Arrivée au chateau

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C'est un véritable enfer. Notre cher roi de l'ombre, pris d'une irrésistible envie de montrer qui a la plus grosse à arbitrairement décider qu'à partir d'aujourd'hui j'intègre le palais en tant que serviteur. Ma mission est simple, laisser traîner mes yeux et mes oreilles et faire des rapports détaillés au roi de l'ombre.

Ça n'a pas beaucoup plus à Cassian, mais ce dernier n'a rien pu dire. Il n'est pas le roi, même lui ne peut pas discuter les ordres du roi. Au moins cette décision a reporté toute sa colère sur Tokarin. J'ai encore un peu de travail pour regagner entièrement sa confiance, mais c'est moins pire que ce que je craignais. Je devrais peut-être envoyer un rapport personnalisé à Cassian sur les activités du château, ça devrait lui plaire.

Qu'est-ce que je raconte ? Ce n'est pas comme ça que je retournerais au palais souterrain ! Je suis à des années-lumière de mes objectifs ! Je dois grimper les échelons du gang, pas devenir espion au palais. C'est comme si j'étais mis au placard.

Le pire... C'est que je n'ai pas un poste de serviteur ordinaire... Je suis le préposé au pot de chambre. Je crois que je n'ai jamais été aussi humilié de toute ma vie. Je suis sûr que Tokarin la fait exprès. Mais vu le poste je comprends que personne n'ait trouvé mon arrivée étrange. Ça, plus la corruption qui est beaucoup plus étendue que ce que je pensais.

Va falloir que je revoie entièrement mes plans. Combien de fois j'ai dit cette phrase l'espace de quelques jours ? Bon sang tout allait si bien, j'étais si près de mon but et tout est parti en vrille. Je dois tout recommencer.

Je pousse un long soupir. Assit une chaise en fer j'écoute Monsieur Frat, un vieil homme un peu bossus, m'expliquer toutes les subtilités du métier de préposé au pot de chambre : comment bien les laver, où les ranger et dans quels ordres et tout un tas de détail sur les aisselles que j'aurais préféré ne jamais connaître.

Je pensais avoir touché les baffons en ayant grandi dans les rues mal famées de la basse ville, mais il faut croire qu'il est possible de tomber encore plus bas.

Je pose mon regard bleuté sur le pauvre homme dégarni qui monologue depuis maintenant trois heures, son pot de chambre entre les mains. Il ne va donc jamais le poser ? Je m'efforce de sourire et hoche la tête par moments pour avoir l'air de l'écouter.

Pitié, je sais que je ne prie jamais les quatre, mais si une des déités m'entend... Venez à mon secours !

Le soleil est couché depuis longtemps quand il termine enfin son discours et l'autorise à partir. Sans cérémonie je détale et cours me réfugier dans ma chambre. Ou plutôt mon dortoir. Oui, terminer la chambre seule, j'ai de nouveaux droits à la vie en collectivité.

Mais cette fois c'est mon choix.

J'ai supplié Cassian pour qu'Elija reste au palais souterrain, ce qu'il a accepté plus facilement que je ne l'aurais cru. Grâce à elle je pourrais garder un œil sur le gang. Et je remercie mon moi du passé d'avoir pris le temps d'apprendre à Elija comment utiliser Luna pour envoyer des messages au château.

Mais en contrepartie je me retrouve à partager mon logement avec d'autres hommes à l'hygiène nettement moins douteuse que mes anciens colocataires. Même si on est des employés de basses classes, on reste dans au service de la famille royale.

J'ai d'ailleurs un superbe uniforme. Entièrement blanc, le buste droit et doubler, des manches serrés, des gants immaculés et un pantalon bouchant qui se termine dans des bottes hautes étonnamment confortable.

Tous les serviteurs du palais portent la même tenue, créant une uniformité plutôt jolie à observer dans les couloirs. Entre les murs de craies, les colonnes, les moulures au plafond et autour des portes et les sculptures en pierre ou en verre, on pourrait presque se fondre dans le décor. On sent que tout a été pensé dans les moindres détails.

L'ombre du trône : Je veux le pouvoir, la couronne et la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant