Chapitre 28

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Dans l'idée, j'aurais bien voulu rester seule encore un peu. Mais les circonstances n'étaient vraiment pas idéales alors bon...

Il entra dans la pièce, attrapa un pouf qu'il tira derrière lui jusqu'à se retrouver en face de moi. Je ne bougeais pas, le dévisageant. J'attendais qu'il me parle.

Il soupira, l'air de dire que je ne rendais vraiment pas les choses faciles. Il avait raison. Mais je n'avais pas envie d'être gentille. Je voulais juste être une peste pour le moment. Et je pouvais être une peste uniquement avec Ronan... J'entendais d'ici Del me gronder pour mon comportement. Elle m'aurait dit que j'étais vraiment infernale, que Ronan n'était là que pour m'aider et qu'il n'avait rien demandé. Et j'aurais probablement soupiré. Elle aurait continué à dire que mon père aurait voulu que je sois gentille avec son agent. Bon elle n'aurait pas eu tort, je lui aurais donné raison et je n'aurais sans doute pas modifié mon comportement pour autant.

- J'ai reçu un appel il y a quelques minutes. On doit faire une réunion avec les autres membres de l'équipe. Mais il y a un risque qu'ils soient suivit donc ils ne peuvent pas venir ici directement. Donc nous allons devoir sortir.

Je ne pouvais pas le croire. Nous allions sortir.

- C'est sérieux ? Genre on va pouvoir mettre le bout du nez dehors ? Vraiment ?

Ronan me dévisagea, comme si j'étais devenue folle. Alors cela voulait dire que c'était vraiment vrai. Je me levais d'un coup et lui sautait au cou.

- Oh ! Non mais c'est super ça !!

Ronan ne semblait pas aussi ravi que moi. Je le relâchais après quelques secondes, me rendant compte que ce n'était pas forcément très approprié de me comporter ainsi.

- Je suis désolée... Je vais me reprendre.

Il sorti de la bibliothèque, je le suivis en sautillant. J'étais un peu surexcitée. Je souriais un peu pour rien. J'étais juste heureuse de pouvoir sortir.

Pour la première fois depuis l'enterrement, j'avais un sourire qui montait jusque dans mes yeux, un vrai sourire de bonheur. Et je savais que Ronan l'avait remarqué. D'ailleurs, son expression s'était modifiée quand il avait vu à quel point je me réjouissais de pouvoir sortir.

Je rangeais le livre que j'avais fait tomber par terre avant de sortir de cette pièce. Même si elle m'avait donné un peu d'apaisement, j'étais contente de la quitter.

Ronan était dans la cuisine, je le rejoignis. Il était en train de préparer deux tasses de café. Cela voulait dire qu'il avait besoin de me parler. Il resta silencieux. Même s'il avait semblé heureux de me voir sourire, je voyais bien qu'il était inquiet. Je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi.

Il me tendit une tasse et pris la sienne pour aller dans le salon. Je le rejoignis et m'assis par terre, sur le tapis. Il sembla étonné, mais fini par faire comme moi.

- Ecoute Teg, je sais que tu es ravie de pouvoir sortir. Mais ta vie est toujours en danger d'accord ? On est intouchables dans cet appartement à cause des mesures de sécurités. Mais si les autres sont suivis, il se peut que les meurtriers de ton père retrouvent ta trace. Ou alors ils l'ont déjà retrouvé et on va leur donné accès à toi en sortant. On va devoir prendre des précautions pour éviter cela.

J'écoutais le discours de Ronan. Je voyais bien qu'il était inquiet. J'aurais voulu pouvoir le rassurer et lui dire que tout allait bien se passer. Mais je devais bien admettre que sa nervosité me touchait aussi. Je ne me sentais plus aussi à l'aise à l'idée de sortir. Même si je n'arrêtais pas de râler pour pouvoir sortir, j'avais appris à vivre dans cet appartement, juste Ronan et moi. Même si cela ne faisait que quelques jours et que la situation était nouvelle. Je m'habituais à mon protecteur. Je lui faisais confiance.

Il m'expliqua rapidement les mesures qui seraient prises. Je l'écoutais attentivement.

J'allais enfin avoir des contacts avec le monde extérieur. Cette pensée tournait en boucle dans ma tête et j'avais du mal à me concentrer sur ce que Ronan me disait. Mais je savais que ce dernier ne m'en tiendrait pas rigueur. Et puis, je pourrais toujours poser des questions plus tard.

- Tu crois qu'ils peuvent prendre Del avec eux ? Votre réunion va être ennuyante à mourir pour la simple citoyenne que je suis. Ce serait cool que je puisse avoir ma meilleure amie non ?

La phrase était sortie toute seule, avant que j'aie pu réfléchir. Ronan leva les yeux au ciel. Je soupirais. Je savais que ce n'était pas possible bien sûr. Mais ma meilleure amie me manquait et je n'avais aucun moyen de la contacter pour la tenir au courant de ce qu'il se passait.

- Tegan est-ce que tu m'as écouté au moins ?, demanda Ronan avec une voix lasse.

J'hochais affirmativement la tête avec enthousiasme. Il sourit.

Il se releva et me tendis la main pour m'aider. Je la saisis avec joie. L'idée de cette sortie me ravissait vraiment. En temps normal, j'aurais refusé l'aide de Ronan et me serait relevée seule alors que je l'avais laissé faire. Mais je me sentais bien.

Il m'informa que nous partirions une heure plus tard. Je montais dans ma chambre, pour me préparer.

Je passais un jean noir avec un débardeur. Je pris ma trousse de maquillage dans mon sac à main pour mettre un peu de mascara. Ce n'était rien d'exceptionnel, mais je voulais faire un effort. J'étais nerveuse à l'idée de sortir, même si cela me rendait heureuse. Je ne savais pas ce qu'il allait se passer. Je crois que j'avais aussi peur de ce que les équipiers de Ronan allaient nous apprendre...

Je retrouvais Ronan quinze minutes avant l'heure. Il s'était lui aussi changé, un jean bleu, un peu délavé, remplaçait l'espèce de short informe qu'il portait en intérieur. Et il avait mis une chemise noire.

Je lui souris. Il soupira en constatant que mon excitation n'était toujours pas retombée. Il me tendit une grosse paire de lunettes de soleils et un chapeau pour dissimuler mon visage. Ce fut à mon tour de soupirer. Mais je ne protestais pas. C'était un bien faible prix à payer pour avoir la chance de mettre le nez dehors.

Il déverrouilla la porte et sorti, je le suivis en sautillant. Il fallait vraiment que je me calme.

- On va où ? Tu m'as pas dit !!

- Un centre commercial pas très loin d'ici, répondit-t-il laconiquement.

Il semblait stressé mais je ne voulais pas qu'il me gâche cette sortie, j'avais tellement attendu pour pouvoir voir le monde extérieur et je ne savais pas quand se reproduirait une pareille opportunité. Je voulais en profiter à fond.

- Tegan calme toi, on va nous repérer, dit-il, quand je commençais à descendre les escaliers en sautant comme une enfant.

Je soupirais, cherchant une excuse pour continuer à faire la folle. C'était vraiment pas juste qu'il me refrène ainsi alors que je voulais juste m'amuser un peu avant de retourner en prison.

- Non c'est pas vrai. On pensera simplement que je suis ravie de me promener en compagnie d'un très bel homme. Bon, par contre, il va falloir que tu adoptes une tête qui irait avec une promenade en amoureux Ronan.

Ronan ne comprenait pas de quoi je parlais, je le voyais à sa tête. Je devais avouer que mes explications foireuses n'étaient pas très claires. Mais je voulais m'amuser.

Sans le laisser prévoir, je m'approchais de lui et, avec mes doigts tirait ses lèvres vers le haut pour imiter un sourire.

- Comme ça, c'est bien. Tu as l'air insouciant.

- Et a quoi cela me sert ?

Je m'accrochais à son bras.

- Tromper l'ennemi est primordial, c'est toi qui me l'a appris. Là, on a l'air d'un petit couple sans histoire. Alors que sinon, avec ta tête, tu as l'air d'un garde du corps. On va se faire repérer, dis-je d'un ton très sérieux, répétant la phrase qu'il n'arrêtait pas de dire. Et puis, rajoutais-je, tu pourrais au moins faire semblant d'être heureux d'être avec moi. Je suis une fille super quand même !

Rien ne pourrait m'enlever la joie de cette promenade en ville. Et Ronan commençait seulement à le comprendre. Mais il prit le parti de jouer le jeu, et je le senti enfin se détendre un peu. Bien sûr, il restait sur ses gardes. Mais comme je respectais les règles qu'il avait posé, et que je restais prêt de lui - j'étais toujours accrochée à son bras - il commença à être rassuré. Un peu.

Tegan, fille de flicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant