Chapitre 22

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Je ne reste pas sans bouger, roulant jusqu'au bureau pour frotter le câble USB sur l'arrête du bureau. Je frotte, force pour écarter mes poignets, frotte encore jusqu'à ce qu'il cède. Adriana me regarde, avec son visage ensanglanté, casser le cadre photo qui est sur le bureau, récupérant un morceau de verre, cisaillant le fil électrique avant de partir en courant, non sans avoir récupéré mon arme. Je me suis entraînée pour ce jour toute ma vie. Des sélectionneurs seraient là, dans les couloirs, traversant Highway comme si j'avais la diarrhée, je serais qualifiée d'office pour les jeux olympiques, je fracasse tous les records de vitesse, je cours si vite que j'ai l'impression de me téléporter d'un couloir à l'autre.

« Julia ! », criais-je alors qu'elle ouvre la porte extérieure. Se retournant, elle me sourit, je lève mon bras, la mettant en joug.

« C'est fini, arrête-toi, rentre.

— Tu vas me tirer dessus si je ne rentre pas ? »

Je suis incapable de la tuer alors qu'elle me regarde. Ses lèvres, son sourire, ses yeux, cette mèche que je veux sans cesse glisser derrière son oreille. Je ne peux pas. Je l'aime. Je ne supporterais pas cette vision, la voir morte par ma main, je serais même capable de me tirer une balle.

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Je baisse le bras en m'approchant, elle referme la porte. Je sais qu'elle le fait pour que je n'ai pas froid, malgré le chauffage qui tourne à fond.

« Où en sommes-nous ? Sommes-nous fâchées ? », demande-t-elle. Je sais que sa question est sincère. Je sais ce qu'elle ressent. Tout est compliqué. Elle m'aime mais c'est fini. Je dois l'arrêter pour ses crimes, les crimes qu'elle avait planifié.

« Non, nous ne sommes pas fâchées, Julia. Allez, file, vas-t'en, Julia. Je suis fatiguée. »

Je la regarde sortir et je m'approche de la porte alors qu'elle enjambe la motoneige, démarre, avance un peu avant de s'arrêter, se retournant vers moi.

« Tout n'était pas qu'un mensonge, Emily, tu le sais, sous chaque couverture se cache une grande part de ta véritable personnalité. Mes sentiments pour toi sont sincères, je t'aime. J'ai aimé faire l'amour avec toi, pendant un moment je me suis complètement laissé envahir par notre relation. Viens avec moi, lache ton travail, rejoins moi. C'est bien payé, nous travaillons ensemble pour le groupe quelques années, maximum cinq ans et nous nous barrons, toutes les deux. J'ai envie d'une maison dans un coin tranquille, une vie avec toi. Nous pourrions même adopter un enfant. Si tu m'aimes, viens avec moi, Emily.

— C'est bien parce que je t'aime que je te laisse partir. J'ai failli te proposer de m'épouser, devant le Chapelain, ici. Mais...

— Tu voulais m'épouser ? », demande-t-elle, surprise. « Tu m'as vraiment dans la peau, je suis flattée, Emily, sincèrement. Merci. Je ne te cache pas que je n'en suis pas là dans ma vie, le mariage et tous ces trucs d'un autre âge, désuets, mais si nos chemins se croisent à nouveau, repose-moi la question, je pense que je serais prête à sauter le pas, car je vois que cela te tient à coeur. Sois prudente, Major. Je t'aime.

— Je dois t'arrêter pour tes crimes, Julia.

— Mes crimes ? Quels crimes ? Je n'ai rien fait, à part tuer Adriana. Combien de personnes as-tu tuées depuis que tu es ici ? Six si mon compte est bon, ce qui est une sacré moyenne. Est-ce que j'ai fait quelque chose contre les lois qui régissent cette base et l'Antarctique ? Non, au contraire, j'ai tout fait pour que l'existence de ce minerai ne soit pas connue, qu'il n'y ai pas de forage, j'ai protégé cette terre gelée. »

Elle a raison, bien qu'elle ait planifié la mort de plus de mille deux cents personnes, dans les faits, je suis la criminelle.

« Allez Grace, rentre mon amour, tu vas prendre froid. J'espère du fond du cœur que l'on se reverra. »

Icy assignment - Reaper # 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant