« We'll calm the storm ; we're ready for war. »
Je dus endurer une demie - heure de trajet en voiture avec mon père silencieux, alors lorsqu'il s'arrêta devant ma maison, je sautai tout de suite hors du véhicule. Comme nous étions garés dans l'allée là où devait normalement se trouver la voiture de ma mère, j'en conclus facilement qu'elle n'était pas là. Elle n'avait pas l'air pressée de me voir... Tandis que moi, je l'étais peut-être bien pour la première fois de ma vie. Mon père qui sortait ma valise du coffre inspecta les fenêtres de la maison, les sourcils froncés.
- Tu as les clés ? se renseigna-t-il.
- Celles de derrière.
- Je dois retourner sur Houston pour ramener la voiture mais je peux revenir tout de suite après !
- Non c'est bon, assurai-je, je peux bien rester quelques heures toute seule. Maman ne devrait pas tarder et ça me permettra de ranger.
- Tu es sûre ? insista-t-il.
Pourquoi voulait-il tant rester avec moi alors qu'il n'avait pourtant rien à dire ? Il n'avait pas ouvert la bouche jusque là. Quitte à être dans le silence, autant l'être toute seule. Ainsi, j'éviterai la rencontre entre mes parents. Ma mère n'aurait pas besoin de se donner l'air d'une femme complètement heureuse et mon père ne la détruirait pas un peu plus avec son indifférence.
- Bien. On se voit demain alors ?
- C'est ça, à demain ! dis-je en attrapant mes bagages.
Il vint m'embrasser, me serrant un peu trop dans ses bras à mon goût. Ses lèvres claquèrent contre ma tempe et il me laissa finalement avancer vers la maison. Quand je fus près du garage, il n'était toujours pas parti, m'observant. Derrière le volant, il m'adressa un dernier mouvement de main avant de se décider à partir. Je fis le tour de la maison, entrai et montai sans réfléchir dans ma chambre.
Il était plus de 19 heures - soit deux heures plus tard, quand j'entendis finalement la porte d'entrée s'ouvrir. J'aurais pu être contente, j'aurais pu me réjouir. Oui, j'aurais pu si ma mère n'avait pas été accompagnée de son copain. Le fameux Sam qui était apparu soudainement mais qui était très vite devenu l'ennemi de Nathanael. Celui qui rendait ma famille encore plus dingue qu'elle ne l'était déjà.
Assise sur le canapé du salon, j'aperçus ma mère en tenue de travail dans l'entrée. Toujours serrée dans une jupe stricte et dans son chemisier cintré, lui offrant une autorité qu'elle n'avait pourtant pas. Derrière elle, se trouvait Sam aussi transpirant que lors de notre première rencontre. Il ne portait dorénavant qu'une chemise bleue et un pantalon marron clair, ayant abandonné la cravate et la veste. Malgré mon agacement, je pouvais bel et bien reconnaître qu'il était bel homme. Du moins il avait tout pour l'être mais n'en prenait pas bien compte : la peau mâte, les traits forts, le regard naturellement aiguisé, la bouche dessinée en un petit sourire.
J'étais tant absorbée par mon analyse que je ne vis pas ma mère approcher vers moi et encore moins l'entendre m'appeler. Elle me tendait un bras, me regardait avec un sourire chaleureux et attendait une quelconque réaction de ma part. Je me levai pour l'étreindre rapidement puis saluai l'intrus d'un geste de la main. Il prit d'ailleurs mon geste comme une invitation puisqu'il vint se poster à la gauche de ma mère.
- Où est ton frère ? quémanda celle-ci.
- Il est parti avec... sa... enfin une fille ! Il revient Lundi ou plus tard, j'en sais rien.
- Dommage, j'aurais voulu qu'on passe la soirée tous les quatre.
- Tous les quatre ? relevai-je avec moquerie. C'est marrant car habituellement c'est chacun dans son coin.

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Let it burn
Bí ẩn / Giật gân« La première fois qu'il a essayé de me tuer, il avait six ans et j'en avais trois. » Joyce, maintenant âgée de 17 ans, subit depuis son plus jeune âge les perversions étranges de son grand frère, Nathanael. À travers sa pyromanie, celui-ci dévelo...