{20} Otages du 828

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— Les miracles. Tous les miracles sont basés sur des miracles apocryphes. La résurrection. La réincarnation. Tous des rumeurs et des mythes qui remontent à des millénaires ! Jusqu'à ce que le vol huit-cent-vingt-huit revienne. Ces cent-quatre-vingt-onze passagers miraculés revenus sur Terre sont un signe indéniable des miracles de demain. Croyez au miracle du vol huit-cent-vingt-huit. Croyez aux passagers, qui après avoir échappé à la mort seront avec nous pendant des décennies !

Je cesse d'écouter Adrian suite à cette promesse de longévité. Je devais lui parler de la date fatidique, et ce le plus tôt possible, loin des autres Croyants. Quitte à ne pas mentionner les intuitions dans la communauté, autant le faire avec notre leader. J'ai donc dit au revoir à Liam, Maxine étant absente aujourd'hui. Contournant le bâtiment à ma sortie, je veille à ce que personne ne me suive et parviens à l'arrière, où Adrian donnait des instructions à Isaiah quant aux flyers à distribuer.

— Ava ?

En me voyant, l'homme avec lequel il parlait s'inclina poliment avant de quitter les alentours. Il y avait beaucoup de passage, ce pourquoi j'ai demandé :

— On peut se parler ? En privé ?

L'air grave, Adrian sourit tout de même et m'incita à prendre une rue au bord des quais. J'ai donc commencé :

— Aujourd'hui tu as parlé des décennies à venir pour les passagers... Tu as entendu parler de la date de mort ?

— Éclaire-moi.

J'hésitais à lui en parler. Lui qui avait construit une communauté si positive et bienveillante, je ne voulais pas casser son rythme en venant m'interposer avec la date fatidique de notre mort. Comprenant ma réticence, il me rassura :

— Ava... on est tous les deux des passagers. On comprend le miracle, on l'a vécu. Quoi qu'il en soit, ça va aller, d'accord ?

— Ça..., déglutissai-je. Ça ne va pas aller. Ma tante Mick, Cal et moi avons respectivement eu un indicateur chacun de notre mort prochaine. Une intuition, nous annonçant le décès des passagers cinq ans et demi après le retour du vol huit-cent-vingt-huit. Tous les indices nous ont menés à la date exacte. Le deux juin deux-mille-vingt-quatre.

Adrian s'arrêta de marcher. Je l'ai suivi, regardant toute trace de bienveillance et de sérénité quitter son visage.

— Je suis désolée de t'annoncer ça comme ça... je... je veux que le miracle persiste, tu comprends ? Et pas seulement cinq ans après. Je pense que tu as raison, on doit partager notre don avec le monde, mais à quoi bon si c'est pour tous disparaître des années après ? Mon père fait tout pour l'empêcher, et...

— Il a peur, se remit à marcher Adrian, les mains dans le dos. On choisit la voie qu'on veut suivre. La peur engendre la peur, et les miracles engendrent des miracles. On a déjà été sauvés. On le sera à nouveau. Si on croit.

— Mon père ne croit pas, soupirai-je. Il ne croira jamais, il ne comprendrait pas que je sois ici.

— Il finira par croire, fit-il avec sagesse. Tout comme toi. Tu t'es montrée réticente au début, et regarde le chemin que tu as parcouru en quelques mois ! Laisse-lui du temps.

Méditant sur ces paroles, je le remercie et m'apprête à rejoindre le bus de ville pour la maison quand je reçus un message de ma tante. Elle n'était pas en service, et me proposait d'aller tester une nouvelle adresse de glacier... Sans hésiter, j'ai accepté et lui ai répondu par message, heureuse de pouvoir partager un moment seule avec elle. Ce n'était pas arrivé depuis l'accident et le retour de Zeke à New York...

Nous avons commandé un cornet chacun dans ce petit commerce ambulant. Comme c'était à prévoir, j'ai pris une boule chocolat, et elle vanille. Pendant qu'on finissait notre conversation sur un rire, je l'ai remerciée :

MANIFEST - The Calling (Parties 1 à 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant