💕 CHAPITRE 34 💕

216 68 3
                                    

Le palais s'était retrouvé vidé de toute vie en l'espace d'une petite heure seulement. Pendant que les gardes s'étaient séparés afin d'évacuer les nobles et autres petits personnels, obligeant chacun à rester dans leur chambre, d'autres menaient l'enquête, interrogeant serviteurs et cuisiniers pour comprendre comment un tel drame avait-il pu se produire dans l'enceinte même du palais. Le Roi, lui, s'était cloîtré dans ses appartements, disparaissant au moment même de l'agitation et la Princesse, bouleversée, portait encore sa robe tâchée de sang tout en faisant les cent pas devant la porte des appartements du Prince. Cela faisait une heure que le médecin s'était barricadé à l'intérieur et n'en était pas ressortit. Une heure durant laquelle Méryl piétinait et martelait le sol de ses pieds agités. En cinq ans, c'était la première fois qu'un tel drame se produisait et le fait qu'une personne aux attentions douteuses ait pu ainsi atteindre un membre de la famille royale...

- Votre Altesse, vous devriez regagner votre chambre, lui intima un garde en essayant de la faire cesser.

Mais Méryl ne dit rien. A dire vrai, elle marchait sans but car ses pensées étaient lointaines, trop occupée ou préoccupée à ressasser tout ce qu'il venait de se produire sous ses yeux. Plus encore, elle menait elle-même un combat intérieur pour chasser cette délicieuse pensée qui trop vite s'est réjouit de la mort imminente de son mari. Certes, plus d'une fois elle s'est imaginée lui souhaitant tous les malheurs du monde ou souhaitant le voir souffrir, cependant, elle n'avait pas imaginé un seul instant que les choses en arriveraient là. Pas devant elle. Ce qu'elle pouvait se détester ! Ce soir plus que jamais. Elle se détestait, détestait cette malicieuse pensée, mais aussi cette impuissance tandis qu'elle devait remettre le sort du Prince aux mains d'un médecin aux compétences douteuses. Elle qui n'avait jamais cru en une quelconque force divine, peut-être se serait-elle mit à prier si elle s'était retrouvée seule dans ce couloir assombrit.

Une nouvelle heure passa alors et toujours rien. Aucune nouvelle. Aucun son. L'angoisse montait progressivement. Que ferait-elle si l'on venait à annoncer, là, cette nuit, la mort de James ? Qu'allait-elle faire ? Fuir le royaume comme si elle en était la coupable ? S'envolerait-elle pour une contrée voisine en espérant pour y laisser sur le pas de la porte, toute cette vie ? Oui, Méryl rêvait de liberté, d'aventures et de découvertes, mais elle n'avait jamais imaginé que cela lui serait ainsi servit.

- Vous avez une mine terrible, fit Elian en arrivant à ses côtés.

- Suis-je supposée arborer le plus beau de mes sourires ?

- Ce n'est point ce que je vous demande de faire. Toutefois, votre jeune femme de chambre dénommée Colette est venue me trouver car apparemment vous refusez de ne serait-ce faire un brin de toilette.

Cela sonnait comme une réprimande. Etrange venant de la part d'un homme qui ne semblait la voir que comme un atout personnel.

- Votre cousin est à l'article de la mort et cela ne semble guère vous atteindre, releva Méryl.

- Et à quoi cela avancerait-il que de faire une démonstration de mes sentiments ? Cela le sauverait-il si je venais à pleurer sur son lit ? Le Prince a été empoisonné, Votre Altesse, lui rappela Elian, Cela veut dire qu'une personne a attenté à sa vie et pour l'instant, le criminel court toujours. Nous ne savons ni qui a bien pu faire cela, ni comment, mais le fait qu'un membre de la famille royale ait été attaqué au sein même du lieu le mieux gardé du Royaume remet beaucoup de choses en question. Il s'agit là d'un problème de sécurité nationale.

- Vos paroles sont d'un réalisme réconfortant dites donc !

- Qu'attendez-vous que je vous dise de plus ? Ou peut-être aurais-je dû faire preuve de plus de délicatesse ? Cependant, je ne peux le faire car cela est inquiétant au plus haut point.

Princesse Casanova - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant