« I'm sorry that I'm so dumb sometimes. »
Le lendemain midi seul le bruit des couverts qui s'entrechoquaient résonnait à table. Nathanael revenait de son entraînement et mangeait comme un affamé, rien d'inhabituel pour un dimanche. Ma mère, elle, mangeait doucement, d'une manière qui m'agaçait sans raison, tout en lisant le journal de la semaine. Puis de mon côté, je ne mangeais toujours pas... J'étais végétarienne mais ma mère ne prenait pas la peine de m'acheter des choses que je pouvais manger. Et au fur et à mesure des années, j'en avais perdus l'appétit. Ça pouvait sembler étrange mais j'étais capable de ne manger qu'une pomme tous les deux jours. Malgré ça, ma mère et même mon frère m'obligeaient à venir à table, en pensant sûrement provoquer en moi de la jalousie.
La sonnerie du téléphone fixe attira mon attention, c'était rare que quelqu'un appelle, sauf la police pour Nathan et l'hôpital pour moi même. Mon frère se pencha sur sa chaise, s'allongea de tout son long pour attraper le combiné sur le comptoir de la cuisine. Je le vis sourire sournoisement avant de décrocher, sous le regard sombre de ma mère.
« Kenneth ! » S'écria-t'il.
Je soufflai en même temps que ma mère, ce n'était rien d'autre que mon père. La relation entre eux deux était aussi chaotique que celles qu'il entretenait avec nous.
Sans que je sache réellement les raisons, ma mère avait viré mon père de la maison après que je sois née et de son côté, il était repartis vivre à Madagascar. Là où il avait d'ailleurs rencontré ma mère pour la première fois alors qu'ils étaient tous deux en voyage d'affaire. Peu de temps après son départ, ma mère refusait qu'il reste en contact avec Nathanael, puis ayant tout de même des droits sur nous, il avait réussis à pouvoir nous parler. Subitement, vers le début de son adolescence, Nathanael avait cessé de vouloir lui parler et dès lors ma mère ne lui avait autorisé qu'un appel par semaine, pour moi. Voilà à quoi ressemblait ma "famille". Des ruines, un chantier, et moi j'errais entre les débris. J'avais la nette impression d'être la seule à souffrir de cette situation puisque mon père avait refait sa vie de son côté. Il avait deux beaux enfants et une jolie femme. J'aurais tellement voulu faire partie de sa vie, au quotidien... Appartenir à une famille, une vraie.
« Pas la peine de me le demander, on s'en fiche autant tous les deux. » Railla Nathanael. « Pourquoi t'appelles à la maison, tu sais pas que tu nous emmerde ?»
Il y eu un petit silence pendant lequel Nathanael continua de manger avant de reprendre la bouche pleine.
« Adios Ken ! »
Il me lança le téléphone sans prévenir, je sortis de la cuisine et montai directement dans ma chambre.
« Papa...» Commençai-je.
« Ma puce comment tu vas ? »
« Je suis désolée pour Nathanael... » Soufflai-je.
« Oh, t'excuse pas pour lui, j'ai l'habitude. J'aurais pu éviter ça mais j'ai eu un problème avec mon portable, tous mes contacts ont été effacés. Heureusement que j'avais gardé le votre sur des papiers administratifs. Enfin bref... Ca se passe comment à la maison ? »
On se mit alors à parler pendant plusieurs minutes, je lui racontais ma vie peu intéressante de lycéenne, je lui parlais aussi de l'accident de moto... Lui, au lieu de m'engueuler, pris la peine de me demander comment j'allais. Ça ma mère ne l'avait pas fait. Il continua de me parler de son travail, de ses deux enfants tandis que je buvais entièrement ses paroles. Il était heureux au moins et ça me suffisait pour relativiser. Mon père était bien le seul membre de ma famille en qui j'avais confiance, avec qui je pouvais parler de tout et de n'importe quoi sans jamais me disputer une fois. La distance était malheureusement présente pour gâcher notre relation.
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Let it burn
Misterio / Suspenso« La première fois qu'il a essayé de me tuer, il avait six ans et j'en avais trois. » Joyce, maintenant âgée de 17 ans, subit depuis son plus jeune âge les perversions étranges de son grand frère, Nathanael. À travers sa pyromanie, celui-ci dévelo...