Chapitre 8

362 32 2
                                    

Je ne voulais pas me débarrasser de cette épreuve mais autant Ronan que moi tournions en rond dans l'appartement sans ouvrir la bouche... Il me conduisit à l'entreprise de pompe funèbre, dans sa voiture. C'était la première fois que je montais avec lui. Je fus surprise de voir comme sa conduite était délicate. En comparaison, celle de mon père était bien plus brusque.

Nous allions devoir escorter ensuite le corbillard jusqu'à l'église où aurait lieu la cérémonie. Je n'avais pas demandé à Del de me retrouver ici, elle m'attendait à l'église. Je n'avais pas voulu lui imposer une épreuve de plus. C'était mon fardeau et elle n'avait pas à le supporter. Je n'avais pas eu de nouvelles de sa part. Elle m'avait juste envoyé un texto pour m'avertir qu'elle était rentrée de sa soirée avec Thomas et que cela s'était très bien passé. J'étais contente pour elle.

Une boule d'angoisse avait pris naissance dans ma gorge depuis la mort de mon père mais elle était de plus en plus présente et je finis par douter de pouvoir faire le discours prévu pendant la cérémonie. J'avais l'impression que je ne pourrais plus jamais parler. J'avais tellement peur de m'effondrer. Pourtant, il fallait que je tienne. Au moins encore un peu. Ensuite tout serait fini et je pourrais recommencer à vivre. Sans lui... Je n'étais pas sûre d'y parvenir...


Les quatre officiers qui porteraient le cercueil étaient présents à mes côtés. Ils étaient les seuls. A ma demande. Je ne voulais pas que tout le monde soit autour de moi pour cet instant. J'avais besoin d'un peu d'espace. Si toute l'équipe avait été présente à ce moment, je me serais sentie envahie. Les autres nous attendaient, à l'église, avec ma meilleure amie.


Mon père était fils unique, mes grands-parents paternels tous les deux décédés des années plus tôt, je me retrouvais bel et bien sans famille.


Je ne connaissais pas personnellement les trois autres hommes, je savais qu'ils s'appelaient John, Garrett et Zachariah et qu'ils étaient des amis de mon père. Celui-ci, de son vivant, évoquait peu le travail et encore moins ses collègues, je ne savais pas pourquoi. Et pourtant, ces trois-là figuraient sur quelques photos que mon père conservait. C'était sans doute la raison pour laquelle quand Ronan m'avait donné leur nom pour porter le cercueil, je n'avais pas vraiment été étonnée.

Nous entrâmes ensemble dans la pièce qui contenait le cercueil de mon père. Ce n'était pas une chambre funéraire à proprement parler puisqu'il n'y avait pas de corps entre ces planches de bois. La cynique en moi pensait que notre recueillement était stupide : ce n'était pas en étant là qu'on pouvait être plus proche de lui puisqu'il n'y était même pas physiquement... Mais cela m'avait fait du bien de pouvoir passer du temps en face de ce cercueil et de la photo de mon père, que j'avais choisi. J'avais l'impression de pouvoir lui parler, comme avant... Même s'il n'allait pas répondre, évidemment...


Je pris la parole pour la première fois depuis que Ronan et moi avions commencé à nous préparer pour la cérémonie.


 - Je sais que mon père aurait été très ému de la part que vous prenez dans tout ça. Je voulais donc vous remerciez tous les quatre de ce que vous avez fait jusqu'à maintenant mais aussi pour ce que vous vous apprêtez à faire. 


Je ne pus aller plus loin dans ma démonstration de reconnaissance : ma voix devins silencieuse sans que je le veuille et les larmes menacèrent de me submerger. Je ne pouvais pas me laisser aller à ce moment, j'avais besoin d'être forte encore quelques dizaines de minutes. Si je m'effondrais maintenant, je ne pourrais pas prendre encore la parole pendant la cérémonie...

Tegan, fille de flicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant