Chap 21 - Cauchemar

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[27 novembre, 20h58]

Je ne vais pas y arriver.

Je me retournai dans le lit, encore et encore, dans une vaine tentative de trouver le sommeil. Mais la proximité de Seth, Kaelie, Dahlia et les autres m'empêchait de fermer l'œil. Il était encore tôt, et je les entendais s'activer au rez-de-chaussée.

Je ne vais pas y arriver.

J'avais été folle d'espérer.

Me relevant, je me mis à faire les cent pas dans la chambre. Il fallait que je m'échappe de cet endroit.

Il va te retrouver. Il te retrouvera partout.

Tu ne pourras jamais lui échapper.

- Fais chier...

Je me dirigeai vers la fenêtre, poussai le rideau et l'ouvrit d'un geste sec. L'air froid s'engouffra dans la chambre et me fit frissonner. Me penchant au-dessus du vide, je me rendis compte que j'étais à presque dix mètres du sol.

Super.

J'étendis mon regard aux alentours. La maison était entourée d'un jardin, si grand que je n'en voyait pas le bout, dissimulé par la nuit tombante. Même si j'arrivais à accéder à l'extérieur, rien ne m'assurait que je parviendrai à fuir la propriété.

Et en pleine nuit, c'était presque du suicide.

Avec un grognement de rage, je refermai la fenêtre et fit volte-face pour retourner m'asseoir sur le lit. Je ne pensais pas réussir à dormir, mais retourner avec les autres filles n'était pas envisageable. Les mots de Seth me pétrifiaient littéralement.

Je n'étais plus rien. Je me sentais nulle, incapable, juste bonne à attendre mon sort. Je pensais être une battante, une gagnante...

... mais au petit jeu auquel j'avais décidé de jouer, j'étais pour le moment bel et bien la perdante.

***

- Dis-le, Ezra.

Debout devant moi, Seth sourit. Son regard mauvais se pose sur mon corps immobile contre le mur. A l'intérieur de ses pupilles, je lis la haine, la colère, et surtout, l'envie irrésistible de détruire... de me détruire, moi.

- Dis-le !

Sa voix s'élève, se durcit. Son expression hargneuse me terrifie, et je sens que, tel un prédateur assoiffé de sang, il se régale de la peur qu'il provoque en moi.

Cette homme me hait.

Pour une raison que j'ignore.

- DIS-LE !

- Dire quoi ?! hurlé-je en réponse.

Sa main saisit mon bras, me tire vers le ventre de la pièce. Mon corps, trop faible pour lui résister, est projeté en avant et va s'écraser contre la table basse noire. Un cri franchit mes lèvres.

- Mais laisse-moi, pauvre taré !

Je me redresse, haletante, et plaque mes deux mains sur sa poitrine pour le repousser violemment alors qu'il se rapproche. Il titube en arrière et son dos va heurter le mur, le faisant trembler. Alors même que le choc a dû être intense, ses lèvres s'étirent dans un sourire encore plus mauvais.

- C'est beaucoup plus amusant quand tu rends les coups, ricane-t-il.

Sa main se lève, saisit mon épaule, la serre si fort que j'en ai les larmes aux yeux.

Belle de NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant