MANIFEST - The Calling (Parties 1 à 4)

{19} Le piège de Saanvi

Je me suis réveillée, et le premier mot auquel j'ai pensé a été « bordel ». Parce que hier soir, après la réunion chez les Croyants avec Adrian, j'ai laissé Maxine m'emmener chez elle... Dans son appartement, elle avait tout un tas de teintures, et j'en ai choisi une pour qu'elle me l'applique sur mes longs cheveux bouclés. Et ce matin, j'affrontais les conséquences de mes actes... Et si le bleu était trop foncé ? Trop voyant ? Et si ça ne plaisait à personne ?

Puis je me suis souvenue de ce pourquoi je l'avais fait. Et puis mince, j'étais une personne à part entière qui avait besoin de changement. Si ça ne leur plaisait pas, alors tant pis. Moi au moins, j'aimais ça. M'habillant avec mes vêtements de mi-saison, je descends dans la cuisine prendre mon petit-déjeuner, tout sourire, comme si les intuitions et la date fatidique avaient disparu. Comme si tout était redevenu normal...

— J'ai besoin de sucre, déclarai-je en faisant irruption dans la cuisine. Il nous reste du sirop d'érable ?

— Tiens, me passa ma tante.

Stupéfait, mon père écarquilla ses yeux clairs :

— Wow, qu'est-ce que...

J'ai notifié du coin de l'œil que sa sœur le pinçait discrètement, et il a aussitôt rectifié :

— J'adore ! Tes cheveux ! En quelques sortes.

— Merci, souris-je. Ça me plaît aussi.

Mon attention portée sur lui, je pouvais désormais voir qu'il s'était habillé avec un pull à col V bleu, une cravate bordeaux et une chemise à carreaux dessous... Le parfait ensemble pour mon prof de bio. Moqueuse, je demande :

— Tu vas où comme ça ? À un enterrement ?

— Vous vous êtes passé le mot ou quoi ? se tourna-t-il vers Michaela. Non, j'ai un entretien d'embauche. L'intuition de TJ, tu te souviens ? Elle nous a menés à ses anciennes affaires, et celles de sa mère décédée. C'est en repartant que j'ai croisé une ancienne collègue qui m'a proposé du travail.

— C'était plus qu'une collègue, fit ma tante avec sarcasme.

— Oh, je vois...

— Bon alors, Mick, s'impatienta mon père. Tu es passée ici juste pour te moquer de moi ?

— Je ne sais pas, soupira-t-elle. Être ici me fait me sentir moins seule. Du nouveau avec Saanvi ?

— Vance la surveille en permanence, mais rien.

— Elle ignore toujours qu'il y a une fuite ?

— Wow, interromps-je. Doucement ! C'est quoi cette histoire de fuite ? Ses recherches ont fuité, c'est ça ?

— Tu n'as pas à savoi...

— C'est ça, coupa Michaela. Quoi ? Elle a le droit d'être au courant. Tout comme Saanvi.

— Vance dit que c'est trop risqué. Mais je n'aime pas lui mentir...

— Ben, tu dois prendre du recul.

Sirotant son café matinal, il prit un instant pour boire quelques gorgées avant de répondre, du tac au tac :

— Oh. Comme toi avec Zeke.

J'avais été informée, encore une fois par la belle blonde de l'arrestation de Zeke. Il s'était rendu aux autorités, et hier, son audience avait eu lieu : il avait plaidé coupable sur toute la ligne, rendant une libération quasi impossible. J'ai dit quasi car, avec ma tante, rien n'était jamais sûr...

— Oups, me pinçai-je les lèvres. Coup bas.

— D'accord, très bien. Je suis impliquée.

— Tu vas bientôt le revoir ?