Chapitre 15

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« Am I alive or just a ghost haunted by my sorrows ? »

- Et j'ai besoin que tu me promettes quelque chose...

Ses mains se serrèrent autour de mon cou d'une manière beaucoup plus délicate cette fois et me reculèrent légèrement de son corps brûlant, pour que nos regards se croisent et s'épinglent. Que voulait-il que je promette ? Que voulait-il que je fasse pour lui, encore, alors que lui ne me faisait jamais une seule faveur ? J'essayai de cacher ma surprise mais surtout de reprendre mes esprits, cesser de pleurer comme une pauvre enfant et lui faire croire, ne serait-ce qu'une seule seconde, que j'étais plus forte que tout cela... Plus forte que lui, plus forte que tous ces sentiments qui me bousillaient.

D'un mouvement de tête, il me demanda l'autorisation de continuer et comme je ne répondais pas, il se l'octroya lui-même :

- Quoique fasse ou quoique dise Kenneth - et je sais qu'il va tout tenter, j'ai besoin... il faut que tu restes avec moi, chuchota-t-il d'un air convaincu. Tu m'entends ?

Je secouai la tête, pas sûre de tout comprendre. Je n'étais pas certaine de percevoir la vraie portée de ses mots. Il était si déterminé, et effectivement, ce qu'il me demandait semblait lui être vitale. Que se passerait-il si je refusais ? Avais-je ce choix là de toute manière ?

Ses deux mains attrapèrent mon visage en coupe et de ses pouces, il chassa quelques larmes qui avaient résisté sur ma peau. Ses émeraudes sondaient mon regard sombre, essayant en vain de me convaincre et d'une certaine manière, m'hypnotiser... par la terreur.

- Joyce, c'est sérieux ! insista-t-il. Il va tout faire pour nous séparer, ça fait des années qu'il veut le faire et il ne va pas laisser tomber. Et à un moment ou un autre, tu devras choisir...

- Et ? rétorquai-je indifférente.

Il s'attendait visiblement pas à cette réponse de ma part car sa réaction fût tout d'abord inexistante puis son visage prit rapidement des teintes rouges sous l'irritation. Il fronça les sourcils, pinça les lèvres et pencha la tête, tout en me lâchant. Il se recula un peu comme pour avoir une vision d'ensemble et peut-être percevoir quelque chose qui lui aurait échappé dans mon comportement.

- Quoi ?

- Et alors ? Pourquoi je devrais rester avec toi alors que tu ne me voues que de la haine ? Je ne suis pas ton espèce de punching-ball auquel tu peux t'en prendre à chaque fois que ça va pas, encore mois un animal de labo qu'on veut garder auprès de soi pour accomplir toutes ses expériences. Alors, je ne vois pas où est le problème ? Tu me hais tellement, Nate, je crois que ça nous arrange tous les deux si on vit chacun de notre côté.

Après les pleurs, la colère arrivait à grands galops. J'avais juste peur de me laisser emporter par ma haine et de ne pas contrôler mes paroles. Déjà, ce que je venais de lui dire, ne lui plaisait pas du tout. L'incompréhension l'avait premièrement habité puis la frustration encore une fois avait pris possession de son corps, dessinant lentement ses veines le long de ses bras ou de ses tempes. Il me quitta du regard et regarda plutôt au loin, dans le vide.

- Je viens de te dire que je t'aimais ! bouillonna-t-il les dents serrés.

Ce fut comme un déclic soudain dans ma tête ; son comportement m'était alors tout à fait compréhensible. S'il était revenu, s'était montré attendrissant, m'avait loué un tel aveu c'était pour cela, c'était uniquement pour ça... Que j'accepte de rester à ses côtés. Il n'en pensait sûrement pas un seul mot, il m'avait amadoué et j'étais soulagée de ne pas l'avoir cru. Déçue mais soulagée et quelque part, fière de moi. La spécialité de Nathan était de jouer avec les sentiments des autres et de les réduire à néant, ne les transformant qu'en vulgaire pantin. Il avait capté la faiblesse humaine et s'en servait sans peine : un véritable tyran.

Let it burnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant