L'ombre du trône : Je veux le pouvoir, la couronne et la gloire

Portrait

— Waouh...

Je suis sans voix.

J'ai déjà vu des peintures royales dans les couloirs du palais, mais là. Même moi j'ai du mal à reconnaître Damian. Tant de prestance dans son regard, de malice dans son sourire. Si je ne le connaissais pas, j'aurais pu être charmé. L'artiste a fait un travail dingue. Le portrait à plus d'une centaine de couches de verre, ce qui donne beaucoup de profondeur au tableau. Assis sur son trône, une main sur Pentha l'autre tenant un verre avec nonchalance. On pourrait presque se croire face au vrai prince. Son regard me suit quand je me déplace.

Ma main me démange. J'ai une envie irrésistible de toucher la peinture. Je crois mes bras sur mon torse et me tourne vers le modèle qui fixe son portrait avec des yeux encore plus exorbiter que les miens. Est-ce comme se regarder dans un miroir déformant ? Se reconnaît-il dans les traits nobles du portrait ?

Il finit par capter mon regard et grimace face à mon sourire rempli de sous-entendu.

— T'es beau comme un cactus !

Son nez se fronce encore plus alors qu'il détourne la tête. Pentha s'approche de son image et la renifle. Crée une légère panique chez l'artiste placé à côté de son oeuvre

— C'est magnifique, je félicite à l'homme qui s'incline en remerciement.

— C'est mon plus grand chef-d'œuvre et juste à temps pour votre Primaness Votre Altesse.

Damian, qui semble avoir fini de bouder, offre un doux sourire au peintre.

— Tu as fait de l'excellent travail professeur Dadja.

L'homme fait une révérence encore plus grande. Avant de reculer d'un pas, Pentha s'étant déplacé.

— À votre demande, j'ai vu avec les serviteurs pour faire installer le portrait dans la salle de verre avant le bal de votre Primaness.

— Merci, n'oublie pas de la couvrir. Je veux être celui qui la dévoilera au monde. Un travail tel que celui-ci doit avoir un accueil à sa hauteur.

Les yeux de l'homme brillent sous l'émotion. Il pose une de ses mains tremblantes sur son cœur et s'incline à nouveau. Puis il disparaît dans son atelier et je peux enfin poser mes mains sur la peinture. Eli s'empresse de me taper sur les doigts. Maintenant qu'il n'y a plus de témoin, elle ne se retient plus de dire ou faire ce qu'elle veut. Je grogne et grimace, frottant ma main endolorit.

— Vas pas salir le travail d'une vie.

Un petit sourire espiègle gagne mes lèvres.

— Tu défends plutôt bien l'image de Damian.

Mon ton est empli de sous-entendu. De légère trace rouge gagne ses joues, presque imperceptible avec sa peau châtain.

— Je défends l'art en général, s'empresse-t-elle d'affirmer en détournant le regard.

Un rire m'échappe. Le principal concerné s'observe toujours et ne semble pas avoir capté mes moqueris. Dommage ça aurait pu être amusant.

— Et maintenant ? demande Mel.

Je me tourne vers le Filkustien qui m'observe avec attention depuis sa chaise, les sourcils légèrement froncés.

— Le bal convaincra les nobles vénales que Damian est un très bon parti pour la couronne.

Il hoche la tête, peu convaincu.

— Et les autres ?

Je grimace. Il est vrai que l'image prince des ténèbres n'est toujours pas assez ténébreuse pour les militaires et autres aficionados de la force. L'image de Damian demande encore quelques ajustements, mais cette partie de la noblesse ne pourra pas être conquise avec un bal grandiloquent. Il faut que Damian prouve ses talents de soldat.