MANIFEST - The Calling (Parties 1 à 4)

{17} Attachez vos ceintures

J'entends les moteurs de l'avion bourdonner dans mes oreilles malgré la musique. Satisfaite de ma playlist, je pose mon MP3 entre mes genoux, Caleb ayant sa tête posée sur mon épaule. Ôtant mes écouteurs, je parviens à entendre mon père discuter avec tante Michaela sur l'autre rangée. Curieuse je me penche lentement pour ne pas faire tomber la tête de Cal appuyée contre moi et souris en entendant mon géniteur certifier :

— Maman n'a pas tort, Jared n'attendra pas une éternité.

D'ordinaire, je m'en serais voulue de les écouter, mais je me sentais bien et sans aucune gêne. Tout sourire, je regarde ma tante répondre :

— Super discours d'encouragement, merci...

— Pourquoi tu résistes à ça, quand tout ce que ça fera est de te rendre heureuse ? C'est tout ce qu'on veut pour toi.

Perturbée, je tressaille : derrière ma tante et mon père, j'aurais juré avoir vu la paroi de l'avion vaciller. Peut-être était-ce mes yeux qui se fatiguaient ? 

— C'est très gentil de ta part, hésita ma tante. Tu dois être soûl.

— Ha ! Absolument. Dis oui à Jared. Marie-toi, pars en lune de miel, tourne la page...

Une fois de plus, tout l'arrière-plan se mit à trembler. Je reconnaissais cette sensation, un peu comme... je ne saurais quoi dire. Cherchant des réponses à mes questions, j'ignore la peur me tordant l'estomac et demande :

— Papa, que se passe-t-il ?

Et puis j'ai compris. Une intuition. Depuis le début, tout était une illusion. Mes souvenirs me revenaient en tête : le retour, la trahison de Josh, puis l'annonce de la date fatidique lors de laquelle on mourrait tous : le deux juin deux-mille-vingt-quatre. Cinq ans et-demi après notre retour. Qu'avais-je fait après avoir appris pour notre mort ? Qu'avais-je ressenti au plus profond de moi avant d'atterrir ici ?

— Pourquoi on est de retour...? marmonna ma tante. Pourquoi on est de retour sur le vol huit-cent-vingt-huit ?

Avant même que je n'aie pu songer à me lever pour la rejoindre, l'appareil se mit a rugir et piquer du nez. Ma ceinture attachée, je sens mon derrière se décoller de mon siège pendant un instant. Les lumières ont commencé à clignoter, les gens à crier. Persuadée que ce n'était pas réel, je m'écrie :

— C'est un cauchemar ! Il faut que je me réveille !

— Ava !

Accrochée à mon siège, je me tourne avec crispation vers la belle blonde : elle regardait droit dans ma direction, comme si elle était également consciente de la situation. Était-ce un cauchemar mutuel dans ce cas ? Aucune vision n'avait jamais fait ça auparavant...

— Tata Michaela !

— Ne bouge pas ! hurla-t-elle au milieu du chaos. Les turbulences vont s'arrêter ! Elles se sont arrêtées la dernière fois !

Au moment où elle a dit ça, j'ai eu l'impression d'avoir la tête vers le bas : on fonçait tout droit vers une mort certaine. Paniquée, je laisse s'échapper un cri strident de mes lèvres et sent les larmes me monter aux yeux. On allait se crasher, et mourir avant même d'avoir pu comprendre ce qui nous arrivait ! Cherchant du réconfort auprès de mes voisins, je me tourne vers Cal, cette fois bien réveillé. Il grimaçait sous la peur et la douleur.

— Ça s'est pas passé comme ça ! lançai-je avec terreur. Papa, Cal, réveillez-vous !

Au même moment, je vis mon frère peiner à pivoter vers moi. Accroché à mon bras comme à une bouée de sauvetage, il me fixa dans le blanc des yeux comme s'il savait déjà tout.