chapitre 33: Épée

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Chapitre 33: Épée

Il se tut encore un instant avant de reprendre:
"Mais j'aime votre façon de voir les choses. Ça m'apaise..."

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Le cœur du prince sembla soudainement se gonfler de tendresse en remarquant l'air ému du jeune El.
Un instant de flottement passa avant qu'il ne prenne l'inspiration que ses poumons clamaient depuis plusieurs secondes déjà.

Il avait tendance à retenir sa respiration lorsqu'il regardait Violine, il ne s'en rendait compte que lorsque ses poumons lui brûlait la cage thoracique.

Une vive exclamation irritée détourna brusquement l'attention des deux jeunes gens derrière eux. Vert Sauge pestait sur une des roues du chariot qui s'était une nouvelle fois embourbé dans le sol humide.

Cette partie de la route commençait à être éreintante pour les deux Els chargés de la charrette dont les roues s'étaient déjà coincées cinq ou six fois auparavant.

Ils s'éloignaient de plus en plus du lac à leur droite tandis qu'ils rejoignaient la forêt au chanterelles située en hauteur par rapport au reste de la région. Les plus hauts arbres capturaient facilement les nuages et favorisaient la pluie sur la forêt réputée pour être extrêmement humide, ainsi, le surplus d'eau se retrouvait souvent à dévaler la colline pour rejoindre le lac; rendant par la même occasion cette partie de la route quasiment impraticable.

Vert Sauge venait vraisemblablement de perdre le peu de patience qu'il lui restait.
Lui qui n'avait presque pas ouvert la bouche de toute la journée précédente avait lâché le juron le plus créatif que le groupe avait jamais entendu.

"Tu peux absorber l'humidité autour de la roue ? Les chevaux commencent à glisser !"
Lança t'il comme si Gentiane n'était pas déjà en train de se diriger vers la roue en question.

Simon et Violine attrapèrent les deux chevaux attachés au chariot, Gentiane se pencha par-dessus les bordures en bois pour recommencer le petit rituel qu'elle avait répété depuis le début de la journée. Elle attirait l'eau présente dans la terre autour de la roue pour la projeter plus loin et ainsi faciliter la prise du bois sur le sol.

Coria, Shaz et le capitaine Acamas finirent par les rejoindre lorsqu'il sembla évident que Gentiane avait un peu plus de mal que précédemment.

"Tout va bien ?"
Violine s'était approchée après avoir laissé sa place à Shaz pour l'aider.
"Je fatigue un peu... Plus nous montons, plus la couche de boue est épaisse."

Violine commença délicatement à chuchoter lorsque la jeune El lui laissa le champ libre et en moins d'un rien de temps, la terre sécha et s'effrita. Il créa ensuite un petit chemin de moins d'un mètre de terre sèche pour la roue en balayant simplement l'air de la main.
"Ça semble si facile pour vous..."
"Je dois bien avouer que déplacer d'immenses quantités d'eau ou devoir être d'une grande précision sont des défis plus difficiles à relever pour moi..."

Il se redressa, tirant sur les rênes de Bâfre pour lui faire reprendre la route en faisant un simple hochement de menton à Gentiane pour la saluer.

"Tout va bien ?"
Vert sauge hocha la tête pour répondre à Acamas. Même le général, placé à plusieurs mètres de là, avait entendu la perte de patience du El de bois.
"Si tu cries ainsi tu risques d'attirer l'attention. Shaz et Violine ont émis l'hypothèse qu'un fidils soit dans les parages. Même si nous avons plus de chance de croiser des voleurs sur cette partie du continent..."

Vert Sauge lança un regard autour de lui, très peu enjouée à l'idée d'attirer des ennemis.
"Je suis désolé, ça ne se reproduira plus..."
"Bien. Nous arrivons dans quelques heures."

Ils leurs fallut deux heures de plus que la matinée pour faire le même nombre de kilomètres. Le capitaine trouva l'endroit le moins humide possible et ordonna à tous de préparer la nuit à venir.
Shaz parti joyeusement s'enfoncer dans la forêt pour chasser alors que la plupart du reste du groupe répétèrent les mêmes tâches que la veille.

Le capitaine les réunit un peu plus tard, lorsque le soleil commençait doucement à disparaître derrière l'horizon. Shaz n'était pas encore revenu et le feu était encore faiblard dans le foyer qu'ils avaient préparé.

"Prince Simon, j'aimerais connaître un peu mieux tes qualifications en combat et maniement d'armes."
Se dernier haussa les sourcils, il pensait vraiment que le capitaine connaissait déjà tout ce qu'il y avait à savoir sur les membres du groupe, y compris lui-même.

"Je me suis déjà renseigné auprès de quelques-uns de vos professeurs, mais ce qui m'intéresse c'est votre perception de vos propres apprentissages."
Il repris, répondant par la même occasion à la question muette du prince.

"Et bien... Je sais tirer à l'arc, et je maîtrise les bases du corps à corps... je n'aime pas beaucoup l'épée mais j'ai appris auprès d'un grand maître d'arme pendant six ans alors... Je préfère les poignard à vrai dire. Mon père me tuerais si il m'entendais dire cela."

Les dagues et poignards étaient connus dans le royaume pour être les armes de prédilections des assassins et des voleurs, ainsi les maîtres et passionnés en la matière étaient assez mal vus.

"Prend ton épée, je veux voir se que tu as assimilé."
Le prince se redressa et rejoignit en deux pas sa paillasse ou il sortit son épée. Les deux hommes se mirent en garde et Simon fronça les sourcils face à l'air étrange du général.

"Je n'ai pas d'expérience en combat réel. J'ai surtout des connaissances et une pratique de base en la matière."
"Vous avez le corps parfait pour ce type d'arme. Des épaules larges et de long bras qui vous offrent une grande amplitude... une taille fine et des hanches marquées pour une souplesse et une stabilité optimale..."
Le capitaine tourna autour du prince pour analyser son corps musclé. En tant que professeur, il avait rêvé longtemps de voir un tel physique fait pour le combat, jusqu'à sa rencontre avec Coria qui était très vite devenu sa meilleur élève et puis son fidèle bras droit.

"Vous n'aimez pas l'épée mais vous devez être redoutable. À condition d'avoir eu un très bon professeur..."
Le capitaine revint à sa place initiale avec un sourire au lèvres.

"Attaquez-moi."
Immédiatement, le regard sombre du prince sembla s'éteindre, comme si tout ce qui faisait de lui Simon Aades avait subitement disparu, remplacé par quelque chose de sombre et implacable. Un frisson remonta le long de la colonne vertébrale du général qui supporta les quelques attaques du prince avant de riposter, agréablement surpris par la grâce, la puissance et la précision froide de Simon.

Alors que Acamas rendait les coups qu'il avait encaissés quelques instants plus tôt, Simon paraît avec technique, ne reculant pas plus qu'il ne faisait reculer le général.
"Coria !"

Cette dernière entra en scène en un éclair, le prince repoussa brusquement Acamas pour parer le coup de la jeune maître d'arme. Sa technique était bien plus basée sur la vitesse et le prince du redoubler de vigilance pour gérer à la fois la force du capitaine et la rapidité de Coria.

Alors que, peu à peu, le combat gagnait en intensité, Violine surveillait méticuleusement chaque lame s'approchant un peu trop près de son prince, priant les dieux pour qu'aucun incident ne survienne. Son stresse montait petit à petit, recouvrant sa peau airain de chair de poule et faisant vibrer la terre et les pierres autour des ses pieds.

ELSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant