Sur les cinq heures de voyage qui les attendaient, voilà déjà deux heures que le convoi avait prit la route et s'était éloigné du palais ainsi que de la ville. Il n'y avait que l'horrible route abîmée par les récentes pluies et un paysage monotone défilant sous leur yeux. Méryl s'était affalée de son côté du carrosse, laissant James à sa lecture. Ce qu'il s'était passé plus tôt dans la matinée la hantait encore et elle pouvait sentir ses mains entourant sa taille, son assurance dans sa poigne ainsi que le demi-sourire amusé qu'elle eut une nouvelle fois juré d'avoir vu se nicher sur le coin de ses lèvres. Parce que James ne souriait jamais pleinement de peur qu'un malheur lui arrive. Qui sait, peut-être que le bonheur serait contagieux ? La jeune femme soupira, maudissant la banquette d'être si peu confortable et son époux de s'être terré dans son monde imaginaire.
- Vous semblez ravie d'être du voyage, lui lança alors ce dernier sans même la regarder
- Entre rendre visite à votre mère et me pendre, j'aurai préféré me passer la corde au cou.
- Vous savez, Mère s'est de très nombreuses fois inquiétée de votre état de santé. Par deux fois elle m'a demandé de vos nouvelles.
- Oh mais oui ! Je me doute bien que la Duchesse s'inquiète pour moi. Quel dommage que je ne sois pas assez potelée à ses goûts, cela la rassurerait peut-être.
- Méryl...soupira James en refermant son livre
- Je n'ai plus quinze ans, James. Je sais reconnaître les signes quand une personne ne me porte pas dans son coeur.
- Elle a seulement...beaucoup d'attentes vous concernant. C'est une femme ayant vécue toute sa vie dans la tradition et...
- Veuillez cesser ? le coupa-t-elle, Nous savons très bien tous deux que la seule chose qu'elle attends est que je lui offre un petit-enfant sur un plateau. Hélas, il serait temps qu'à son grand âge elle comprenne que pour que cela fonctionne, il faut en théorie être deux.
Elle soutenait son regard en se disant que peut-être, par télépathie, ce dernier comprendrait. Mais James faisait encore semblant de ne pas comprendre. Encore une fois. Habituellement, il évitait soigneusement le sujet, mais il fallait croire que même cela lui était devenu épuisant.
- Dites-le moi si vous êtes impuissant. Je le comprendrais tout à fait.
Le pauvre homme manqua de s'étrangler de son côté au vue de la réflexion qui venait de lui être jetée en pleine figure.
- Croyez-moi, je n'ai aucun problème de ce côté-ci ! s'exclama-t-il
- Comment en être sûr ? Vous ne prenez aucune maîtresse et n'avez pas à coeur de me toucher. Je suis mille fois plus excitée par les histoires de mes clients que par votre silence.
- Méryl !
- Ne soyez pas choqué, cela ne vous sied guère, mon cher. N'est-ce pas naturel pour une épouse que de s'inquiéter l'état de...eh bien, de ce genre d'affaires là ? s'inquiéta-t-elle en le voyant fondre de son côté du carrosse
Si James pouvait se cacher entre les coussins et les couvertures disposés ici et là sur la banquette, nul doute qu'il le ferait volontiers. Malheureusement, Méryl avait lancé un sujet de conversation pour lequel elle éprouvait beaucoup de passion et ne comptait pas en changer.
- J'ignorais que vous aviez à coeur d'accomplir vos devoirs d'épouse ! répliqua le Prince en essayant de se ressaisir.
- Il y a tellement de choses que vous ignorez sur moi que c'est à se demander si vous en revanche, vous faites convenablement vos devoirs d'époux
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Princesse Casanova - Tome 1
RomanceBien que Meryl soit l'héritière au trône, cette dernière n'a que faire de ses responsabilités et de ses devoirs, gouverner ne l'intéresse pas. Au lieu de ça, Meryl souhaite ouvrir sa propre petite affaire car si la princesse a bien un talent c'est c...