l'électricité courcircuitait sous l'intensité du drame qui se prélasse m'ont figé sur place, incapable d'extirper le moindre son cohérent de mes lèvres malmenées par mes incisives. Un champ magnétique inégalable et dont la promiscuité m'a percuté en pleine poitrine. Une lippe fendue et une arcade sourcilière ensanglantée accrochées le temps de quelques secondes sous la surface plate et inondée par les cordes qui ruisselaient.

Mais quelques secondes de trop où je n'ai su réagir.

Quelques secondes de trop qui auront permis à ce cafard d'El diablo de me retirer de nouveau le seul être pour qui mon cœur est capable d'être autant empreint d'amour que d'amertume.

Par ma faute, et comme une fois n'est pas coutume, Milow s'en est allé sauf que cette fois, je sais que ceci est indépendant de sa volonté, un détail qui a toute son importance et que j'ignorais.

Mais je n'ai rien dis.

Suite à la perte du véhicule au sein de mon champ de vision, mon esprit encore endormi par cette apposition erronée a mis un laps de temps à remettre dans l'ordre chaque pièce de cette mosaïque aux aspects inhumains et dont le charme déprédateur m'a subtilement déconnecté un bref instant de ma propre factualité. Inutile de tenter de parler, plus aucun son ne pouvait transpercer cette opercule d'acier que je venait d'avaler. Car je l'ai constaté de mes propres yeux et plus qu'à l'accoutumée, je l'ai ressenti.

Connaissez-vous la sensation de porter le poids insoutenable d'une émotion qui vous frappe de part en part sans prélude sans même pouvoir bouger le moindre doigts ? Et bien moi oui.

Celle-ci va bien au-delà de la douleur organique et physique. Elle vous grignote tout d'abord en vous faisant ressentir ces petits picotements de la pointe de vos orteils, longe vos mollets comme une impitoyable couleuvre, vous mord les cuisses, crispe votre abdomen, s'accapare votre coeur sous une conflagration dont l'ondulation du flamboiement vous désintègre de l'intérieur, jusqu'à causer votre perte par une toute dernière détonation, celle qui vous videra exhaustivement et vous fera perdre la raison.

C'est exactement l'état dans lequel je me trouve en cet instant, ignorant malhonnêtement les paroles d'une employée de rayon en pleine discussion avec une Rachelle remontée à bloc pour un pain alors que, d'après ses dires, celui-ci devrait être croustillant à souhait en vue du prix de la matière secondaire.

Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant