[27 novembre, 00h37]
Ma réponse avait été brève. Lâchée dans un souffle rauque et court. Murmurée, puis regrettée dans la seconde.
« Oui. »
L'angoisse se lisait dans mes yeux tandis que je lui avait fait part de ma décision, et il avait souri, comme un prédateur se délectant de la terreur et de la souffrance de sa proie. Son regard m'avait annoncé : « j'étais sûr que tu accepterais ».
Puis j'avais fui.
Tout l'après-midi, j'avais fui. Je m'étais cachée, tremblante, errant dans les petites rues. Je rejouais la scène dans ma tête.
« Oui. »
J'avais accepté.
Sur un coup de tête, un élan d'impulsivité. Une syllabe soufflée précipitamment avant de pouvoir changer d'avis.
J'avais accepté, et maintenant, je devais assumer.
Car je me doutais bien que Seth ne me lâcherait pas comme ça... et que, s'il m'avait laissée m'enfuir, c'était qu'il savait très bien comment me retrouver le moment venu.
Arrête de fuir, Ezra.
Pense aux autres, ne soit pas égoïste.
Dorian n'aurait pas fui, lui.
C'était à cause de cette dernière pensée que, après toute une après-midi de solitude, de remords et de peur, je me retrouvais en cet instant devant la porte de mon appartement.
Pour la dernière fois avant longtemps, sans doute. Mais je devais le faire. C'était, en quelque sorte, la dernière étape de la phase d'acceptation de mon nouveau « travail ». Je devais me remémorer, me rappeler pour toujours, ce qui me poussait à faire ça. Après...
Tu n'auras qu'à faire ce que tu veux, Seth Andersen.
Lentement, je sortis mes clés et les introduis dans la serrure. J'allais abaisser la poignée de la porte quand je sentis soudain une présence dans mon dos, et un souffle dans ma nuque. Un frisson parcouru mon corps, qui se raidit. Je savais très bien qui était derrière moi. Sa proximité était révulsante, je ne voulais pas qu'il me touche, qu'il m'approche, qu'il me...
Tu lui as cédé ton corps, Ez'.
C'était sans doute trop tard pour refuser son contact.
- Je peux savoir ce que tu fais ?
Sa voix était grave et basse, menaçante.
- Je vais faire mes adieux à Dorian et ma mère, répondis-je d'une voix que je tâchais de contrôler.
- Hors de question.
- Je ne disparaîtrais pas sans leur donner une explication.
Durant quelques secondes, il ne répondit rien, au point que je commençai à prendre son absence de réaction pour un assentiment.
Puis, brusquement, il me saisit par les épaules et me fit pivoter vers lui. J'eus envie de me recroqueviller sur place quand je vis son regard mauvais et son corps me surplombant d'au-moins dix centimètres. Ses doigts descendirent le long de mes bras, agrippèrent mes poignets avec violence, ses ongles s'enfoncèrent dans ma peau. Ses pupilles étaient dilatées. Il était fou, il n'y avait pas d'autre explication. Quel être humain normal se réjouissait-il de la souffrance et de la terreur des autres ?
- Tu ne leur parleras pas, lâcha-t-il tandis que j'avalais difficilement ma salive.
- J-Je...

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Belle de Nuit
Aksi« Belles de Nuit » Les pierres précieuses de l'organisation Artemis. Des jeunes filles. D'une vingtaine d'années. Enlevées, kidnappées, volatilisées, disparues. « Belles de Nuit » Personne ne sait où elles sont. Personne ne sait ce qu'elles font. ...