💕 CHAPITRE 16 💕

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Méryl et Elian restèrent un moment face à face, s'appréhendant du regard. L'un fut enchanté ravie et l'autre plus sceptique quant à cette étrange coïncidence. Selon Béatrice, il ne devait arrivé qu'en début de soirée, or Méryl l'avait croisé très tôt en début d'après-midi et ce dernier avait même fit irruption dans les jardins de la demeure sans que personne ne le remarque donc soit cette maison était affreusement mal gardée, ce qui serait étonnant connaissant la paranoïa de la Duchesse depuis le décès de son époux, soit Elian avait sciemment évité quiconque pourrait éventuellement le voir et pour cela, il fallait remarquablement bien connaître les lieux.

- Vous êtes donc une véritable Princesse, lui lança-t-il presque surprit

- Dites-le sur un ton encore plus déçu...

- Je ne le suis pas. Je me doutais que Béatrice ne laisserait pas une domestique errait dans les jardins comme elle le souhaiterait, mais j'étais loin de me douter que la Princesse de ce royaume avait pour passion que de grimper aux arbres.

- Ce n'est pas une passion, juste... Je désirais un petit peu de tranquillité.

- Oh, je vois et je vous ai privée de celle-ci.

- A vos risques et périls d'ailleurs me semble-t-il, lui lança-t-elle à son tour en se souvenant de sa chute, Comment se porte votre dos ?

- A merveille !

Mais un faux mouvement lui arracha une grimace et Méryl ne put que déceler son mensonge. Prince ou pas, une chute douloureuse en restait une. Elle se demanda même comment il faisait pour tenir droit comme un piquet et donner cette impression que tout allait pour le mieux.

- Elian, l'interrompit une voix dans ses pensées.

- Ah ! James ! Quel bonheur de te revoir, cher cousin !

Bonheur qui ne semblait pas partager visiblement selon le visage renfrogné de James. Ce dernier examina Méryl puis Elian en quelques secondes. Il ne devait pas se douter que ces deux derniers avaient déjà été présentés au détour d'un tronc d'arbre.

- Je vois que tu as déjà fais connaissance de mon épouse, la Princesse.

- Effectivement. Votre Altesse, s'amusa-t-il en la saluant

«Mon épouse» comme cela paraissait étrange à entendre. Même encore maintenant, Méryl n'arrivait pas à s'y faire. Pourtant, plusieurs fois l'avait-elle lui-même qualifié d'époux, mais c'était plus pour s'en convaincre que pour lui plaire. Méryl et James avaient une relation que personne ne saurait qualifiée, pas même eux. Ils ne s'aimaient pas selon le sens commun du terme, peinaient à s'entendre sans que l'un ne vienne à vexer l'autre, éprouvaient plus de difficultés que deux adolescents à se regarder plus de cinq secondes dans les yeux et commettaient constamment erreur sur erreur en présence de l'autre. Quelques fois, la jeune femme s'était surprise à se demander pourquoi elle avait épousé cet homme et pourquoi n'avait-elle pas fuit quand son père, le Roi, l'avait conduite devant l'autel. Il n'y avait rien qui obligeait Méryl à épouser un Duc car des prétendants, ce n'était pas ce qui manquait pour elle dans le royaume, mais quelque part, le fait que James ait eu se comportement avec elle...Cette distance presque trop respectueuse... Lui-même lui avait dit le jour de leur mariage «Faites ce que bon vous semble». Et elle l'avait écouté. Oh oui, elle l'avait écouté. Cependant, James n'avait jamais pu tolérer ses débordements.

- Nous devrions aller dîner, je pense que Mère nous attends, lança James en interrompant une bataille de regards entre Méryl et Elian.

- Quelle bonne idée, je suis affamé ! Je viens à peine d'arriver et je n'ai guère eu le temps de manger quoique ce soit sur la route.

«Mensonge» pensa alors Méryl.

Elle ne savait pas encore très bien ce que cachait ce prince, ni ce qu'il était venu faire ici, mais une personne aussi titrée quittant son pays ne pouvait être bon signe.

Laissant Elian derrière eux, Méryl fit quatre grandes enjambées afin de rattraper le pas pressé de James qui avait ouvert la marche. Ce dernier ne lui avait adressé qu'un regard inquisiteur avant de prendre les devants, les guidant jusqu'à la salle à manger.

- J'ai été horrible avec vous plus tôt, je m'en excuse, lui dit-elle presque essoufflée

Aucune réponse. Aucun regard. Pouvait-elle s'attendre à mieux ? Elle ne doutait point qu'elle l'avait blessé, mais elle ne pouvait lui offrir mieux que la même épaule froide et distante et que celle qui lui avait lui-même offert pendant ces dernières années. Certes, cela faisait une semaine que James s'appliquait à faire mieux même si cela lui coûtait de sortir de sa zone de confort et à plusieurs reprises maintenant, Méryl l'avait vu sincèrement sourire ou avoir un geste tendre à son égard, mais pouvait-elle y croire ? Au fond, n'essayait-il pas lui aussi de gagner ses faveurs car si Méryl demeurait son épouse alors James ne perdrait ni son titre, ni sa place au palais. Etait-il sincère dans sa démarche, dans ses efforts comme il le laissait sous-entendre ou n'était-ce qu'une condition, qu'un rôle à jouer pour lui permettre de ne rien perdre ? Elle ne saurait dire.

- Au fond, j'aimerais être en colère contre vous, vous en vouloir, mais je ne peux m'y résoudre, finit-il par confesser, Tout ce que je remarque est que nous avons encore un long chemin à faire et que ce dernier est semer d'embûches. Toute fois, vous avez eu raison sur un point : Les mots ne sont pas plus une assurance qu'un courant d'air. Je tâcherais de m'appliquer à vous convaincre.

- Vous n'avez pas besoin de me convaincre, James.

- Nous savons tous deux très bien que si.

S'arrêtant dans la marche, James jeta un rapide et bref coup d'oeil à son cousin se trouvant seulement quelques mètres derrière lui. S'ils parlaient légèrement plus fort, Elian pourrait tout entendre, mais personne ne devait savoir que leur couple battait autant de l'aile car personne ne devait douter du couple royal.

- Nous discuterons davantage de cela quand nous serons seuls, Méryl, mais je veux que vous sachiez, que vous vous convainquiez, que je ne vous abandonnerais pas. J'ai déjà commis cette erreur et j'en paye aujourd'hui le prix. Certes, pour vous ce ne sont là que des mots, mais si vous pouviez ne serait-ce que m'accorder le bénéfice du doute.

James se retira tandis que Méryl resta plus en arrière, le regardant partir au devant. Même si elle peinait encore à le comprendre, elle ne pouvait qu'apprécier ses petites bribes de conversation volées ici et là. Jamais elle n'aurait cru qu'un jour comme ceux qu'elle vivait depuis peu finirait par exister car il y a encore cinq années de cela, James s'était contenté de s'asseoir juste là, en face d'elle, dans un fauteuil plongé dans la pénombre de la nuit. Il n'avait rien fait, ni rien dit si ce n'était qu'il ne la toucherait pas et il avait été fidèle à ces quelques mots jusqu'à maintenant. Il avait fait de son mieux pour se tenir à distance, pour se contenter de quelques banalités et formalités. Il avait redoublé d'effort pour ne pas la croiser durant plusieurs jours d'affilés au palais et avait laissé courir maintes rumeurs à leur sujet. C'était comme si, ce James que Méryl avait si vivement en mémoire, avait brusquement cessé d'exister pour ne laisser place à ce troublant et étrange personnage.

Peut-être devrait-elle le mettre à l'épreuve ? Quel était son véritable visage ? Et pourquoi tenait-il à son titre plus qu'à toute autre chose ? Il y avait encore tant de choses qui piquaient sa curiosité, mais au fond d'elle-même, Méryl redoutait les réponses qu'elle recherchait.

- Je crois que je commence à comprendre pourquoi vous vous cachiez dans un arbre, lui susurra Elian en arrivant à sa hauteur

- Vous m'en direz tant. Et vous l'avez comprit tout seul comme un grand ?

- Disons qu'il n'est pas dans ma nature d'écouter aux portes, mais...Vous vous êtes montrée si peu discrète.

- Dites-vous que cela aura servit de seule distraction de la soirée.

La dépassant à son tour et se retournant vivement vers elle tout en arborant ce même sourire confiant, Elian marqua un arrêt devant la Princesse.

- Oh j'en doute car après tout, la soirée ne fait-elle pas que commencer ? 

Princesse Casanova - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant