{12} La disparition de Cal

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Tout était flou et embrumé dans mon esprit. Des larmes se déversaient le long de mes joues comme un torrent de pluie infernal. Mon cœur tambourinait si fort dans ma poitrine que sa résonance m'empêchait d'entendre les différents policiers s'affairant dans la maison. Je les voyais passer à côté de moi sans même me prêter la moindre attention. Sans Cal, je n'existais plus.

Depuis que je m'étais rendue compte que mon petit frère avait disparu, je n'avais pas pu faire autre chose que crier ou pleurer. J'avais entendu mon père réagir à mes hurlements à l'autre bout du fil, mais je n'en avais retenu que la moitié. Des bribes çà et là. Il disait qu'il arrivait, essoufflé. Il ne voulait pas qu'on appelle la police. Pourtant, en me voyant effondrée dans la chambre vide de Caleb, c'était ce que ma mère avait fait. Parce que c'était la réaction la plus logique dans une telle situation.

La première femme qui daigna de m'adresser la parole était mince. Plutôt belle, elle prenait les choses avec un calme détaché de toute émotion. Paniquée, je voyais les différents agents scientifiques passer la maison au peigne fin ; notre maison. Elle m'interpella :

— Ava, c'est ça ? Quel est ton lien de parenté avec Caleb ?

Les mots peinaient à trouver un chemin correct entre ma gorge enrouée et mes lèvres sèches.

— Je suis sa sœur. Sa grande sœur.

C'était évident, mais sur le moment, j'avais senti le besoin de le préciser.

— Tu pourrais me décrire ton frère ?

— Euh..., bredouillai-je en voyant ma mère dans tous ses états en train d'être aussi interrogée. Il est... petit. Il a été malade récemment, une leucémie. Je... je crois que j'ai une photo dans mon sac...

— Tu pourrais nous la montrer ?

Je n'avais pas pris conscience du temps que j'avais passé immobile, incapable de parler. Tremblante, les jambes cotonneuses, je me dirige vers ma chambre en me frayant un chemin parmi les représentants de la loi. J'allais passer dans l'entrée pour rejoindre les escaliers quand la porte s'ouvrit brutalement, manquant de peu de me frapper : c'était mon père.

— Ava, Grace ! Bon sang.

Il m'a pris dans ses bras, et ma mère a couru nous rejoindre. J'avais recommencé à pleurer, et lui tentait de reprendre son souffle au milieu de notre étreinte : il avait couru le plus rapidement possible, apparemment.

— Monsieur Stone ?

La policière qui nous avait interrompus avait l'air moins aimable que celle qui m'avait interrogée.

— Oui.

— Votre ex-femme disait...

— Non, on est... on est toujours mariés, coupa ma mère avec gêne.

— Votre femme allait nous faire part d'une théorie sur qui voudrait du mal à votre fils.

Le major. J'ai failli le dire à haute voix, mirant ma mère : elle avait le regard fuyant. C'était comme si elle savait que ce qu'elle était sur le point de révéler était bien plus gros qu'elle ne le pensait. Inventant une excuse au plus vite, mon père bredouilla :

— Et bien, Cal est devenu une sorte de célébrité depuis qu'on est revenus. Beaucoup d'attention indésirable mais, non... rien de précis.

— Monsieur Stone. Pouvez-vous me dire où vous étiez ce soir ?

Choquée, je demande :

— Pardon ?

— Du calme, Ava. J'étais avec ma sœur, l'inspectrice Michaela Stone...

MANIFEST - The Calling (Parties 1 à 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant