{10} La quête du Graal

153 4 3
                                    

Quand je me suis levée, j'ai pu sentir dès que mes pieds ont touché le sol la gravité extrême en train de frapper la maison. Tout était lourd et pesant, dans un silence qui faisait bien plus de bruit que je ne l'aurais pensé. D'une façon monocorde, je me suis préparée, regardant mon visage dans le miroir : mon entaille au front était presque partie. Tout comme mon père venait de quitter notre quotidien, tout ça à cause de ce satané avion...

Cal n'a même pas levé les yeux vers moi quand je me suis assise à table. J'étais déjà suffisamment en retard, et rien n'était prêt. Aucune nourriture à l'horizon, et mon frère ne semblait pas s'en soucier, jouant sur sa tablette avec un visage d'outre-tombe. J'ai jeté un rapide coup d'œil à ma mère : elle avait l'air débordée tandis que la journée venait de commencer. Ses cheveux étaient en pagaille, son ensemble peu soigné. On aurait dit qu'elle venait de sortir du lit. Regardant ce qu'elle concoctait, je grommelle :

— Des gaufres surgelées... c'est pas bon signe.

— Ça a bon goût, se réjouit Cal.

— Je n'aurais jamais pensé avoir à dire ça, mais les omelettes aux coquilles d'œufs de papa me manquent...

Voyant qu'il ne répondait pas, je me retourne discrètement une nouvelle fois et soupire :

— Elle ne va pas bien.

— Papa lui manque, comme à toi et moi. Et encore, t'as prévu de le voir aujourd'hui. Moi, j'ai école jusqu'à quinze heures.

Nous fûmes interrompus par le claquement retentissant des assiettes posées sur la table : chacun avions droit à des gaufres noircies, cramées sur la majorité de leur surface.

— Tenez.

La voix de ma mère était rauque, déprimée et déprimante.

— Un peu croustillantes, mais le sirop d'érable aidera.

— Merci maman, souris-je en cachant mon dégoût. Je... je pense que je vais sortir, je n'ai que deux heures de cours aujourd'hui.

Évidemment que je n'allais pas lui dire où j'allais... Dans la matinée, mon père m'avait donné rendez-vous près d'un cimetière, où aurait lieu un hommage à Vance. Je ne l'avais appris que maintenant, mais il avait laissé la vie dans cette explosion, et Jared avait manqué de faire de même. Pour une fois que le gouvernement, du moins une part était de notre côté... Même s'il avait été aigri et hautain lors de notre rencontre, je continuais de me dire qu'il nous avait aidés à sauver Marko et Caleb par la même occasion. Je comptais passer chez Josh avant cela, la cérémonie n'aurait lieu qu'à dix heures.

J'ai facilement reconnu le chemin à emprunter. J'ai pris le bus, me suis laissée guider jusqu'à son immeuble. Nous devions parler depuis un moment, j'avais besoin qu'il soit chez lui en ce jour même. Hésitante, je pousse la porte du bâtiment et entre dans la cage d'escalier pour monter lentement les marches. Arrivée au troisième étage, j'hésite à sonner, préférant frapper trois coups sur la porte :

— Josh ? C'est moi, c'est Ava. On... on devait parler, tu te souviens ?

— Ava ?

Son ton était surpris, apeuré. Un grand remue-ménage a eu lieu dans l'appartement à ce que j'ai compris, car des bruits de frottements et de cognements m'empêchaient de l'entendre me répondre davantage. Alors que j'hésitais à toquer à nouveau, la porte s'ouvrit en grand, dévoilant Josh avec les cheveux trempés :

— J'étais sous la douche.

— Oh, désolée...

— Te-t'excuse pas, bredouilla-t-il, visiblement toujours dans ses pensées. Entre.

MANIFEST - The Calling (Parties 1 à 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant