Chapitre 8

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Je préfère lui laisser le contrôle, s'impliquer lui fait du bien aussi je m'accroche à sa taille pendant qu'elle pilote sa motoneige. Nous essayons de nous repérer, jusqu'à trouver ce qui nous a intriguées. De multiples rencontres entre Thompson et un homme, avec des échanges de poignées de mains, puis Thompson s'éloigne mais nous le retrouvons dans un autre plan, sortant puis entrant dans le champ de la caméra rapidement.

« Tu penses comme moi ? », avons-nous demandé en même temps en pointant un boîtier dépassant de l'angle du bâtiment où Thompson disparaît. Cela se compte en secondes, il n'a clairement pas le temps de s'éloigner, donc le boîtier lui sert de cache. La décision de partir pour Scott est venue de Julia qui a sauté hors du lit, se dépêchant de s'habiller. Nous déplaçons mon matériel, Adriana travaillant dans sa chambre pour le moment. Elle ne pose aucune question, me donne un double des clés, me disant que je peux y accéder quand je veux. Vu que nous avons désormais un visiteur, nous ne laissons que nos ordinateurs et les cartes mémoires. Dans la luge que Julia traîne, se trouve mon fusil et mes armes. Nous en sommes rendus là, désormais je dois être prête à protéger Julia.

« Ça te manque le sexe avec un homme ? », demande-t-elle une fois lancée sur la piste glacée, comme si c'était le moment pour poser ce genre de question.

« Non, je n'ai jamais couché avec un homme. Plus jeune j'en ai embrassé, oui, mais sans plus. Je n'ai jamais été attirée. Ma sexualité s'est confirmée à l'armée, j'avais dix huit ans.

— C'est comment avec une femme ? » Julia me semble bien curieuse, j'ai l'impression que de me côtoyer lui fait prendre conscience qu'être lesbienne n'est pas une tare.

« C'est comment avec un homme ? »

Julia ne répond rien jusqu'à ce qu'elle ralentisse alors que nous approchons de la base de Scott, relevant ses lunettes de soleil.

« Je n'ai pas eu de relations sexuelles depuis que... Je n'éprouve plus rien pour les hommes. Au début, on me conseillait de sortir, de ne pas rester enfermée, j'ai vu une psy, longtemps. Je faisais des cauchemars. Elle appelle ça un syndrome de stress post-traumatique, comme pour les militaires. J'avais des médicaments. Je vais mieux aujourd'hui, mais mon psy dit que je suis devenue asexuée.

— Je suis désolée, Julia.

— Alors, je me dis, peut-être qu'avec une femme, quelqu'un qui a faillit mourir comme moi, qui est blessée comme moi, qui me comprend, avec qui je peux parler de tout sans gêne, peut-être que je pourrais aimer à nouveau.

— Julia...

— Je sais que tu viens tout juste de te séparer, Emily, je suis consciente de ta tristesse. Tu es quelqu'un de bien, tu me supportes alors il faut l'être. Nous ne nous connaissons que depuis quelques jours et pourtant tu sais déjà tout de moi. Je dors collée contre toi toutes les nuits, je te touche, tu es une belle femme, mais je n'éprouve rien, pourtant je devrais, non ? Physiquement, intellectuellement et personnellement, j'ai conscience que tu es magnifique, j'imagine que je devrai ressentir quelque chose, non ? Tu crois qu'en tentant de me tuer, mon ex m'a cassé ?

— Julia, je ne suis peut-être pas celle qu'il te faut, en fait ton subconscient doit voir que nous sommes semblables toi et moi. Notre mode de vie est proche. Nous sommes deux êtres solitaires qui voyageons sans cesse. Tu habites chez tes parents, moi sur une base militaire, nous ne vivons pas seules, dans nos propres appartements, c'est peut être pour cela que tu ne ressens rien pour moi, je suis ton reflet. Tu n'es pas cassé, je t'offre mon amitié. L'amour viendra lorsque tu ne t'y attendras pas, j'en suis sûre.

— Je crois que tu as raison, enfin je l'espère. Alors c'était... », réfléchit-elle à voix haute alors que nous avançons lentement dans le camp.

Icy assignment - Reaper # 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant