Chapitre 16

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Anthosa
Eros

Elle fronça les sourcils.
 
- Quoi ?
 
- Je connais ces mercenaires, du moins je suis au courant qu'ils arborent tous un tatouage au poignet. Un certain dessin représentant une demi-lune par dessous une fleur de lys.
 
Elle me regarda, l'air hébété.
 
- J'avais déjà eu l'occasion de les voir avec mon père, encore petite. L'une de leur célèbres étiquette était ce tatouage. Toute personnes voulant entrer dans leur armée devraient se faire tatouer ce dessin. Comme signe d'appartenance.
 
- Ils ne l'ont pas sur eux...Dit-elle tout bas.
 
- Non. J'ai vérifié. Grinçai-je alors que ses yeux s'écarquillaient.
 
- Il faut vite faire prévenir Vilas. Dit-elle en s'éloignant.
 
- Non. Rétorquai-je en l'attrapant.
 
- Pourquoi ? S'écria-elle alors que l'angoisse déformait ses traits.
 
- Je...Je pense que Vilas est au courant.
 
- Quoi?!
 
- Ç'est Vilas qui les a fait venir au château. Or il a déjà eu l'occasion de rencontrer les vrais mercenaires avant, lui aussi ! Il sait qu'ils ont tous un tatouage sur le poignet. Il ne peut qu'être dans la confidence.
 
Anastasia ne respirait plus, presque par peur qu'elle se fasse entendre par les intrus qui étaient à présent au sein des murs du palais.
 
Je sentais la tension monter, et l'air autour de nous s'alourdissait tant qu'il n'arrivait plus à parvenir normalement à mes poumons.
 
- Qu'est ce qu'on est censées faire ? Demanda-t-elle tout bas.
 
Alors que je m'apprêtais à lui répondre, Louisa fit irruption dans l'endroit où nous nous trouvions, manquant de renverser au passage une torche accrochée au mur.
 
- Aïe ! S'écria-t-elle avant de se retourner vers nous :
 
- Qu'est ce que vous faîtes ? Les invités s'impatientent.
 
Le regard de Louisa vira vers Anastasia qui tremblait légèrement, elle fronça les sourcils :
 
- Que se passe-t-il ?
 
- On est piégés. Parvint-elle à articuler.
 
- Quoi ? Dit Louisa, confuse.
 
- Ce ne sont pas de vrais mercenaires à notre table ! Explicite-t-elle. Enfin, pas ceux que la reine Anthosa a demandé à rencontrer ! Ce sont des imposteurs, qui sont ici pour je ne sais quelle raison !
 
Louisa me regarda, la bouche légèrement entre-ouverte.
 
Je hochai la tête silencieusement tandis que des milliers de questions faisaient rage dans mon esprit.
 
Que voulaient-ils? Leur intentions étaient-elles mauvaises? Sûrement. Vilas était-il au courant ? Était-il traître ? Trop de preuves l'impliquaient, ça ne pouvait pas être une coïncidence. Sans oublier le verre d'hydromel empoisonné et l'or que j'ai trouvé chez le bourreau.
 
- Devons nous mettre au courant les gardes ? Questionna Louisa.
 
- Non. Ç'est trop risqué, cela pourrait déclencher une confrontation à l'intérieur du château et nous ne savons pas si nous sommes en mesure de gagner.
 
Anastasia se tourna vers Louisa, et plissa les lèvres d'appréhension.
 
- Louisa, est ce que l'armée de mercenaires ont eux aussi fait parti du voyage ? Demandai-je à mon amie.
 
- Oui, votre Majesté, les mercenaires à notre table sont tous respectivement dirigeants de douze troupes qui constitue l'armée privée.  Ces derniers sont installés à quelques Miles du château.
 
- Ç'est ce que je craignais....Ils ne peuvent pas être venus seuls.
 
- Vous pensez qu'ils voudront s'attaquer à toi ?
 
- Avec l'aide de Vilas de surcroît. Ajouta Anastasia. Nous ne devons pas traîner...Les invités pourront se douter de quelque chose Anthosa.
 
- Je suis d'accord. Renchérit Louisa.
 
- Vilas ne peut être seul à l'intérieur de ce château à s'être allié avec ces mercenaires. Dis-je pensive.
 
- Tu veux dire qu'il y a d'autres traîtres au château. 
 
- Oui,  je parle surtout de gardes, et nous ne pouvons savoir en qui il faut avoir confiance.
 
Une boule naquit à l'intérieur de mon ventre, et la peur broyait mes tripes. Il fallait trouver une solution rapidement avant que la situation ne dégénère.
 
Les joues d'Anastasia avait rougi, contrastant avec son teint pâle de nature. Ses yeux marrons clair s'étaient recouvert d'un voile de peur.
Elle croisa enfin mon regard :
 
- Anastasia, tu vas calmement retourner à la terrasse et demander à Emna de nous rejoindre, ensuite tu t'excusera et les informera qu'on ne tarderait pas à arriver, et que la reine a une surprise pour ses invités.
 
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Je pénétrai la grande terrasse où étaient installés les invités. Nous étions revenues toutes les quatre avec un foulard autour du visage, seul nos yeux étaient à présent visibles.
 
L'endroit était illuminé grâce à plusieurs photophores fluorescents dans l'obscurité de la nuit. La longue table en marbre était survêtu d'une étoffe mauve sur laquelle étaient disposés différents types de mets : Côtes de bœuf grillés, Tzatziki, différentes salades de concombres tomates et olives, soupes de pois cassés jaunes ou d'haricots rouges, Sans oublier les pichets d'Hydromel en cristal afin de détendre l'atmosphère.
 
Sur le côté, flottaient dans les airs différents instruments de musique dans un espèce de nuage doré, prêts à jouer un air enjoué.
 
- Bonjour, Majesté. Me dit un homme portant un cache-œil.
 
- Bonjour, et encore bienvenu, navrée de vous avoir fait attendre.
 
Ce dernier me sourit et se contenta d'hocher la tête avant d'échanger quelques regards compris avec ses confrères. Ils se demandaient probablement pourquoi nous arborions des foulards sur le visage.
 
Je m'avançai jusqu'au bout de la table afin de faire face à Vilas qui était à l'opposé de celle-ci, malgré la distance démesurée qui nous séparait, je pouvais lire de l'incompréhension dans son regard, lui aussi. Cependant il n'osait pas faire de commentaires.
 
Je laissai mon regard errer sur les grands vases en pierres moulés qui contenaient différentes plantes : Fougères, ficus ou encore Yucca, tous ornaient la terrasse en bois.
 
Je dépliai le mouchoir en soie posé devant moi, ce dernier était brodé de fil bleu sur le côté et du symbole de l'armurerie érosienne dans le milieu : un cavalier montant son cheval.
 
Leur regards tardaient sur moi et mes demoiselles de compagnies, un air d'amusement au visage.
 
- Bien. J'attendais cette opportunité de vous voir depuis si longtemps à vrai dire.
 
- Nous en sommes flattés, Majesté. Et nous espérons être à la hauteur de vos espérances. Me dit l'homme à la demi-queue de cheval.
 
- Mon père, Feu le roi Xerius avait vraiment beaucoup d'admiration pour vous. Je l'entendais flatter votre sérieux et votre engagement auprès de ministres du pays. Je conclus alors que travailler avec vous sera préserver les relations diplomatiques que nous entretenions autrefois.
 
Ils hochèrent la tête à l'unisson, mais semblaient toujours dérangés du tissu qui trônait sur nos visages.
 
Louisa m'offrit une œillade entendue, je me retournai et vit la main d'Anastasia trembler sur la table, je lui fit un signe discret afin qu'elle l'a dissimule sous cette dernière. Nous ne pouvons les laisser découvrir notre détresse.
 
Vilas s'éclaircit soudain la gorge :
 
- Nous sommes en effet heureux que vous ayez accepté de vous rendre au château, Amalia est plus proche que jamais du précipice, nous devons saisir notre chance afin de l'envahir. Amalia contient plusieurs richesses magiques inexploités par les amaliens, or avec nos technologies magiques, nous pouvons faire bien des choses et améliorer la qualité de vie de l'empire pour devenir le plus puissant jamais existé.
 
- Ç'est exactement ce que je souhaite. Vilas a l'art de trouver les mots justes.
 
Le noble passa sa main sur sa barbe rousse et m'offrit un regard sérieux.
 
- Bon. Débutons le repas messieurs, voulez vous ?
 
Les douze hommes se concertèrent du regard, et l'un d'eux, aux boucles noirs et aux yeux verts s'éclaircit la voix :
 
- Votre charmante demoiselle de compagnie nous a informé à propos d'une certaine surprise....Est-ce ces foulards que vous arborez ? Demande-t-il un sourire moqueur aux lèvres.
 
Je refermai le poing sur ma fourchette afin de me tempérer, je ne devais pas oublier le danger imminent.
 
- Allez vous manger avec ?
 
- Cela vous pose-t-il problème mercenaire ? Intervint Emna.
 
Ce dernier gloussa railleusement avant de détourner le regard.
 
 
- La surprise arrive à minuit. L'informai-je un sourire aux lèvres. Vous êtes bien trop impatient monsieur.
 
L'homme aux cheveux bouclés eu un rictus aux lèvres qu'il partagea avec ses confrères.
 
 
- Je suppose que nous serons gâtés. Remarque-t-il afin de faire rire la compagnie. Ce qui marcha bien, vu le son rauque que provoqua leur rires en cœur.
 
 
Je me retourna vers Louisa qui les fusillait du regard. Je la connaissais assez pour comprendre qu'elle se retenait de leur en coller une.
 
- Nous attendrons, Votre Majesté.
 
- Bien, alors entamons nos plats avant qu'ils ne refroidissent.
 
Je pris ma cuillère pour entamer la soupe aux pois cassés devant moi. Mais la boule dans ma gorge m'en empêchait, cependant il fallait que je fasse semblant d'être à l'aise afin qu'ils ne se doutent de rien.
 
Des âmes allaient périr ce soir...
 
Je remarquai que l'un des hommes présents, aux yeux gris, observait avec tellement insistance Louisa, que ça me donnait des frissons.
 
- Quels sont vos plans pour Amalia votre Majesté ? Demanda l'homme aux cheveux longs.
 
Je reposai mon verre d'hydromel.
 
- Amalia devra faire parti de mon empire. Eros a un énorme potentiel, dans quelques années, notre empire deviendra le plus puissant jamais existé, nous nous emparerons des joyaux de tous les pays-membres de l'Union et nous maîtriseront tous les sorts. Je veux qu'on se souvienne de nous comme les sauveurs de la magie. Je veux qu'on parle de nos exploits militaires des millénaires dans le future ! Je veux que nos découvertes scientifiques bouleversent l'existence du monde jusqu'à arriver aux oreilles du deuxième monde ! Voilà ce que je veux, mercenaire.
 
- Vous êtes ambitieuse...Pour une- Dit-il avant de regarder un de ses confrères et d'éclater en rire.
 
- Enfin ce que je voulais dire, c'est que je trouve que vous avez bien fait de faire appel à nous, à d'autres conseillers, à Lord Vilas ! Vous faîtes tout en œuvre pour que votre pouvoir ne se dilapide pas, et j'imagine que ce n'est pas avec ces demoiselles, bien qu'elles soient exquises, que vous allez accomplir vos objectifs.
 
Il se tut un instant pour partir en fou rire avec les autres mercenaires.
 
Un autre prit la parole après s'être calmés.
 
- Néanmoins, je suis sûr que parler de bijoux et de maquillages doit être vraiment pa-ssionnant, mais ce n'est pas cela qui vous fera amener Amalia si vous voyez ce que je veux dire.
 
- Mais je dois avouer que le parfum que vous avez mis est particulièrement envoûtant, je prend un véritable plaisir de m'en enivrer. Commenta un autre
 
Louisa serra son verre d'hydromel jusqu'à ce que ses jonctures deviennent blanches autour de ce dernier.
 
- Je pars du principe que ce n'est pas au genre de décider de la capacité de chaque être à  régner ou non. Je pourrai très bien vous tuer tous maintenant sans même avoir à me battre, mercenaire. Il ne faut pas sous-estimer son ennemi au risque de perdre ridiculement.
 
L'homme à la demi-queue de cheval s'éclaircit la voix, un sourire moqueur aux lèvres :
 
- Mais nous ne sommes pas ennemis votre majesté, si ?
 
- Non, bien évidemment que non, il s'agissait d'un simple exemple.
 
- Une reine doit être particulièrement méticuleuse quant à son entourage, une simple erreur peut lui coûter la vie, et son royaume.
 
- Un roi aussi. Intervînt Louisa. Ou n'importe quel autre être humain. Les trahisons sont vite arrivées, vous savez ?
 
Il la sonde un instant, un sourire aux lèvres avant de détourner le visage vers ses confrères.
 
- Mais je suis sûre que vous êtes prudentes quant à vos fréquentations. Vous n'avez pas d'amis à la cour et vous vous contenter de votre cercle restreint d'amis d'enfance.
 
- Oui. Ajouta un autre. Je suis persuadé que personne ne réussira à vous berner ou à passer entre les mailles de vos filets méticuleux.
 
Ils se payaient délibérément ma tête, mais ils ne perdent rien à attendre.
 
Je claquai des doigts en direction de l'orchestre  flottant afin d'essayer de détendre l'atmosphère. Aussitôt les instruments se mobilisèrent, toujours dans les airs, et émirent une douce mélodie.
 
De la harpe ressortit une musique douce, envoûtante et limpide.
 
Emna prit son verre d'hydromel et bu par-dessous son foulard sous le regard inconvenant de nos invités.
 
Mon regard vira vers les couronnes et guirlandes de fleurs et aux treilles qui décoraient la façade du château en briques blanches, aux becs-de-grue ornant les buissons qui entouraient la terrasse.
 
L'effet de la musique n'a apparemment pas duré longtemps, quelques minutes après seulement. Un mercenaire, avec une barbe noire de trois jours, s'éclaircit la voix :
 
- Votre majesté, quand comptiez vous débuter la mobilisation des troupes  ?
 
- Je pense que le moment est propice, nous avons facilement pu contrôler le village au nord d'Amalia. Ils sont encore affaiblis, alors qu'on a acquis une nouvelle unité de guerre.
 
- J'estime qu'Amalia baissera les armes assez rapidement lorsqu'elle se rendra compte que c'est peine perdu pour eux. Dit Emna en croisant les mains sous son menton.
 
- Vous avez pensé au cas d'envoi de troupes de la part d'Amasia ou du Vacôme ?
 
Je partageai un regard avec Emna.
 
Le mercenaire se tut et nous sonda une à une.
 
- Je ne pense pas, cela fait quelques temps maintenant qu'Amalia sollicite l'aide de l'Alliance. Nous sommes sans savoir que c'est peine perdu pour eux.
 
Il hocha la tête avant de prendre un morceau de bœuf grillé.
 
Le mercenaire aux yeux gris déposa sa coupe et se tourna vers moi.
 
- Vous savez pourquoi nous avons accepté de vous servir, majesté ?
 
- Parce que vous allez être grassement payé ? Répondis-je.
 
Ses yeux s'assombrirent et un sourire moqueur apparut sur ses lèvres :
 
- Ce qui nous apporte c'est le bien du royaume, Majesté. Nous ferons n'importe quoi pour le préserver.
 
- Voyons, vous n'allez pas me faire croire que vous êtes ici pour le bien d'Eros. Les mercenaires accomplissent leurs missions pour deux choses uniquement : l'argent et le pouvoir. Soit purement par intérêt personnel. Dis-je avant de me servir un peu de salade :
 
- Si demain Amalia vous promet une offre plus alléchante qu'Eros. Vous vous convertisserez à leur camps sans une once d'hésitation.
 
Son sourire s'élargit après que j'aie fini ma phrase :
 
- J'aime beaucoup la façon dont vous pensez.
 
- Assez pour m'être totalement fidèle ? Demandai-je innocemment comme si ils n'étaient pas sur le point de me trahir.
 
 Ou de finir ma vie ce soir même après le dîner.
 
- Je vous suis déjà fidèle, Majesté. Sinon je ne serais pas là.
 
- Les armées privés n'ont pas la réputation d'êtres les plus honnêtes qui soient. Dis-je avant de me reposer sur le dossier de la chaise.
 
Anastasia me lança un regard horrifiée, se demandant probablement pourquoi je disais cela.
 
Le rythme de la musique avait à présent accélérer, violons et flûtes jouaient harmonieusement un air enjoué, tandis que mon cœur menaçait de s'échapper de ma cage thoracique.
 
- Vous avez froid mademoiselle ? Fit la voix rauque d'un d'entre eux.
 
 Je tournai légèrement la tête pour voir qu'il s'adressait à Anastasia.
 
- Vous tremblez comme une feuille. Ajouta-t-il, un sourire en coin, avant de me jeter un coup d'œil rapide.
 
- Je...Oui, il fait un peu frais. Répondit cette dernière en essayant de contenir ses émotions.
 
Ses cheveux blonds voltigeaient légèrement, et des gouttelettes de sueur s'étaient formées sur son front.
 
Je me contentai de regarder la scène silencieuse, me concentrant sur le crépitement du feu allumé dans les quatre grandes torches en fer.
 
- Le dîner est-il à votre goût mes seigneurs ? Demanda Emna, décidant de briser le silence glacial qui s'était installé.
 
Un homme aux cheveux bouclés répondit malicieusement :
 
- Tout à cette table est à notre goût.
 
Ses confrères éclatèrent de ce même rire profond.
 
Emna déglutit et regarda en ma direction  regrettant son intervention.
 
- Vous pensez vous digne du trône, Majesté ? Demanda l'homme à la demi-queue de cheval tandis que le foulard en tulle que je portais autour du visage se collait de sueur à mon nez, m'empêchant de respirer correctement.
 
- Vous pensez vous digne de me demander pareille question ? Rétorquai-je alors.
 
Il haussa un sourcil.
 
- En temps normal, j'aurai ordonné à ce que l'on vous égorge pour pareil affront à la reine. Ajoutai-je en adoptant la posture la plus nonchalante possible. Ce ne sont pas là le genre de questions que j'ai l'habitude d'entendre à la cour pour être franche.
 
- Est-ce la raison pour laquelle vous avez aiguisé ces couteaux de table ? Demanda-t-il, me prenant de court.
 
il avait remarqué...
 
Emna, Louisa et moi échangions un regard inquiet.
 
Le mercenaire aux cheveux longs tînt le couteau de ses longs doigts :
 
- À moins que la viande à Eros soit si difficile à couper bien entendu...Dit-il en émettant un rire rauque, cependant il ne dura pas longtemps, il fut vite attrapé par une quinte de toux.
 
Je partageai un regard avec Louisa, qui avait remarqué la même chose.
 
- Soyez sans crainte, À Eros, nous n'égorgeons personne avec pareil armes. Dans mon royaume les exécutions sont spectaculaires et publiques.
 
Il secoua lentement sa tête de haut en bas en observant le couteau avant se redresser sur sa chaise émettant un petit son de crissement.
 
Nous sursautons toutes les quatre avant de constater qu'il adoptait juste une posture plus confortable. Je me maudis aussitôt d'avoir ainsi réagi.
 
Les hommes se tournèrent vers nous, surpris et nous sondèrent quelques instants avant de se concerter silencieusement du regard.
 
Le regard de Vilas s'assombrit.
 
 Pitié, faîtes qu'ils ne se rendent compte de rien
 
- Je croyais qu'on se faisait confiance...Annonça l'homme aux cheveux longs d'une voix rauque.
 
- C'est le cas Monsieur. Répondit Emna en essayant d'adopter une posture plus nonchalante.
 
Le mercenaire gloussa sans joie puis se retourna lentement vers moi.
 
Je lui adressai un sourire de marbre.
 
Lorsque je croisai le regard terrifié d'Anastasia, j'eus un pincement au cœur, je ne voudrai guère qu'il arrive quoi que ce soit à mes demoiselles d'honneur ou à mes sujets à cause de moi.
 
 Je préfèrerai encore me rendre, mais ce n'est sûrement pas la solution la plus raisonnable, me rendre rimera avec ma lâcheté, et je ne veux guère qu'on se souvienne de moi comme la reine lâche. Alors je me battrai jusqu'à ma dernière goutte de sang pour mon royaume et mes sujets.
 
Provoquer un conflit armé à l'intérieur de ce château ne me semble pas la meilleure idée.
Il est en ma connaissance que leurs troupes privées attendent en dehors du château, le moindre signe d'impulsivité de notre part, et ce palais volera en éclat, emportant avec lui ma couronne.
 
Le mercenaire à la demi-queue de cheval déposa sa fourchette en argent.
 
- Si vous parvenez à vous emparer d'Amalia et d'agrandir votre empire. Quelle sera la prochaine étape ? Me questionna-t-il.
 
Je déglutis difficilement avant de répondre :
 
- Mes ambitions ne s'arrêterons que lorsque mon dernier souffle aura quitté mon corps, mercenaire. Je ne m'arrêterai jamais de convoiter  plus.
 
Ce dernier haussa les sourcils en reposant son coude sur le repose bras.
 
Les bordures argentées de sa tunique noire reflétaient la lumière des grandes torches. Ils étaient finement cousus le long de sa veste. Lui donnant un aspect gracieux.
 
Il soupira longuement avant de reporter son attention sur moi :
 
- Vous en êtes sûre ?
 
Je ne comprenais pas le sens de ses mots alors j'enchaînai, ignorant les tambourinements excessifs de mon cœur.
 
- Je veux être fière de ce que j'aurai accomplie autant que souveraine lorsque j'attendrai la mort sur mon lit. Il est important pour moi que mon nom reste gravé dans l'histoire, et que l'on se souvienne de moi, autant que l'on s'est souvenu de mon père feu le roi Xerius.
 
- Alors j'espère que vous êtes déjà fière de ce que vous avez déjà accompli jusqu'à ce soir Majesté. Dit-il en se levant.
 
- Excusez moi ? Demandai-je confuse.
 
Il ouvrit sa bouche pour me répondre mais il fut vite arrêté par une quinte de toux, il reprit cependant le contrôle quelques instante plus tard pour ajouter
 
- Je ne vous laisserai malheureusement pas l'occasion d'en faire plus. Répondit-il en dégainant brusquement son épée.
 
Un hoquet de terreur s'échappa de la bouche d'Anastasia tandis que nous nous levions précipitamment de la table.
 
- Que faîtes-vous mercenaire ? Comment osez vous brandir une épée à ma table !
 
Il eut un léger sourire en coin lorsqu'il dirigea cette dernière vers ma direction.
Je remerciais le seigneur que cette demie table nous séparait.
 
Les autres mercenaires dégainèrent à leur tour leur longues épée de leur trousseau dans un bruit métallique qui provoqua en moi des frissons.
 
Vilas me regardait fixement sans interposer. Les coudes posés sur la table.
 
 Je te promets que si je sors vivante de ce soir, je t'étriperai devant tout Eros.
 
Soudain, un des hommes tira brusquement Anastasia vers lui, lui arrachant un hurlement de terreur.
 
- Anastasia ! Cria Emna. Lâchez là !
 
- Ne vous approchez pas ! Menaça le mercenaire aux yeux gris en brandissant son arme vers Emna.
 
- Que voulez vous ? Protesta Louisa.
 
Vilas se leva lentement de sa chaise et s'avança vers nous, tout en laissant la table comme obstacle.
 
- Voyez vous reine d'Eros, j'avais sous-estimé votre perspicacité. Je me suis rendue compte en plein milieu du repas que vous étiez au courant de tout. Mais il faut dire que j'ai un peu surestimé votre capacité à résoudre les problèmes. Malgré le fait que vous connaissez leur réelle identité. Vous êtes quand même venue s'asseoir à leur table. Partager votre vision de l'ambition. Pensiez vous peut-être pouvoir les atteindre ? Des mercenaires qui tuent des hommes comme ils tuent des mouches.
 
Les hommes éclatèrent d'un profond rire rauque au discours de Vilas.
 
Les sanglots secouaient la poitrine d'Anastasia, qui se débattait contre un mercenaire dont la force dépassait largement celle de mon amie.
 
Mes jambes étaient molles, et mon cœur menaçait de sortir de ma cage thoracique. Je pouvais me rendre, ici, et maintenant, mais jamais je me le pardonnerai.
 
- Tais-toi mon enfant...Murmura railleusement le mercenaire à l'oreille d'Anastasia.
 
Il l'emprisonnait d'une main et tenait son épée de l'autre. Il retraça le contour de son visage pendant que ses yeux, injectés de sang, s'écarquillait au fur et à mesure.
 
- Que voulez vous Vilas ? Que me vaut l'honneur d'une telle trahison ?
 
- Taisez vous Votre Majesté, votre heure a sonné...Je me délecte de vous voir ainsi à ma merci...À votre place naturelle. Comment ciel, les nobles ont-ils pu vous faire confiance pour tenir les rênes de notre royaume ?!
 
- Lord Vilas...Heureuse de vous voir ainsi sous votre vrai jour. Il faut dire que vous m'avez grassement dupé.  Mais sois sur et certain que personne ne te voudra au pouvoir. Me tuer là et maintenant provoquera une guerre ! Une guerre civile, Lord Vilas. Pensez-y, si vous vouliez tant le pouvoir et la prospérité, pourquoi n'aviez vous pas essayer de vous rapprocher de moi? Ou de me manipuler pour avoir accès au pouvoir de manière indirecte? Pourquoi créer l'anarchie à Eros ?
 
- ASSEZ ! Cria-t-il en envoyant la vaisselle en l'air.
 
Je sursautai et reculai prés d'Emna et de Louisa.
 
- ASSEZ ! J'EN ASSEZ DE VOUS ENTENDRE ME DICTER CE QUE JE DOIS FAIRE ! Je suis un homme ! Un homme de pouvoir, je n'ai pas besoin de vous et de votre compagnie féminine pour savoir diriger un royaume.
 
Il émit un rire moqueur avant de jeter violemment une chaise en l'air.
 
- Quelle perte que ce royaume soit contrôlé par VOUS ! Emparez vous d'elle ! Et faîtes en ce que vous voulez. Vous avez carte blanches messires.
 
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, et je me reteins de m'évanouir en les voyant s'approcher dangereusement, un sourire glaçant au lèvres.
 
Je me retourna vers Anastasia pour la voir violemment projetée au mur par le mercenaire qui la tenait. Elle émit un cri glaçant, qui me paralysa.

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