Chapitre 26

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« You must have been in a place so dark

You couldn't feel the light, reaching for you

through that stormy cloud. »

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« You just disappeared, completely.

You reduced screams to silence, turned the fire into ice. »






           J'éteignis tout dans la salle, eu à peine le temps de rassembler mes affaires que la porte s'ouvrit à la volée. Des cris enfantins me firent sursauter ; habituée au calme depuis des heures, je fus surprise par tant de vacarme. Et déçue que l'on vienne empiéter dans ce lieu qui semblait m'appartenir maintenant. J'avais l'impression que l'on me volait quelque chose d'intime... Le peu de privé que j'avais partagé avec Nathanael s'était déroulé ici et je voulais que ce lieu ne reste qu'entre nous.

C'était sans compter mes deux demi-frères qui me fonçaient droit dessus, des sourires pendus au visage - sourires qui ne me faisaient plus aucun effet. Leur joie ne m'atteignait pas, elle me paraissait même déplacée et disproportionnée. Mais leur cœur d'enfants ne leur permettait peut-être pas de comprendre la situation. Même moi, je ne la comprenais pas réellement.

Jery fut le premier à littéralement se jeter sur mes jambes en répétant mon prénom de nombreuses fois. Et à en juger les bras que me tendaient ensuite Judd, j'en déduisis que je leur avais vraiment manqué durant ces deux derniers mois. Eux aussi m'avaient manqué. Pourtant, ces retrouvailles provoquèrent une immense tristesse en moi car toutes mes pensées se tournèrent vers Nathanael et vers l'idée que, lui, je ne le retrouverai plus jamais. J'ignorai néanmoins cela. J'ignorai le nœud dans mon estomac ou dans ma gorge, le mal de tête qui venait de se déclencher, l'horrible sensation qui me pinçait le cœur. J'ignorai mes larmes infinies ; j'éteignis la douleur pour recevoir l'élan d'amour qui m'était offert à ce moment.

En relevant la tête, je croisai le regard de mon père. Il se tenait à l'entrée de la salle avec méfiance et arborant toujours cet air de chien battu. Je compris à sa posture qu'il n'était pas capable de rentrer, cet endroit l'effrayait ou l'attristait trop... J'avais envie de lui cracher au visage la vérité. Lui dire que dans cette salle, Nate avait été plus heureux que triste et que la souffrance vécue ici n'était rien comparée à celle qu'il avait subi toute sa vie. Que la souffrance mentale avait toujours été plus forte que celle physique. Mais ma voix m'avait abandonné... Face à cet amont de rancœur, je me rappelai surtout que l'on était censé se voir pour qu'il m'avoue tout. Et non pour de sympathiques retrouvailles familiales. Je me relevai alors brusquement, m'éloignant de Judd et Jery.

- Ça ne devait être que nous deux ! m'exclamai-je d'une voix rêche.

Il voulut parler tout de suite mais il buta sur ses mots, comme au bord des larmes, avant de se reprendre dans un raclement de gorge :

- La sœur de ta mère est arrivée avec sa famille. Ils voudraient te voir et je dois venir également pour que nous finissions d'organiser les obsè... enfin la cérémonie de demain.

Sa révélation me mit hors de moi. J'essayai de me contrôler, de refouler ma colère comme je l'avais jusqu'à présent mais une insupportable chaleur s'accapara de mon corps. Et cette fois, je ne pus garder ça pour moi.

- Je m'en fous ! hurlai-je hystérique. Tu devais me dire ! Tu m'avais promis que tu le ferais avant demain, t'as vraiment aucune parole ! Tu dois me le dire.

Let it burnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant