Harry laissa son regard traîner sur cette étendue morne devant lui, ses coudes venaient s'appuyer sur la rambarde en pierre, lui laissant de petites égratignures qui s'ajoutèrent aux autres. Il souffla de désarroi, le doux mois de novembre avait laissé échapper sa dernière bouffée de vie il y a quelques jours, ouvrant alors la voie au dur mois de décembre et brisant ainsi les maigres espoirs d'un monde vivant.
Monde qui n'accueillait d'ailleurs plus l'ombre d'un sourire, seulement des jérémiades et des lamentations qui n'en finissaient jamais à propos de cette température hivernale qui venait progressivement s'installer sur les terres de Grande-Bretagne. Et le brun ne sentait d'ailleurs plus ses mains glacées.
Mais malgré ce temps qui semblait se refroidir chaque jour un peu plus, Harry se sentait étouffer d'une chaleur paradoxale qui lui venait du fond de ses entrailles. Chaque journée ressemblait toujours davantage à la précédente, d'une lassitude sans nom et il avait besoin de se rafraîchir les idées, car même la vue qu'il avait de sa fenêtre n'arrivait pas à contenir cette envie de changement et de renouveau qu'il avait, elle ne lui suffisait plus.
Il se sentait suffoquer à force de tourner dans sa petite pièce, de lire sans cesse la même ligne de son livre parce qu'il n'arrivait plus à avancer dans sa lecture, de se rendre compte qu'il était à nouveau seul pour se sortir de son quotidien asphyxiant.
Parce qu'en effet le rouge et or n'avait plus cette main tendue devant lui pour l'aider à surmonter la pente qui se dressait sur son chemin, ni même cette touche de couleur qui lui avait permis de voir d'une multitude de nuances son monde fait uniquement de noir et de blanc. Tout s'était envolé en un simple mouvement de douces lèvres qui s'étaient posées sur son front avec la même légèreté que l'aurait faite une plume.
Et venant emporter avec lui tous les espoirs qu'il avait inconsciemment éprouvés durant les quelques jours avant ce moment, espoirs en lesquels il avait pourtant fondé tant d'attentes qui s'étaient vraisemblablement montrées fausses puisqu'il se trouvait maintenant éloigné au plus possible de celles-ci.
Tous ses espoirs avaient disparu en même temps que ce bête mouvement de lèvres.
Il enfila alors la cape molletonnée qu'il avait délaissé piteusement sur le fauteuil et sortit de la salle sur demande en poussant un léger soupir de soulagement, tout en n'oubliant pas de mettre les gants en laine d'un rouge vin que Molly lui avait offert l'hiver dernier.
Il marcha d'un pas lent, ne sachant pas réellement où il pouvait aller sans se faire repérer par un professeur qui faisait une patrouille nocturne. Puis finalement il fut pris d'un éclair de génie, il allait se rendre près du lac, un ponton s'y trouvait et il était assez dissimulé par les nombreux saules pleureurs à proximité pour lui offrir un minimum d'intimité.
Son regard se perdit sur le paysage qui se trouvait face à lui lorsqu'il posa un premier pied sur l'herbe humide. Les éclatants bouquets de feuilles vertes s'étaient dissipés et avaient laissé place à de simples branches d'arbres, dévoilant sans aucune pudeur leur nudité et les moindres écorces qui constituaient ces morceaux de bois.
Et les chardonnerets qui peuplaient habituellement ces derniers avaient totalement disparu et étaient désormais remplacés par des corbeaux aux plumes de jais, d'un noir bien trop profond et luisant pour oser apparaître lors des autres saisons. Harry en regarda d'ailleurs un qui dépliait ses ailes pour s'envoler et disparaître dans ce ciel bleuté.
Toute cette vaste nature lui donnait parfois envie de courir, et se dire qu'il était seul, à l'abri de tous les regards, ne faisait que grandir cette soudaine lubie.
Au loin il entendit les couinements des oisillons qui sonnaient à ses oreilles telle une mélodie qu'il avait déjà entendue, alors il se mit à fredonner doucement, les souvenirs s'insinuant sans mal dans tous ses membres qui se mettaient soudainement à ressentir le besoin de bouger. Ses jambes se déplaçaient et s'amusaient à se tourner autour, le faisant valser pendant qu'il étendait ses bras dans l'espoir de sentir l'air frais caresser sa peau dans un geste de réconfort.
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ᴀ ᴛᴇᴀʀ ᴏғ ɢᴏʟᴅ • ᵈʳᵃʳʳʸ
RomanceDe retour à Poudlard pour une huitième année, le survivant n'est plus que l'ombre de lui-même, il y retourne plus brisé que jamais. Mais peut-être retrouvera-t-il un peu de prospérité auprès de deux yeux d'acier tout aussi brisés que lui ? ••• //cec...