{2} Une musique dans la tête

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La nuit avait été rude, de nouveau passée dans ce fichu hangar. Quelques minutes après que l'avion ait explosé, une horde d'agents avait débarqué sans vraiment comprendre la situation, pour tous nous escorter jusqu'ici en attendant d'y voir plus clair. Je crois que j'étais la plus jeune parmi tous les passagers assis à nos côtés, excepté peut-être un ou deux jeunes adultes.

Comme c'était à prévoir, je me suis fait passer un savon par mon père pour avoir fait le mur, même si c'était pour cette même raison inexplicable qui m'avait poussée à sauver Josh. Il m'avait discrètement indiqué de ne rien dire au sujet de ces mystérieuses voix, et j'ai prié pour que ma tante Michaela ne fasse pas de bêtise lorsque fut son tour d'être interrogée. Environ dix minutes plus tard, elle ressortit tandis qu'on appelait un autre passager, pour se rassoir à notre droite. Très rapidement, mon père a soufflé :

— Qu'est-ce que tu leur as dit ?

— Que je ne sais rien, récita-t-elle, également contrainte de ne rien dire sans trop savoir pourquoi.

— Bien, fit-il. Tu ne sais rien. Il faut éviter d'attirer l'attention.

Un mouvement dans ma vision périphérique m'a fait me retourner, et j'ai reconnu un vieil homme chauve, à la barbe rousse et aux traits ridés : le pilote. Caleb et moi étions allés le voir durant le laps de temps que nous tous, passagers, avions passé dans le hangar. Et il avait l'air au bout du rouleau... Honnêtement ça se comprenait, nous étions tous sous sa charge lorsque nous avions disparu.

— Mais vous ne voyez pas des choses ? Entendez des choses ? Dans votre tête ?

Je me suis figée et raidie sur mon siège. Tante Michaela a cherché une quelconque approbation dans les yeux de son frère, mais rien à faire ; il ne fallait pas attirer l'attention, comme il ne cessait de le répéter.

— Ils pensent que c'est ma faute, insista notre interlocuteur. Ils accusent toujours le pilote...

Pour éviter qu'il continue de déblatérer à ce sujet, nous nous sommes retournés. Moi qui pensais être enfin débarrassée et tranquille, voilà qu'une main se posait sur mon épaule. J'ai sursauté, regardant la personne à qui cette main appartenait. Il s'agissait d'une belle femme aux traits indiens, avec des yeux noirs de jais et une chevelure parfaitement lisse. Très sérieuse, elle se présenta :

— Bonjour, je suis Saanvi Bahl. Vous êtes la famille de Cal ?

En sachant qu'elle connaissait mon frère, papa accepta de serrer la main qu'elle lui tendait et répondit en retour :

— Ben Stone. Voici ma fille, Ava, et ma sœur Michaela.

— Comment vous connaissez mon frère ? coupai-je en me levant moi aussi.

— Je suis docteur, nous rassura-t-elle. Dans la recherche sur le cancer. Le nouveau traitement de Cal provient des recherches que je faisais.

Estomaquée, je lance un regard à mon père, qui interrogea :

— Vous étiez dans l'avion ?

— Je sais, sacrée coïncidence. Si... quelque chose dans tout ça est une coïncidence.

— Dix-huit ! appela fermement un autre officier de police.

À cet instant-là, ma tante décida d'intervenir :

— Excusez-moi, nous sommes en état d'arrestation ?

— Non, vous êtes simplement retenus, répliqua l'intéressé d'une voix monotone.

— En fait, on ne l'est pas.

Le sourire ironique qu'elle faisait me fit comprendre que ma tante avait un plan pour tous nous faire libérer. Elle avait toujours une bonne idée pour nous tirer du pétrin, même moi quand je faisais des bêtises.

MANIFEST - The Calling (Parties 1 à 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant