Icy assignment - Reaper # 2

Chapitre 19

Nous rejoignons le réfectoire comme s'il ne s'était jamais rien passé, comme cela n'était qu'un mauvais rêve, bras autour de la taille, saluant nos collègues. Glenn nous arrête dans le couloir, me faisant signer des papiers, je ne sais même pas pourquoi je les signe, que je me fais taper sur les doigts parce que j'ai sauté une page, Julia pouffe de rire avant de remercier Glenn qui retourne dans son bureau. En entrant dans le réfectoire, j'ai l'impression d'avoir pénétré dans la quatrième dimension. Nous ne sommes pas différentes des autres jours, je remplis des assiettes, n'ayant rien mangé depuis la veille et le café du pilote. J'ai uniquement tenu car j'étais sous testostérone, gavée à bloc. Nous saluons, discutons avec ceux que nous croisons jusqu'à rejoindre notre table. Profitant que Julia va chercher nos cafés, Billy s'empresse de venir me voir, l'air coupable.

« Rien à signaler, chef », dit-il en nettoyant une table qui n'a pas servie. « Madame », dit-il en saluant Julia qui revient, lui disparaissant.

« Madame ? Pourquoi chef ? Ne me dis pas que tu le force à t'appeler chef, c'est Billy, il est inoffensif.

— Il me faisait son rapport, je l'ai mis sur une mission hier.

— Emily ! », chuchote-t-elle.

« Il n'y a aucun danger, j'ai éliminé ceux qu'il devait trouver.

— Ah, une mission d'observation de nouveaux visages. Pourquoi m'appelle-t-il Madame ?

— Il est dans son personnage, j'en sais rien en fait », éclatais-je de rire, mettant de l'ambiance dans le réfectoire.

J'aime cette atmosphère détendue, elle nous fait du bien à toutes les deux, et à tous aussi, suite au stress de l'enquête et à la découverte des corps de leurs collègues.

« Bon, écoutez-moi tous », dis-je en me levant, tapant ma fourchette sur mon assiette. « Inspection des labos et des chambres dans quinze minutes ! »

Un brouhaha s'élève, mêlée d'indignation, me demandant sous quelle autorité.

« On m'a rapporté que certains d'entre vous fabriquent de l'alcool en secret. Le stock de pommes de terre diminue trop vite selon ce que m'a rapporté la cuisine. Et je n'ai même pas eu une bouteille en cadeau ! Donc, je sanctionne.

— Les pommes de terre c'est la raclette », intervient Henry, « et la raclette était dans ton assiette », rigole-t-il, « nous t'avons tous vu aller te resservir dans un saladier. Billy était sur le point d'aller t'installer une chaise directement devant la raclette.

— Elle était vachement bonne », dis-je en éclatant de rire. « Bonne journée à toutes et à tous ! »

En m'asseyant en essuyant mes yeux je vois Julia, coudes sur la table qui m'observe en souriant.

« Quoi ? J'ai de la bouffe sur la figure ? », questionnais-je en m'essuyant tout en regardant ma serviette.

« Tu es si naturelle. Tous te considèrent comme la responsable de la base, alors que tu ne travaille même pas ici, tu as vu Glenn tout à l'heure ? À un moment donné, il y a bien quelqu'un, quelque part, qui va regarder des documents, lire des rapports et se demander : c'est qui cette Elizabeth Farmer ? Tu sais quoi, encore quelques jours comme ça, et tu dirigeras la base de Scott en visio-conférence. Dans un mois, celle d'Amundsen. À la fin de la saison, tu posséderas l'Antarctique.

— Bonne journée, Madame la Directrice », entends-je dans le dos de Julia alors que certains quittent le réfectoire pour aller travailler. Julia me fixe, sourire jusqu'aux oreilles.

« Salut, les amoureuses ! À plus tard ! »

Julia tourne la tête pour voir Henry partir, et ce coup-ci c'est à moi de rire.