Voyage dans les sables

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Le désert d'Ewadun est une immense mer de sable où l'or s'étend à perte de vue. Avec d'autres serviteurs j'ai pris place dans une charrette, tirée par deux zèbres, direction les portes de fer. C'est l'un des deux, non trois, accès qui permettent de sortir de la ville, avec les catacombes et l'ouverture au sommet du dôme. Les deux premiers étant accessibles uniquement depuis la haute ville et le dernier à dos d'aigles, la plupart des habitants ne sont jamais sortis de la cité. De toute façon, la traversée du désert est hors de prix et même une vie d'économie ne permet pas d'acquérir un billet.

Un caillou passe sous les roues de la charrette et manque de me faire perdre l'équilibre. Je me rattrape in extremis, ce qui ne manque pas de faire rire mes camarades. Foutu pont ! On pourrait croire qu'un accès direct du palais à la porte de fer serait bien entretenu, pourtant on n'arrête pas d'être secoué !

Je mords l'intérieur de ma joue pour calmer mes nerfs. Détends-toi Éden. Tu vas assurer comme hier. Poskon m'a demandé d'intégrer l'équipe chargée du service lors de la balade nautique des représentants. Ma participation au conseil de famille royale ne lui ayant pas échappé, il a décidé de m'ajouter aux festivités du jour pour, à nouveau, remplir le verre du prince, pour ma plus grande joie.

J'ai hâte que la traversée se termine. J'ai beau ne pas être douillet, il n'y a rien de plus inconfortable que les chariots de serviteur. Dire que les représentants ont le droit à des calèches tout confort. Toit ouvrant, siège en velours renforcé de coussin et même un système d'amortisseur anti-crevace!

D'où je suis j'aperçois les représentants observés la ville sous les commentaires, que je devine condescendants du monarque. Il est vrai que la vue est impressionnante depuis le pont. D'ici à la ville basse paraît presque normale, personne ne pourrait imaginer la misère qui y règne. C'est probablement une des raisons qui fait que les puissants ne réalisent pas la différence qu'il existe entre eux et nous. Damian quant à lui semble indifférent au paysage. Comme à son habitude.

Je soupire intérieurement. Espérons qu'il se fasse remarquer en bien lors de la sortie. Une calèche de noble est également du voyage. Ce sont eux qu'il faut impressionner, ce sont eux qui choisiront le futur roi.

Après de longues minutes de voyage sous un soleil de plomb, les portes de fer s'ouvrent enfin devant nous. C'est la première fois que je les vois. Je n'étais jamais venue aussi près du dôme de verre. Depuis la ville on ne se rend pas vraiment compte de sa présence, sauf lors de tempêtes de sable où les grains de poussière viennent s'écraser dessus. Même de près, il semble invisible. On pourrait croire qu'une immense porte en métal forgé a été dressée au milieu du désert.

De l'autre côté, j'apercois le camp militaire dans lequel les soldats s'entraînent et dressent des lions de combat. Certains sont aussi petits que des chats, d'autres suffisamment grands pour être montés. À l'extrémité du camp, toute une flotte de navires en verre et en fer prêt à fendre les vagues de sable.

En s'ouvrant, les ports balaient le sable devant elle et un vent chaud et lourd s'infiltre dans le dôme. Je comprends mieux pourquoi il nous en demandait de mettre des tenues plus légères, on se croirait en pleine Edena ! Dans le dôme la température est chaude mais agréable. Même avec un pourpoint fermé et un pantalon la température reste supportable. Mais dehors, je me sens suffoquer. Dire qu'on va devoir supporter cette chaleur pendant plusieurs heures, les dieux, achevez-moi !

Inspirant et expirant à un rythme régulier pour calmer ma soudaineté bouffée de chaleur, je laisse mon regard dévier sur les soldats en armure en train de s'agiter. Comment font-ils pour supporter ces températures monstrueuses ?

Ce sont tous des Erakilonien pur-sang, cheveux et yeux noirs comme le charbon et la peau olive tanné par le soleil. Certains abords une barbe de quelques jours, d'autres sont rasés de près. Je ne peux m'empêcher de caresser mon menton en voyant leur soyeuse auréolée de poils. Entre ma taille et ma capillarité inexistante je me demande quand je vais grandir. Leur armure bronze et beige se fond parfaitement dans le désert. Elle est composée de plusieurs plaques de métal brun sur le torse, les bras et les cuisses, d'un casque en pointe avec visière intégrée et de vêtement doublé, qui permettent une meilleure protection des articulations.

L'ombre du trône : Je veux le pouvoir, la couronne et la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant