« I never wanted anything so much than drown in your love & not feel your rain. »
***
- Joyce ! s'écria la voix de mon frère.
Je sortis de ma torpeur protectrice, secouée par des mains brûlantes. Mon corps entier me tirait, ma tête était victime de maux incessants. Le simple fait d'ouvrir les yeux me faisaient mal. Mais je remarquai, grâce au plafond, que je n'étais plus au même endroit... Plus dans la chambre de Nathan mais dans la mienne.
- Joyce, est-ce que tu vas bien ? me demanda le meilleur ami de Nathan, penché au dessus de moi. Tu me vois ? Tu m'entends ?
J’acquiesçai doucement puis ses bras passèrent sous mon corps, me soulevèrent en réveillant toutes mes douleurs et me déposèrent sur mon lit. J'avais extrêmement mal au ventre et je n'osais imaginer l'apparence de ma peau à cet endroit... Il m'avait encore détruite.
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?
- Je vais le buter ! le coupa Nathanael.
Je baissai les yeux et le vis à l'entrée de la pièce avec un faux air en colère. Je ne comprenais plus rien, à quoi jouait-il cette fois ? De qui parlait-il ?
- Attends mec, t'es même pas sûr que ce soit ton père...
- Quoi ? Faudrait que j'attende qu'il la frappe sous mes yeux ? Et puis elle l'a dit à son copain que c'était ce connard de Kenneth.
La main de Preston caressa ma joue lancinante puis mes cheveux. Il m'observa avec inquiétude et surtout avec un sérieux qui m'étonnait... comme s'il essayait de comprendre, de déchiffrer la vérité pour la première fois.
- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse alors ? demanda-t-il à mon grand frère.
- On va le reporter aux flics.
- Mec c'est à ta sœur de faire ça, je pense pas que ça vaudra grand chose si ça vient de nous.
- Bah on leur dira qu'elle est trop mal en point pour venir. Regarde, elle a pas dit un seul mot depuis ! souleva Nathan.
Tout semblait clair à présent. Je saisissais le sens des mots de mon frère, lorsqu'il avait dit à mon père qu'il allait « détruire sa vie». Il retournait la situation à son avantage et rejetait ses fautes sur le premier soupçonné. C'était sans doute la venue de Caleb qui lui avait donné l'idée... Les gens pensaient immédiatement au père qui battait sa fille et non au frère.
- Si on ne fait rien, il réussira à avoir sa garde et qui sait ce qu'il lui fera là-bas sur son île de sauvage, ajouta-t-il.
- Mmh... En attendant, on ne peut la laisser comme ça.
- Ouais, viens on va chercher des trucs.
Sur ce, il tourna les talons et s'en alla dans le couloir sans doute en direction de la salle de bain. Preston, lui, continuait de me regarder, les lèvres pincées.
- On vient tout juste d'arriver et on t'a trouvé comme ça, inerte sur le sol. Qu'est-ce qu'il s'est passé Joy, tu peux me le dire, m'assura-t-il d'une voix basse et apaisante.
- Tu étais avec Nathanael depuis combien de temps ?
- Une dizaine de minutes, il m'a rejoint au centre - ville comme prévu. Pourquoi ?
- Preston, ramène-toi putain ! s'écria le diable au loin.
Je tournai la tête pour éviter les yeux insistants de Preston puis je l'entendis sortir à son tour. Je fermai les yeux, essayant de ne pas craquer... L’étau se resserrait, les choses devenaient de plus en plus complexes et mon frère reprenait la situation en mains. C'était une course folle... A qui serait le plus malin ? Je ne savais pas si agir en douce me donnait une longueur d'avance ou me bloquait au contraire.
Des coups tambourinèrent en bas ce qui fit râler Nathan. La porte d'entrée claqua, une voix masculine ne cessa de m'appeler en même temps que des pas lourds se faisaient entendre dans les escaliers. Bientôt, la voix fut plus proche.
- Putain mais qu'est-ce que tu fous là toi ? l'agressa Nathan. Et c'est qui lui, la tapette avec ses tresses ?
- Dis-moi où est ma copine.
- C'est pas des tresses mais des dreadlocks attardé, répondit Hugh tout de suite.
Malgré la situation et mon stress qui grandissait, je rigolai en entendant la réplique de Hugh qui apportait beaucoup d'importance à ses cheveux. Les critiquer revenait à l'insulter lui. Néanmoins, j'avais tout de même peur que son comportement ne mette Nathanael plus en colère.
- Tu me parles à moi ? s'énerva-t-il d'ailleurs.
- Nate, calme-toi ! Ils ne t'ont rien fait, laisse les juste voir Joyce, le raisonna Preston. Les mecs allez-y, elle est dans sa chambre.
Je les entendis avancer dans ma direction et je m'enfouis dans les couvertures, couvrant légèrement mon visage là où j'avais sûrement une marque conséquente après le coup de poing que je m'étais pris. J'étais finalement contente d'avoir Caleb à mes côtés, et ses deux amis car j'avais l'impression que s'il leur faisait confiance alors je le pouvais aussi. Et qu'alors peut-être, il y avait un moyen de mettre fin au cauchemar qu'était ma vie. Peut-être. En tout cas je savais que Caleb allait m'aider. C'était sans doute mon dernier essai... Si ça ne marchait pas alors soit je me battais à la déloyale en portant plainte soit j'abandonnais.
- Hey, m'interpella Caleb qui venait de s'asseoir à mes côtés, sous mes yeux.
Il se pencha en s'appuyant doucement sur moi sans imaginer la douleur que me procurait ce simple geste. Mais je m'en fichais à ce moment, sa présence était rassurante.
- Il t'a encore tapé ? chuchota-t-il.
Je hochai la tête avant de planter mes yeux larmoyants dans les siens. Il abaissa la couverture, aussitôt son expression se durcit. Ses joues s'étaient creusées sous la pression de sa mâchoire, ses sourcils froncés... Son souffle court rebondissait sur mon visage. Il rapprocha sa bouche de mon oreille:
- Et c'est qui l'autre mec ? Il était là ?
- Non, répondis-je à voix basse. C'est son meilleur ami, il est au courant de rien... Nathanael veut lui faire croire que c'était mon père.
Il lâcha un ricanement amer en même temps que la voix de mon frère résonna dans la chambre.
- Fini les messes basses, Joy n'est pas sur son lit de mort.
- Pas encore non, rétorqua Caleb en se redressant.
Nos regards se tournèrent vers Nathan au pas de la porte, droit comme un piquet. Et Preston qui contournait le lit pour m'apporter pommades, pansements et tout ce qui allait avec. Il le déposa sur ma table basse comme venait de lui demander mon copain.
- C'est quoi alors ce bordel ? lança Hugh.
- Mais t'es qui toi ? D'où tu sors ?
Mon frère fixait le brun avec ce regard d'assassin qui ne semblait effrayer que moi. Cependant je n'avais pas envie qu'il répande sa haine sur l'ami de Caleb alors je décidai de prendre sa défense, en regardant le plafond :
- C'est mon ami, affirmai-je.
- Ton ami ? T'en as pas, ricana-t-il, t'as pas d'ami Joy.
Hugh m'adressa un regard las qui voulait à peu près signifier « Ton frère fait vraiment chier ! ». Enfin c'était ce que j'imaginais car telles étaient mes pensées.
- Qu'est-ce qui est arrivé à Joyce ? reprit-il.
- On en sait trop rien, on est arrivé et on l'a trouvé dans sa chambre, annonça Preston. Mais Joyce nous racontera mieux d'elle-même.
J'ouvris la bouche mais fus, comme d'habitude, coupée par Nathan :
- Y'a rien de plus à savoir.
- Si Nate, moi je veux en savoir plus ! dit Preston d'un ton autoritaire. Ça me semble juste bizarre que ce soit ton père le coupable alors qu'elle est tellement heureuse de le retrouver à chaque fois.
Ma bouche s'ouvrit de stupéfaction, alors lui aussi savait faire preuve d'un peu de bon sens ? Les émeraudes de Nath se focalisèrent sur le métisse en plein doute. Il se pencha vers lui, un bras tendu comme s'il s'apprêtait à le taper.
- T'insinues quoi ?
- Que c'est peut-être une autre personne.
- Comment une autre personne aurait pu lui brûler le ventre de la sorte ? s’exacerba mon tyran.
Preston plissa les yeux alors qu'une grimace déformait sa bouche. L'espace d'une seconde, les yeux de Nathan s'écarquillèrent au fur et à mesure qu'il prenait conscience de sa gaffe.
- La brûlure au ventre ? Quoi ? Comment tu...
- Je l'ai vu putain, quand tu l'as porté sur le lit ! s'empressa-t-il de crier.
- Ok, et pourquoi ce serait ton père ? Ça pourrait très bien être toi tiens, avec tout le matériel que tu as.
Mon frère fit un pas en arrière puis poussa soudainement son meilleur ami contre le mur. Ce dernier se contenta de se dégager de sa forte poigne et de lever les mains devant lui.
- Tu m'accuses ? Tu m'accuses de faire du mal à ma propre sœur ? éclata Nathan avec une certaine colère qui ne semblait plus jouée à présent.
- Non ! se défendit Preston. Te mets pas dans cet état mec, c'était un putain d'exemple !
- Ça ressemblait pas à un "putain d'exemple" mais à une putain d'accusation ok ?
- Je dis juste que tu accuses peut-être ton père un peu trop vite, alors qu'on pourrait t'accuser. Tu as trop de haine pour ton père alors ça t’arrange de croire c'est lui. Il faut que tu prennes le temps de réfléchir et pas que tu agisses sur un coup de tête parce que ça peut te retomber dessus.
- Merde ! hurla Nate. Tu me fais chier, tu sais quoi ? Je vais m'occuper de ça tout seul parce que t'es inutile mec !
Il ne nous donna pas un regard de plus et s'en alla suivi de Preston qui essayait en vain de lui parler. Nous entendîmes leur voix s'éloigner dans la chambre de mon frère puis la porte claquer alors qu'ici, je n'entendais plus que les battements fous de mon cœur.
- C'est frustrant de savoir la vérité et de le voir mentir comme ça, souffla Hugh.
Je hochai la tête. Tout de suite sa folie paraissait plus évidente. Et l'on ne comprenait pas comment les autres pouvaient être si aveugles.
- En attendant ne t'inquiètes pas pour ton père, me rassura Caleb, si ton frère décide de vraiment l'accuser, ma mère témoignera qu'il est venu te chercher et s'est montré violent.
Mon cœur s'affola encore à cette pensée. Il était hors de question que je mêle sa mère à cette histoire, on ne savait plus ce que Nathanael était capable de faire ça à présent. Il était prêt à tout, pouvait blesser n'importe qui sans même une quelconque raison...
- Non, il ne vaut mieux pas... Je ne veux pas qu'il s'en prenne aussi à ta mère ou à toi.
- Ta mère n'a pas besoin de témoigner, avança le garçon aux dreads, tu te rappelles des vandalismes de l'année dernière ? Depuis notre quartier est surveillé par quelques caméras. Il y en a une à deux maisons de chez toi, ça fait une preuve plus solide.
- Hugh, tu ferais un bon avocat ! me moquai-je.
Il me lança un superbe sourire, apparemment flatté du compliment. Caleb sourit aussi mais s'arrêta aussitôt, une idée en tête. Il jeta un regard dans le couloir puis se tourna à nouveau vers moi.
- Notre décision de cette nuit tient toujours ?
Je répondis positivement et il me dit ce que je devrais faire, une fois seule. Je leur demandais ensuite de sortir pendant quelques minutes le temps que je me soigne... Je ne voulais surtout pas qu'ils voient mon corps meurtri. Caleb en avait déjà assez vu la dernière fois et j'en avais encore honte. Quand ils refermèrent la porte derrière eux, je me redressai toutefois ma blessure m'empêchait de me plier davantage.
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Let it burn
Tajemnica / Thriller« La première fois qu'il a essayé de me tuer, il avait six ans et j'en avais trois. » Joyce, maintenant âgée de 17 ans, subit depuis son plus jeune âge les perversions étranges de son grand frère, Nathanael. À travers sa pyromanie, celui-ci dévelo...