MANIFEST - The Calling (Parties 1 à 4)

{13} Faire une croix

J'ai fini de ranger les affaires de Caleb dans son sac au petit matin. Je n'avais presque pas dormi de la nuit, trop préoccupée par ce nouvel arrivant qui bouleversait une fois de plus toutes nos croyances. Ma mère et mon frère étaient déjà dans la voiture en train de discuter, mais j'avais du mal à me résoudre à quitter cet endroit sans avoir vérifié dans chaque pièce que mon frère n'avait rien oublié. Mon père, ma tante et Zeke attendaient dans le salon, tandis que je revenais de mon rangement les bras chargés.

— Et un blizzard de dingue s'est levé, continua de déblatérer Zeke. Il est sorti de nulle part.

— Donc tu t'es réfugié dans une grotte...

— Oui, j'étais coincé. Je n'avais ni les outils ni la force pour briser la glace et la neige. J'ai essayé.

— C'est comme ça que tu t'es coupé ? En essayant de creuser ?

— Mmh.

Faisant mine de ne pas entendre, je m'affaire autour des priorités et prends mon bombers pour le mettre sur moi. J'ai fait passer mes courts cheveux bouclés hors du trou à l'arrière, puis me suis emparée du sac de Caleb.

— Ça n'a pas marché...

— Je peux les changer ? hésita ma tante en prenant la trousse de secours. Et ensuite, deux semaines sont passées ?

Je me suis tournée vers la porte en train de grincer : mon père nous rejoignait enfin, sans doute pour leur dire qu'on était prêts à partir.

— J'ai cru que c'était la fin, poursuivit Zeke.

— Comment tu es sorti de la grotte ?

— Un séisme, une avalanche ou quelque chose comme ça. Toute la montagne a tremblé, la glace s'est brisée et j'ai pu me faufiler dehors, et... trouver un abri. Et une fille morte que je me persuadais de retrouver.

— Sauf que je n'étais pas morte, sourit-elle. Et je t'ai entendu.

— Et j'ai encore plus de questions...

— On peut parler de tout ça sur la route du retour, pressa papa. Grace, Cal, Ava et moi, on est prêts. On y va.

Frissonnant face au froid entrant dans la pièce, je rajuste ma veste et m'apprête à sortir avant d'entendre Zeke annoncer :

— J-je pense que je vais rester ici encore un peu.

Aussitôt, je me retourne :

— Comment ?

— On emmène Cal directement à l'hôpital, convainc mon père. On connaît quelqu'un là-bas qui pourra aussi t'ausculter.

— Je vais bien. Vraiment. J'ai juste besoin de temps pour me faire à tout ça avant de retourner à la civilisation.

— Zeke, insista-t-il, tu dois venir. On ne sait pas si c'est infecté...

L'intéressé haussa brutalement la voix :

— Désolé, je ne viens pas. Pas encore.

— Je reste avec lui.

Ce fut de nouveau une surprise de voir ma tante se dévouer. Surtout qu'à part son nom et ce qu'il avait fait ces deux dernières semaines (et une année de plus), nous ne savions rien de cet homme. Aucune info sur famille, ses amis, n'importe qui que toute personne normale aurait voulu appeler s'iel avait appris être le héros principal d'un voyage dans le temps.

— Quoi ? protesta son frère. Excuse-nous.

Sans me demander mon avis, il m'a entraînée avec tata Michaela dans la pièce d'à côté. Il a tiré le rideau poussiéreux avant de souffler avec indignation :