Chapitre 33

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Je fixais ma montre du regard. Il ne pouvait pas être si tard, si ? Je n'avais même pas remarqué que j'avais pris la fuite en début de soirée. Mais le temps que Del arrive jusqu'à moi puisque nous roulions toutes les deux. Il était désormais minuit. Nous avions eu de la chance de trouver ce café d'ouvert. Et il semblait rester ouvert pendant encore longtemps. Je me sentais bien dans ce lieu. C'était comme si les dernières semaines n'avaient pas existées. Je me sentais enfin libre.

- Et qu'est-ce que tu vas faire pour ta relation naissante avec Ronan ?

Notre conversation avait changé de teneur. Et elle était bien plus sérieuse désormais. Cela me donna des frissons dans le dos. J'avais peur. Je m'étais attachée à Ronan. Beaucoup trop, vu à quel point j'avais été blessée par son mensonge...

- Je sais que je ne peux pas te dire quel est le mensonge de Ronan, mais je peux t'affirmer qu'il est de ceux qui peuvent conduire un couple marié et qui s'aime depuis des années droit au divorce. Je suis sûre que, quand je pourrais te mettre au courant, tu ne voudras plus non plus lui adresser la parole. Alors tu vois, notre relation naissante comme tu dis, elle est déjà aux oubliettes...

Je haussais les épaules. Del allait être furax de voir, qu'une fois encore, mon hypothétique bonheur était bousillé. Elle s'imaginait que je ne pourrais pas vivre sans mon prince charmant et désespérait de plus en plus de me voir seule. Et pourtant je lui répétais chaque fois que je vivais très bien mon célibat. Mais elle ne voulait ou ne pouvait pas comprendre. Ou alors elle croyait que je n'étais pas aussi heureuse que lorsque j'étais en couple.

Mais je ne voulais pas d'un copain comme Ronan. Je préférais encore finir ma vie seule que de vivre avec un homme qui m'avait mené en bateau depuis le début...

Finalement, à deux heures du matin, nous finîmes par payer notre addition, en liquide, avant de retourner vers la voiture de Del. Le café où nous nous étions arrêtés était ouvert 24h/24H ce qui était une véritable chance pour nous. Ma meilleure amie avait les yeux explosés et, nous savions toutes deux que Ronan devait nous attendre chez elle. Il n'avait aucun moyen de déterminé notre trajectoire mais il se doutait que nous finirions par arriver là-bas.

J'aurais été lui, je nous aurais attendu là-bas directement...Il nous fallait un plan digne de ce nom avant de reprendre la route. Mais de toute façon Del ne pouvait pas conduire, elle était trop fatiguée. Alors nous n'allions pas reprendre la route. Je sentis une boule de stress s'évaporer à cette pensée. L'idée de revoir Ronan me rendait vraiment malade...

Que Del ait répondu à mon appel sans poser de question, qu'elle ne me demande rien à propos du mensonge. Tout cela me montrait à quel point elle me faisait confiance. Si les rôles avaient été inversés, je n'étais pas sûre que j'aurais pris aussi bien la nouvelle... Je n'aurais pas accepté de ne pas savoir... Devrais-je lui dire ? Mais cela mettrait mon père en danger si plus de monde était au courant...

Nous finîmes par décider de dormir dans sa voiture. Ouf qu'il ne faisait pas très froid, ce serait tenable pour quelques heures de repos. Sinon nous aurions eu vraiment très froid.

Mais ce n'était pas la première fois que nous dormions dans sa voiture. C'était déjà arrivé après quelques soirées un peu trop arrosées. Aucune de nous n'aurait pris le risque de mettre la vie de l'autre en danger. Alors nous restions dans sa voiture, pour nous reposer avant de reprendre le volant. Il y avait même deux couvertures dans son coffre.

Chacune de nous bascula son siège et s'enroula dans une couverture. Je me roulais en boule, tournée vers Del. Je me sentais presque parfaitement bien, en dépit des circonstances. Ma meilleure amie me soutenait et cela me faisait chaud au cœur. Pour la première fois depuis l'enterrement je retrouvais une certaine sérénité.

Tegan, fille de flicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant