Chap. 14 : Milow

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En média " Lovely " de Seraphim et Lauren Babic. Bonne lecture 💋

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Crissements de pneus et odeurs d'échappements se succèdent sur la voirie que la Mustang noire de Jayson sillonne avec prestesse et commodité.

Je distingue tout juste les simulacres des caisses que ce timbré slalome, tant la vitesse mêlée aux rafales de trombes d'eau salée exposent le décor à une lourde couverture blanchâtre fuligineuse.

Cette bagnole est un cercueil à elle seule en ne comportant que trois portes. Autant dire que l'éventualité de me barrer est à proscrire, tout comme l'idée d'éclater la nuque de mon ennemis juré d'un coup sec. Juste une rotation à cent quatre-vingt, une seule.

Soyons clairs, ce fils de pute mériterait que je lui coupe un doigts après l'autre. La souffrance physique que je meurs d'envie de lui affliger n'est en rien comparable à ce qu'il me fait endurer aujourd'hui.

Pendant des années durant, Jayson et moi-même sommes entrés dans un engrenage où compétition ne pouvait rimer avec commisération. Cette raclure de bidet est devenue la cible jouissive de mes désirs les plus fantasques et farfelus en matière de rétorsion.

N'être qu'un Vendetta ne m'intéressait guère. Il me fallait beaucoup plus qu'une simple orgie sanguinolente pour atteindre l'orgasme suprême, celui qui mènerait droit à leur perte.

Précision et introspection sont les deux règles auxquelles tu dois te tenir Milow.

Éradiquer son parti est pour l'heure mon but ultime. Toutes ces gueules de cons sauteront un jour ou l'autre, avec ou sans l'aide des miens, sans parler de cette collaboration houleuse avec les colombiens. Lâché telle une bestiole qui gravite avec galère sa pénate parasitaire, je ne compte pas courber le dos pour encaisser les coups sans même tenter la moindre petite chance pouvant me permettre de parvenir à me dépêtrer de cette situation.

Tout serait tellement plus simple si toutefois je n'avais pas le poids de cette responsabilité envers Gabi. Ma Gabriella.

Une douleur vive et singulière me tiraille la poitrine, non pas prédéfinie par des élucubrations sans queue ni tête, mais plutôt par acquis de conscience.

Un regard furtif s'en est fallut pour remettre en cause mes motivations et regonfler mes ardeurs. Un seul coup d'oeil, une seule émeraude aux étoiles salées a percé la vitre mouillée pour apposer cette image douloureusement supportable sous ma rétine. Une seule expression valant une simple mais très claire description quant à ses pensées, ses intentions.

Le regard persuasif de la vengeance colombienne. Une veuve noire inflexible au venin irrémissible, prête à planter ses crocs dans la jugulaire de son ennemis.

Parce que l'ai vu, je l'ai senti. Elle a compris. Bien sûr, comment pourrait-il en être autrement ?

Bien que cela puisse paraître surréaliste en comparatif à mon passif intensément chargé, et malgré les épreuves que la vie nous impose, de près comme de loin, nos âmes elles, sont dotées d'une loyauté à la pureté exacerbée. Jamais l'une sans l'autre au risque d'être incomplètes, elles se cherchent, se réclament et se délectent de leur amour réciproquement tamisé dans une fumée alvéolée.

Et c'est sans doute pour cela qu'aujourd'hui, Gabriella a compris. D'abord farouche et remontée à bloc, son être lui a entendu ce que je lui implorait. Comme un écho porté tout droit sur son enclume, le choc fût aussi violent pour elle que pour moi. Son corps frêle et ses cheveux caramélisés qu'elle a coupé, trempés, mêlant la beauté du mélodrame à un branle-bas exacerbé.

Locamente Tuyo ♤ Tome 2 ♤ ( EN COURS )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant