Chapitre 23

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Après avoir capitulé sur ce départ, j'aurais voulu pouvoir sortir prendre l'air. Ronan m'avait expliqué que je devrais rester enfermé avec lui dans un appartement et j'avais besoin d'espace et d'ouverture sur le monde. Alors j'aurais voulu me balader en ville, en profiter au maximum avant de ne plus pouvoir. La réponse de mon protecteur avait été sans appel.

- Il est absolument hors de question que tu mettes les pieds dehors. Tu es en danger Tegan. Des personnes malintentionnées veulent ta mort. Tu ne peux pas être libre de tes mouvements si tu souhaites rester en vie. Tu restes ici jusqu'à ce que l'on exécute le transfert vers une résidence sécurisée, loin d'ici.

J'étais restée calme, je n'avais pas répondu. J'étais tellement en colère qu'il ne prenne pas en compte ce dont j'avais besoin... J'étais presque certaine qu'une sortie en ville n'était pas vraiment un danger. Et j'aurais même été prête à accepter d'avoir des flics dans les pattes si cela pouvait le rassurer sur ma sécurité. Mais il avait refusé. Il avait dit non.

Je pris nos tasses de café, que je rapportais à la cuisine pour les nettoyer. Je restais impassible. Je n'allais pas me mettre à lui crier dessus. Je devais prendre en compte le fait que Ronan ne voulait que mon bien.

Mais bon sang ! C'était si dur à admettre pour lui que j'avais aussi des envies, des choses que je devais faire pour me sentir un peu mieux ? Pourquoi n'essayait-il pas de se regarder la situation de mon point de vue ?

Je frottais ma tasse depuis plus d'une minute. Elle était parfaitement propre, il n'y avait plus de tâche. Mais cela m'aidait à garder ma colère en moi. Je ne devais pas lui crier dessus. Il était adossé à la porte.

- Tegan, ...

- Non. C'est bon ok ? Tu as dit non.

- Tegan, je...

Je jetais la tasse dans l'évier.

- J'ai envie de prendre l'air et tu as dit non. Tu as pris une décision. Maintenant fiche moi la paix avec ça !

Et je pris la fuite. Je m'enfermais à double tour dans ma chambre. J'entendis Ronan s'approcher de la porte. Il n'essaya pas de l'ouvrir, il s'adossa simplement à elle et se laissa glisser sur le sol. Je m'étais recroquevillée sur mon lit, un oreiller entre les bras.

- J'ai besoin d'air Ronan. De voir le ciel, de sentir le vent dans mes cheveux. J'ai besoin de ça encore plus en ce moment parce que tu veux que j'aille m'enfermer dans un lieu que je ne connais pas et pour une durée indéterminée. Je t'ai demandé pour sortir. J'aurais été prête à accepter des conditions pour pouvoir aller respirer l'air dehors. Mais tu as refusé en bloc sans même m'écouter. Alors excuse-moi de ne pas vouloir voir ta tête de chien battu ni de vouloir entendre tes excuses parce que je me sens mal. Tu m'as dit non et c'est ok pour moi. Maintenant tu assumes les conséquences de ta décision s'il te plait !

Je tentais d'appeler Del. Je savais que c'était une mauvaise idée puisque j'avais décidé de la laisser dans l'ombre. Mais je voulais entendre sa voix. Elle ne répondit pas. Elle devait probablement être en cours. Je lui laissais un message pour lui expliquer que je devais quitter la ville mais que je reviendrais vite. Je l'informais aussi que si elle avait besoin elle pourrait contacter un membre de l'équipe de mon père.

Je n'étais pas très rassurée à l'idée de la laisser toute seule dans cette ville après ce qu'il s'était passé. Mais je n'avais pas le choix... J'espérais que les policiers pourraient la protéger de ce monde pendant que je serais absente... J'aurais bien aimé pouvoir l'emmener avec moi.

- Tegan, on doit parler de notre départ. Tu peux sortir s'il te plait ?

Tiens, Ronan avait retrouvé la parole. Après mon coup d'éclat il n'avait rien dit.

- On peut parler à travers la porte. Je reste où je suis.

J'avais conscience d'agir comme une enfant. Mais j'étais encore un peu en colère. Cependant il ne sembla pas surpris.

Deux heures plus tard, j'étais à l'arrière d'une voiture dont les vitres étaient tintées. La seule chose qui m'accompagnait était mon sac à main. Je ne connaissais pas le chauffeur, mais je savais qu'il avait l'habitude de ce genre de situation. Ronan m'en avait très peu dit, comme d'habitude. Mais je ne voulais pas non plus en savoir plus.

- Salut Pap's, dis-je en arrivant sur sa tombe.

J'avais négocié ce passage par le cimetière avant notre départ. Cela n'avait pas été simple de l'obtenir. Ronan aurait voulu pouvoir me téléporter directement dans un lieu sécuritaire. Mais je n'étais pas une forte tête pour rien. Et puis, il s'en voulait de m'avoir refusé une sortie en ville et j'avais joué sur sa culpabilité. Ce n'était pas très gentil de faire cela mais je voulais prendre l'air. Je n'avais pas envie de partir pour m'enfermer dans un lieu inconnu.

- J'espère vraiment que tu ne vois pas tout ce bordel sur terre. Cela aurait été tellement plus simple si tu avais été, je ne sais pas moi, livreur de pizza. J'aurais été certaine de ne courir aucun risque. Après tout, les livreurs de pizzas sont plutôt appréciés, non ? Je sais que ton boulot était tout pour toi et que tu n'aurais pas pu autant t'épanouir sans ça. Je sais que tu as vécu une heureuse vie. Et pourtant, sa fin tragique me désole.

Je finis par me relever. J'effaçais les quelques larmes qui avaient roulées sur mes joues avant de rejoindre la voiture qui allait m'emmener loin d'ici. Le chauffeur était resté derrière moi tout le long de notre sortie. Mais il s'était tenu à l'écart, me laissant mon intimité, ce que j'appréciais. Ronan, lui, serait resté à moins d'un mètre de moi, ne respectant pas mon besoin de solitude. Mais il n'était pas là. Il me rejoindrait directement là-bas. En fait, il devait déjà être arrivé.

Je repris ma place à l'arrière de la voiture. Le chauffeur alluma la radio qu'il baissa au minimum, pour avoir un simple bruit de fond. Je me murais dans le silence et il respectait cela. Il semblait attentif à tout ce qu'il se passait, c'était son métier après tout, alors que je me plongeais dans mes pensées, oubliant le monde réel.

Je n'avais pas eu de nouvelles de Del depuis mon coup de téléphone et j'avais dû laisser mon portable chez moi... Cela n'était pas pour me rassurer. Ronan avait dû me promettre que Jim passerait chez Del pour lui parler pour que j'accepte enfin de quitter mon appartement.

Tegan, fille de flicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant