Il n'y avait dans le palais aucune activité faite pour occuper les soirées si ce n'était parcourir les jardins, s'enfermer dans la bibliothèque ou bien compter le nombre de vitraux présents dans la grande salle, derrière le trône du Roi. Habituellement, Méryl optait pour les jardins, s'y réfugiant et y passant de longues heures, attendant que la lune daigne pointer le bout de son nez ou bien que les premiers nocturnes poussent la chansonnette, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle avait opté pour la fontaine dans la cour intérieure, s'asseyant sur le rebord de celle-ci et jouant avec les quelques gouttes d'eau ayant le courage de venir l'éclabousser. Parfois, sa mère venait ici quand elle semblait pensive et parfois même elle l'y emmenait en lui faisant promettre devant la fontaine qu'elle ne se laisserait jamais ô grand jamais influencée par son père. Or, sa vie ne fut qu'influences. Elle n'avait jamais demandé à naître princesse et encore moins à se marier avec un homme n'ayant ni amour, ni intérêt pour elle. Encore maintenant, elle ne pouvait s'enlever ses mots de la tête. Certes, James était connu pour sa langue accérée, mais elle lui avait trouvé aujourd'hui un côté encore plus piquant. Sans doute avait-il lui aussi passé une mauvaise journée et avait-il jugé préférable de s'en prendre à la seule personne qui n'oserait pas se rebeller contre lui ? Après tout, cela s'était inscrit comme une routine. Les remarques désobligeantes et autres réflexions méchantes faisant de lui un homme dénoué de toute sympathie. D'ailleurs, Méryl n'était pas la seule à subir un tel traitement, les domestiques les plus jeunes et les plus inexpérimentés n'étaient guère épargnés. A la moindre erreur, il les renvoyait sans aucun ménagement ou sans leur laisser la moindre seconde chance car pour lui l'erreur n'était tout simplement par permise. Quel grand homme ! Bien évidemment, à chaque renvoi injustifié, Méryl se vit contrainte d'intervenir, sauvant de la misère bien des familles. Elle leur trouva un nouvel emploi en ville ou aux alentours dans le pire des cas, tirant chaque ficelle qu'elle pouvait tirer et demandant sans honte faveur après faveur à d'autres qu'elle avait précédemment aidé également. James ne devait même pas être au courant que la plupart des gens qu'il avait renvoyé, travaillaient encore à sous son nez. Certes, plus dans le palais en lui-même, mais ils étaient coursiers, livreurs, marchands...des positions qui les faisaient côtoyés chaque jour les murs même dans lesquels ils étaient.
- Votre Altesse, puis-je ?
La voix de Romain, se tenant à proximité des arches permettant l'entrée dans la cour sortit Méryl de ses pensées. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il vienne la trouver car Romain était tout bonnement l'assistant le plus proche de son époux. Venu lui aussi avec la suite de James il y a cinq ans, Romain s'était vuu offrir le poste d'assistant mais aussi de conseiller auprès du jeune Prince. Frère de lait de ce dernier et cousin de Lola, James semblait avoir installé dans ces murs, la plupart de ses alliés pouvant ainsi garder un oeil bien ouvert sur les faits et gestes de son épouse, la tristement célèbre «Princesse Casanova».
Outre le rôle d'assistant, Romain servait depuis cinq ans, d'intermédiaire également, livrant à Méryl lettres et mots provenant de la main même de James et cette fois-ci ne faisant pas coutume...Elle le vit penché à sa droite, lui tendant une enveloppe bleue.
- Qu'est-ce ? demanda-t-elle en feinéant l'ignorance
- Une lettre de la part de Son Altesse, votre mari, le Prince James. Il vous prie de bien vouloir prendre connaissance de son contenu et de me faire part de vos réflexions afin que...
Sans qu'il n'eut le loisir de terminer son explication, Méryl déchira la lettre en de si petits confettis qu'ils s'écrasèrent un à un à ses pieds tels une tombée de flocons.
- Va donc lui rapporter ceci : S'il a quelque chose à me dire, qu'il vienne me le dire en face. Je l'attends.
Il ne se fit pas prier et partit immédiatement tandis que Méryl s'en retourna à sa rêverie, aux histoires d'amour folles et palpitantes qu'elle avait entendues aujourd'hui. Ce qu'elle ne donnerait pas pour vivre à son tour le grand frisson. Elle pourrait renoncer à son titre, à sa couronne et à son héritage. Elle pourrait tout abandonner pour pouvoir partir, loin de cette prison dorée. Mais hélas, une princesse ne disparaît pas ainsi. Comment réagirait son père et qu'en penserait James ? Quoique...ce dernier devait probablement ne rien en avoir à faire. Sans doute cela le soulagerait-il d'ailleurs !
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Princesse Casanova - Tome 1
RomanceBien que Meryl soit l'héritière au trône, cette dernière n'a que faire de ses responsabilités et de ses devoirs, gouverner ne l'intéresse pas. Au lieu de ça, Meryl souhaite ouvrir sa propre petite affaire car si la princesse a bien un talent c'est c...