Chapitre 17

12.6K 843 356
                                        

« Will you fight or will you walk away ? »

***

Quand nous rentrâmes, une heure plus tard, mon père était déjà reparti depuis longtemps selon ma mère et venait d'être remplacé par Sam, qui nous souriait à tous deux. Ma mère profita de notre présence pour nous apprendre qu'il allait rester pour la nuit. La tête de Nathanaël avait alors subitement changé, menaçant de briser le calme dont il avait preuve auprès de moi pendant deux heures. Il avait fait un pas vers Sam, sous le regard effrayé de ma mère et moi, puis s'était ravisé, poussé par une étrange décision. Lorsqu'il avait fait volte-face, j'avais alors découvert autre chose que de la colère. Il paraissait troublé, crispé... touché par cette soudaine nouvelle. Je devais avouer que ça ne m'enchantait pas non plus de le savoir ici mais ça ne me rendait pas malheureuse. Tandis que lui ne semblait réellement pas le supporter et ne même pas être en état de répliquer ! Son comportement m'avait interpellé mais avant que je ne dise quoique ce soit, il avait filé, claquant la porte d'entrée derrière lui.

J'avais eu conscience que ce changement brutal de situation, la venue soudaine d'un homme dans la maison, ne plairait pas à Nathanaël mais ma mère n'avait pas l'air de s'en préoccuper. Comme d'habitude. Elle fermait les yeux face au problème et fonçait droit, là où elle le voulait. Finalement, entre mon père et elle, il n'en y avait pas un pour rattraper l'autre. Plus les années passaient, plus ils descendaient d'un cran dans mon estime et ne faisaient qu'élever Nathanaël. 

Le lendemain midi alors que je traînais encore dans mon lit, un appel de mon frère s'afficha sur mon portable. Sceptique, je répondis tout de même. Je n'eus pas le temps de le saluer qu'il démarra :

« Préviens maman que je viens avec ma copine.  Elle veut un repas avec les nouveaux membres de la famille, elle va en avoir un joli. Et dis lui qu'elle cuisine bien cette fois, qu'elle fasse pas ces vieux trucs bouillis d'accord ? » 

« Je lui dirai. Tu ramènes ta copine ? »  répétai-je choquée.

« Oui, comme je viens de te le dire. Quel sens de la déduction ma sœur, tu m'épates. » 

« T'es là dans combien de temps ? » 

« Je ne sais pas, qu'est-ce que t'en as foutre de toute manière ? Tu me verras arriver. » 

Et j'entendis les tonalités du téléphone. Je venais encore de vivre un échange très affectif avec mon frère... Il n'avait pas l'air d'être d'humeur, comme d'habitude finalement. Son calme d'hier n'avait été que de courte durée et j'accusais un peu la présence de ce Sam. Je ne savais pas encore pourquoi Nathan avait prévu de ramener sa copine mais il était certain que son geste n'était pas innocent. Ce déjeuner promettait ; je n'allais pas me permettre de le rater pour une fois. 

Je descendis à toute vitesse prévenir ma mère, habitée d'une excitation toute nouvelle. J'avais l'impression, non en fait, j'étais persuadée que mon frère allait faire sa revanche contre le nouveau copain de ma mère et même contre cette dernière. J'étais premièrement contente que sa méchanceté ne me soit pas destinée et deuxièmement, qu'il fasse dégager le parasite de chez moi.

Malgré cela, je dus mettre mon impatience de côté pendant une longue heure et demie. Sam, qui avait été interdit d'entrer dans la cuisine pendant que ma mère préparait à manger, était resté avec moi au salon. Il essayait encore quelques fois d'engager la conversation mais ça tombait très vite à l'eau, je n'étais pas une grande bavarde ce qui avait tendance à bloquer les gens. Pour mon plus grand bonheur. 

Alors que j'entendis la voiture de mon frère se placer dans le garage, je fus délivrée. J'écoutais attentivement chacun des bruits : il sortait du garage, en fermait la porte, se dirigeait vers le perron tout en discutant avec sa copine puis la porte de la maison s'ouvrit. Il débarqua dans l'entrée avec un énorme sourire sournois, faisant sortir ma mère de la cuisine. Elle salua d'ailleurs la copine qui se trouvait derrière mon frère, que Sam et moi ne pouvions encore voir. Puis toute contente, elle les invita à entrer au salon. Nathan ne se fit pas prier et s'avança dans la pièce, main dans la main avec la jolie fille à la peau métissée que j'avais aperçu à l’aéroport à notre arrivée. Son visage était fin, elle était simplement belle sans devoir s'armer d'artifices tel que le maquillage. Mais ce visage pourtant si harmonieux, accueillant, se déforma quand elle posa les yeux sur Sam. 

Let it burnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant