Chap 17 - Angoisse

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[27 novembre, 12h03]

Vide.

C'était tout ce que je ressentais en fixant la signature que j'avais apposée sur la feuille, en-dessous du texte du contrat, près de celle de Seth.

Vide.

Même pas effrayée, ou en colère. Juste... complètement spectatrice. Ce n'était pas moi, ce n'était plus moi. Ce n'était plus ma vie.

Seth me fixait d'un regard tranquille tandis que, petit à petit, l'information cheminait vers mon esprit, s'ancrant définitivement.

Ma vie n'était plus la mienne.

J'avais signé le contrat.

***
[27 novembre, 12h22]

Depuis combien de temps étais-je là ?

Depuis combien de temps Seth et son sourire malsain avaient quitté le sous-sol ?

Depuis combien de temps fixais-je le plafond, le corps cloué au canapé comme si une masse était étendue sur moi ?

Je n'avais pas la force de me lever pour vérifier si la porte était ouverte ou fermée à clé. Ni l'envie, d'ailleurs. Quel intérêt de sortir d'ici, excepté me rapprocher de monsieur flippant ? J'étais tout aussi bien loin de lui.

Mais à l'évidence, les autres n'étaient pas de cet avis. Alors que j'étais toujours plongée dans ma contemplation du plafond, la poignée de la porte s'abaissa doucement. Je me redressai à demi, pour voir la petite fille de tout à l'heure entrer dans le salon.

- Euh... salut, lui dis-je.

- Salut !

Sa voix était enjouée. Comment s'appelait-elle, déjà ?

- Mia, c'est ça ?

- Oui. Maman m'a dit de venir te chercher. Elles t'attendent pour le repas.

Et, sans un mot de plus, Mia tourna les talons et s'éloigna d'un pas sautillant vers les escaliers qui menaient au rez-de-chaussée. Mes petites vacances solitaires sur le canapé étaient terminées, apparemment.

Je me levai lentement de mauvaise grâce et sortis du salon, arrivant devant l'escalier au sommet duquel Mia m'attendait d'un air impatient.

- Dépêche-toi, on mange des lasagnes !

Je gravis les marches qui nous séparaient.

- Qui a fait à manger ?

- Zoé. Elle est trop forte pour la cuisine. Même que des fois, elle me laisse l'aider.

Une fois que je fus sur la dernière marche, Mia poussa la porte qui nous séparait du reste de la maison.

La sortie du sous-sol donnait sur un garage grand mais vide. Des étagères inutilisées étaient appuyées contre les murs gris et nus. Il n'y avait aucun objet, excepté un vase brisé au sol, des livres éparpillés par terre, des mégots de cigarettes abandonnés et une moto garée dans un coin. Une magnifique moto, d'un noir mat, élancée et taillée pour la vitesse.

- Elle est à qui ? demandai-je même si je me doutais de la réponse.

- À Seth ! lança Mia en trottinant vers la sortie du garage. Y'a que lui et Kaelie qui ont le droit de la toucher, sinon il se fâche très très fort.

- Pourquoi Kaelie ?

- J'sais pas !

Mia ouvrit la porte du garage et s'engouffra à l'intérieur. Je lui emboîtai le pas. Et découvris enfin la maison de Seth Andersen.

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