Chapitre 11

298 28 2
                                    

Je me réveillais deux heures plus tard, le nez encore dans mon livre. Je sentais mon corps tout en sueur, même si je n'avais aucun souvenir, j'avais probablement fait un cauchemar...

La lampe de mon salon était éteinte et j'entendais la respiration calme et apaisée de Ronan sur le canapé. Mon cœur, qui s'était emballé, sans que je m'en aperçoive, commença à ralentir, ma respiration également, se calant sur celle de mon colocataire d'une nuit.

Je pensais à notre conversation, juste avant que je ne me repli dans ma chambre. Je n'avais jamais regretté une parole prononcée, même sous le coup de la colère. J'avais un tempérament explosif et mon entourage n'avait qu'à s'adapter. Est-ce que réagir faisait de moi une égoïste ? Si certains le pensaient tant pis pour eux. Je savais comment j'étais et j'arrivais à ne pas blesser les personnes auxquelles je tenais vraiment en m'éloignant avant de prononcer des paroles impardonnables.

Alors le coup d'éclat que j'avais eu face à Ronan ne me pesait pas sur la conscience. Surtout qu'il avait payé. Il m'avait dit qu'il allait faire ce qu'il pouvait.

Je posais un marque-page dans mon livre, cadeau de Del pour mon anniversaire. Je laissais ce dernier sur ma table de nuit. Je passais dans la salle de bain pour prendre un verre d'eau. Normalement je serais allée dans la cuisine, mais j'aurais risqué de réveiller Ronan. Je n'avais pas vraiment envie d'avoir une conversation à cœur ouvert et je savais que je risquais d'en dévoiler un peu trop sur mes émotions si nous nous mettions à parler.

Je m'allongeais sur mon lit. Mais après plus d'une heure à me tourner dans tous les sens pour trouver le sommeil, je finis par me rendre à l'évidence, je n'allais pas pouvoir dormir plus. Mon corps refusait de se reposer. Je n'avais pas envie de lire, ou de travailler, même si j'avais beaucoup de retard. Je pris ma tablette pour regarder des vidéos un peu idiote sur le net, en attendant une heure décente pour me lever.

Quelques heures plus tard, alors que Ronan commençait à s'agiter dans le canapé, je décidais que je pouvais commencer à me préparer. Je devais être prête à retourner en cours. Je passais sous la douche, me maquillais très légèrement, avant de me tourner vers ma garde-robe. Je choisis un de mes jeans préférés ainsi qu'un tee-shirt très classique. Je mettrais mes converses et tout serait très bien. Je passais dans la cuisine pour préparer du café, autant pour moi que pour l'ours qui venait d'émerger de mon divan. Ronan n'était pas du matin, il ne fallait pas lui parler avant qu'il ait avalé un café, je me contentais de lui tendre sa tasse.

On sonna à ma porte et je m'y précipitais pour aller ouvrir. C'était Jim, un membre de l'équipe de mon père. Il venait prendre la relève de son collègue. Il était plutôt jeune et pouvait passer pour un étudiant, c'est pour cela que c'était lui qui s'occuper de me baby-sitter ce matin-là. Nous étions partis tous les deux en cours mais il m'avait très vite laissé seule, quand son chef l'avait prévenu de la levée des mesures de protections à mon encontre. Je l'avais remercié de son attention à mon égard, et j'avais également envoyé un SMS à toute l'équipe pour que chaque homme sache que j'avais apprécié d'être à leur coté ces quelques jours, et que ma porte leur était toujours ouverte s'ils voulaient me parler. Je crois qu'un lien très fort s'était créé entre nous en quelques jours. On ne pouvait pas traverser une pareille épreuve sans se sentir attachés les uns aux autres et cela m'aurait attristée de ne plus avoir de leurs nouvelles.

Fière de cette liberté retrouvée, j'en avais profité pour organiser une sortie le soir même. Je l'admets, je n'avais pas spécialement la tête à faire la fête et j'étais épuisée. Je ne dormais presque plus, mon corps refusait littéralement le sommeil... Del avait bien vu que quelque chose n'allait pas et elle avait pris les choses à bras le corps en organisant une soirée avec Thomas, un pote à lui et moi. Une sorte de rendez-vous arrangé. Cela me fit doucement sourire quand celle-ci me fit part de son idée, elle savait à quel point j'étais cynique avec les hommes et il n'y avait pas de raison que cela soit différent avec Benjamin. Mais pour une fois, j'avais laissé mon scepticisme de côté, j'avais besoin de voir autre chose que mon studio pour le moment. J'avais aussi l'espoir que sortir me fatiguerait au point que le sommeil ne me fuirait plus. Je savais qu'il fallait que je dorme plus de deux heures par nuit. Je n'allais pas pouvoir tenir le rythme encore longtemps, j'en étais bien consciente... Mais je n'avais pas encore réussi à trouver comment fuir mes cauchemars. Je savais que c'était eux qui m'empêchaient de dormir...

Au travail, Éric avait été plein de sollicitude envers moi. Sa gentillesse avait failli déclencher une crise de larmes. Je sentais son regard dès que je m'éloignais un peu de lui et lorsque tous nos clients étaient servis, il restait à côté de moi. Il s'était permis de me prendre dans ses bras à mon arrivée, mais ensuite, il n'avait plus tenté de me toucher. Je lui en étais reconnaissante, j'aurais été capable de m'enfuir.

En temps normal, je supportais plutôt stoïquement les contacts physiques avec les autres. Mais dans les circonstances actuelles, je n'étais sûre de rien...

Je l'avais vu à l'enterrement, mais je n'avais pas eu le courage de lui parler. Il l'avait compris parce qu'il était lui, il n'avait donc pas tenté de venir me parler. Il savait qu'il avait fait ce dont j'avais besoin en me montrant son soutien en étant présent.

Il s'approchait d'un meilleur ami pour moi et j'étais heureuse de voir que je pouvais me reposer sur lui. Il faisait partie de mon équilibre. Dès notre rencontre j'avais su qu'il serait quelqu'un d'important dans ma vie et je ne m'étais pas trompée.

Ma première journée après l'enterrement s'acheva rapidement, j'étais de retour dans mon appartement à quatorze heures. Il me restait encore cinq heures avant de devoir rejoindre Del à son appartement.

J'avais préparé une tasse de café et je m'étais installée sur mon canapé, en tailleurs, ma tablette sur les genoux pour travailler un peu. Il fallait bien que je rattrape mon retard de ces derniers jours.

Dans le même temps, j'avais allumé la télévision et j'avais zappé jusqu'à trouver un téléfilm abrutissant que je suivais dans les grandes lignes tout en relisant mes cours.

Tegan, fille de flicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant