Rencontre Royale

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— Service de pot de chambre.

Les pas rapides et rapprochés des talons qui frappent le sol me parviennent de l'autre côté de la porte. Je recule et attend que la dame de compagnie au visage rond et aux cheveux enveloppés dans de la dentelle me laisse entrer. Elle me scrute de haut en bas de ses petits yeux, comme pour juger de ma perfidie.

Au palais, les seules femmes autorisées à travailler au palais sont celles au service de la reine. Dans ce beau pays, la gent féminine n'a pas le droit de travailler, du moins c'est comme ça chez la noblesse. Dans la basse ville, les hommes ne peuvent pas se permettre d'être aussi catégorique. Une femme, une fille, une sœur c'est une bouche de plus à nourrir. Si elle veut ou peut gagner elle-même sa pitance pourquoi sans priver ? Étrangement il y a plus d'égalité, si on veut, dans les ne baffons que dans les hautes sphères. C'est pour ça que, contrairement au serviteur qui sont d'origines hétéroclites, les servantes de la reine sont toutes issues de la basse ville.

La petite dame finit par ouvrir suffisamment la porte pour me laisser entrer. Je connais assez bien les lieux pour y venir presque tous les jours : des murs blancs tapisser de voilerie rose saumon et doré, de grand baie vitré coloré arborant des motifs de fauve, l'imposant tableau du roi qui surveille les lieux, le plafond peint aux couleurs du désert, un immense lit à baldaquin des mêmes couleurs que la soierie des murs et un hôtel particulier à la gloire d'Ewadun dans un des coins de la pièce. La seule différence, c'est que cette fois-ci la reine est présente.

Debout sur une petite marche en pierre, face à un sublime miroir en pied doré, ses dames de compagnie s'affairent autour d'elle pour l'habiller d'une magnifique toilette blanche et doré. C'est la première fois que je la vois. Il n'y a aucun tableau d'elle dans le palais, ni d'aucune autre reine malheureusement.

Elle est magnifique.

Ses longs cheveux noirs ondulent sur ses hanches et sa peau d'or luisante et veloutée. Sa robe épouse parfaitement ses courbes généreuses dans un draper soigné et étudié. Un long sautoir vient se perdre dans son décolleté, tandis que des bracelets d'or habillent ses biceps et ses poignets.

Elle jette un œil dans ma direction au travers du miroir et croise mon regard. Ses yeux sombres sont semblable à ceux de Damian, deux onyx noir brillant. Du crayon accentue son regard et ses pomettes sont rehaussées de paillettes d'or qui font scintiller son visage. Une délicate chaîne en or repose sur son nez et vient se perdre derrière ses oreilles auréolées de créole extravagant.

Elle est magnifique, je n'ai aucun mal à croire que le roi l'ai choisie uniquement pour sa beauté. Pour autant, je sens une malice dans ses yeux qui font rater un battement à mon cœur. Elle a beau avoir plus du double de mon âge si les règles de ce pays n'étaient pas absurdes je lui jurerais allergènes sur le chant.

Je rougis et baisse les yeux. C'est une reine Eden, fait attention à ne pas outrepasser ton statut, tu restes un simple serviteur. Même si techniquement tu es le meilleur ami de son fils, mais ça elle l'ignore.

Je me dirige vers la pièce d'eau et fait l'échange des vases avant de retourner vers la porte.

— Quelle robe voulez-vous porter pour rencontrer les dirigeants étrangers Votre Altesse ? demanda une des dames en soulevant deux tenues semblables.

La reine Zastiry pose son regard ennuyé sur les vêtements.

— Jeune homme, m'interpelle-t-elle sans bouger.

Je me retourne et m'incline avec respect.

— Votre magester ?

Elle me jette le même regard qu'à ses robes avant de reporter son attention sur son reflet.

L'ombre du trône : Je veux le pouvoir, la couronne et la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant